Repair café : en finir avec la culture du jetable
En ce samedi pluvieux, le bricolage est à l’honneur à Lesquin, à l’occasion d’un Repair Café. En partenariat avec Leroy Merlin, le local est ouvert aux amateurs, aux curieux mais aussi aux amoureux de la bricole. Le but ? Donner une seconde vie aux objets, à la durée de fonctionnement étonnamment trop courte.
Acheter un objet. Se rendre compte qu’il ne fonctionne plus. Le jeter. Racheter le même objet. Ce cercle vicieux, on le connaît tous. Une seule coupable : l’obsolescence programmée, interpellée pour la première fois aux États-Unis. En 1924, dans un contexte de crise d’après-guerre, les entreprises du luminaire formant le cartel Phoebus mettent en place une entente commerciale illégale. L’objectif est clair, net et précis : diminuer la durée des lampes à incandescence à 1000 heures au lieu de 2500 heures. Conséquence immédiate : un rachat plus rapide et un chiffre d’affaire qui gonfle. Royal. Il aura fallu près d’un siècle pour que, en France, cet acte soit considéré comme un délit, désormais puni par la loi de 2015 d’une peine maximale de deux ans de prison et de 300 000 € d’amende.
Claude Petitbon, conseiller à la mairie de Lesquin depuis 8 mois et responsable du Repair Café, nous donne un exemple très concret : le géant japonais de l’imprimante, Epson : « On vous dit que la cartouche est vide alors qu’elle ne l’est pas. » En 2017, une enquête avait d’ailleurs été ouverte contre Epson pour « obsolescence programmée » suite à une plainte contre « X » déposée le18 septembre par l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée). Selon Claude, « on est dans une société de consommation ou l’objectif c’est de racheter sans arrêt (…) ». Mais l’envie de posséder un objet plus moderne et plus performant est forte. N’est-ce pas la honte de se servir encore de la vieille cafetière de chez mamie qui fonctionne pourtant efficacement ? C’est ce qu’on appelle la psychologie du consommateur, dont la publicité profite aisément. « Fatigués de vous casser le dos à ramasser les poussières inaccessibles ? Découvrez le nouvel aspirateur main, qui vous facilitera le quotidien. » Comment ne pas craquer en 5 secondes ? Résultat : on consomme, on dépense et on dégrade par la même occasion l’environnement. Bingo.
Pas question de jeter
L’obsolescence programmée renferme pourtant une infinité d’inconvénients : le gaspillage des ressources, l’émission de déchets ou encore de gaz à effet de serre. Yassine, client du Repair Café, dénonce le principe d’obsolescence : « Mon produit, je sais qu’il fonctionne très bien, le mettre à la poubelle pour en racheter un autre je suis totalement contre. » L’incapacité à recycler n’arrange pas la situation déjà dangereuse. Selon un rapport des Amis de la Terre intitulé L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage : « Au lieu d’être recyclés, ces biens pour 70 % d’entre eux sont incinérés, enfouis ou traités dans des filières informelles. » C’est pour ces nombreuses raisons que les consommateurs réfléchissent à un retour vers une consommation plus douce. Par exemple, au lieu de se rendre dans un SAV, pourquoi ne pas réparer soi-même son produit dans un Repair Café ?
Bricoler dans la convivialité
Le Repair Café lesquinois a ouvert ses portes pour la quatrième fois depuis le 22 novembre 2018. Une ouverture non régulière, qui ne manque pourtant pas de succès. À Lesquin, la convivialité règne. Parmi les clés à molette et les tournevis, la cafetière rassemble les participants, qui n’oublient jamais d’accompagner leur café chaud d’une langue de chat. Pierre Bonnet, professeur à la retraite est fidèle au poste. Il faut dire que ses talents de réparateur ont une sacrée réputation : « J’ai entendu parler du Repair Café dans la Gazette municipale, depuis je m’y rends sans exception ! » Le bouche à oreille fonctionne. Pour les objets les plus chanceux, l’opération se passe à merveille. Pour d’autres, une pièce est défaillante, l’organisme est mis à mal, il faut donc racheter la pièce. Dernier cas, l’objet n’est pas réparable, la réanimation est impossible. Paix à son âme. Quoi qu’il en soit, le Repair Café plaît, il est carrément « dans l’air du temps », selon Jean-Marc Ambroziewicz, maire de Lesquin.
Pour en savoir plus : http://repaircafe.ovh/index.php/repair-cafe-kesako/
Article by Cloé Geffroy
Le chiffre du jour : 8,3 milliards
de tonnes de matières plastiques que les humains ont générées en 75 ans, selon la revue Science Advances. Imaginez le poids de 822 000 tours Eiffel, ou encore 80 millions de baleines. C’est ce que représente cette quantité de déchets plastiques. Sur ce nombre, seulement 9% de ces objets ont été recyclés, 12% incinérés. Et le reste ? Intégralement accumulés dans des décharges ou dans la nature. Nous ne pensons aux déchets que nous produisons uniquement depuis très peu de temps. Et nous pourrions croire que la faute revient à des siècles d’humanité sur la planète « bleue », ce ne sont pas nos générations qui ont fait le gros du travail. Et pourtant, en 1950 nous produisions 1 million de tonnes de déchets plastiques dans le monde. Et bien en 2015, c’était plus de 380 millions de tonnes.
La culture du « mal jeter »
Jeter nos objets du quotidien est devenu un geste naturel pour chacun. Pourtant, ces gestes qui nous paraissent anodins empoisonnent à petit feu l’environnement. Vous pensez peut-être créer moins de déchets en jetant votre lingette dans les toilettes ? Votre conscience vous dit que sa disparition dans la cuvette est définitive. Au contraire, les stations d’épurations sont souvent obligées de stopper leurs systèmes pour démonter des pompes saturées de matières fibreuses… Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autre, il faut intégrer que chaque déchet que nous produisons peut se retrouver à des milliers de kilomètres, dans l’océan. Mais il faut aussi penser à la distance qui nous sépare de ce que nous consommons. Alors si, soudainement l’idée vous prends de manger des fraises en mars, pensez que manger des légumes de saison sera bénéfique pour votre santé et pour votre planète.
Edito by Amélie Réveillard