Le “zéro-déchets” ou le pari de l’écoresponsabilité
Il y a un an et demi, Miryam Pol a créé Hello Bocaux, une épicerie “zéro-déchets”, pour contrecarrer la surproduction de détritus plastiques.
Hello Bocaux, situé à deux pas de la station de métro Mairie d’Hellemmes, propose une gamme de produits qui permet de manger plus sainement, bio, tout en diminuant son impact environnemental. La vente s’y fait “en vrac” ce qui oblige à réutiliser bouteilles en verre, sacs, bocaux, etc.
Miryam, l’épicière, travaille en grande partie avec des producteurs locaux et collabore avec près de 200 partenaires. Alors que de nos jours, il est peu commun de connaître le cheminement d’un aliment, de sa production à sa commercialisation, elle considère que « l’intérêt d’une épicerie en vrac est de connaître l’histoire d’un produit ».
L’épicerie “en vrac” privilégie des modes de production écoresponsables. Miryam nous confie ainsi qu’elle choisit ses producteurs « en fonction de leur manière de travailler ». Elle fait ainsi référence à des agricultures biologiques, sans l’utilisation de pesticides ou d’OGM. Elle reste aussi très attachée à l’idée de faire le moins d’importations possible et favorise donc les producteurs locaux.
Recréer du lien, c’est aussi échanger avec les producteurs eux-mêmes. La gérante d’Hello Bocaux évoque une relation de confiance. Passionnée de cuisine, elle prend plaisir à leur partager des recettes composées de leurs propres produits. Pourtant, tous les agriculteurs et éleveurs ne rejoignent pas ce genre d’initiative de commerce “sans hésitation”. Comme avec les grandes surfaces, ils ont besoin qu’on leur garantisse un investissement durable et Miryam n’est “pas forcément accueillie à bras ouverts”.
Petit room-tour de l'épicerie
Dans le magasin Sophie, 23 ans, une jeune active, nous explique que manger bio n’est pas forcément un luxe. “Pour un étudiant, c’est peut-être un peu short, concède-elle, mais j’étais étudiante il n’y a encore pas si longtemps et je faisais des concessions. Au bout d’un moment, il faut savoir où on met ses sous : il y en a qui préfèrent aller au Mcdo ou s’acheter le dernier iPhone qui est sorti.”
Miryam semble être du même avis et parle d’une clientèle “assez hétéroclite”. Étudiants, jeunes actifs, retraités, célibataires, familles : tout le monde trouve son bonheur dans son épicerie.
Sa démarche ne s’arrête pas là. La responsable d’Hello Bocaux prodigue plein de conseils et petites astuces pour gérer ses dépenses ou confectionner soi-même des produits simples comme du savon ou de la lessive. Le but étant d’apprendre à “maîtriser sa consommation”.
L’épicerie d’Hellemmes tente d’apporter une solution aux conséquences désastreuses de la surconsommation. Elle est aux antipodes de la “frénésie” des grandes surfaces dont parlait Sophie.
Si aujourd’hui l’écoresponsabilité tend à se démocratiser, il y a une dizaine d’années encore Miryam rencontrait des difficultés à imposer ses idées. “Je pratiquais le zéro-déchets bien avant qu’on en parle, il y a sept-huit ans. La démarche est venue par des détails, mais les convictions écologiques ont toujours été là.”
Hello Bocaux semble être un pari réussi pour Miryam. Pour convaincre ceux qui n’ont pas encore adopté ce mode de vie, elle invite à réapprendre “à mieux se nourrir et à mieux vivre, se reconnecter à la vraie vie, aux saisons, à la nature”.
Candice Mazaud-Tomasic
Des initiatives à toutes les échelles
Depuis plusieurs années, les initiatives écoresponsables se multiplient sur la métropole lilloise, qui a d’ailleurs proposé un système “zéro-déchet” aux habitants. En effet, fin 2017 et début 2018, la Métropole Européenne de Lille (MEL) a mis en place un « défi-famille » : différents ménages s’affrontaient avec l’objectif de diminuer leur production de déchets. Plus de 300 familles avaient ainsi participé, et les résultats étaient très encourageants : 15 tonnes de déchets évités et une baisse de 37% sur les déchets non-recyclables d’après le site de la MEL.
Ce concept prend de l’ampleur et chaque jour de nouvelles personnes se sensibilisent et tentent l’expérience. Une multitude de petits commerces ont ainsi ouvert sur la métropole, chacun dans son domaine. La start-up Les Cachotières vous propose de louer des vêtements sur plusieurs jours, ils seront ensuite lavés et loués à nouveau. Il y a aussi RecycLivre qui, en partenariat avec Les Boîtes à Partage, a installé une cinquantaine de « boîtes à lire » contenant des livres en libre-service.
Aujourd’hui, le fait que de nouveaux projets prennent vie pour proposer des produits écoresponsables provenant de circuits courts témoigne d’une solidarité locale. C’est entre autres ce que fait la marque Lin d’Min Coin qui vend des produits du quotidien 100% en lin local, fabriqués sans création de déchet.