Manger local : une solution proposée par La Ruche qui dit oui !
Marie-José et ses maraîchers partenaires Jelle et Didier nous présentent leur ruche, en place depuis 2016. Celle-ci accueille ses membres chaque jeudi soir dans la salle des fêtes d’une immense maison de retraite, au cœur du quartier Saint-Maur de la Madeleine.
Le concept du « manger local » résulte d’un intérêt croissant pour les modes de production et leurs impacts, aussi bien écologique qu’économique. Le circuit court, qui disparaît dans les années 60 avec l’avènement des grandes surfaces, a pourtant un potentiel considérable en matière de consommation durable : réduction des emballages et du gaspillage alimentaire. Plus qu’un atout écologique, le circuit court permet aux producteurs de vendre mieux et aux meilleurs prix, sans intermédiaire. Les consommateurs les encouragent, en participant à l’économie locale, à perpétuer leurs savoir-faire.
Un lieu singulier
Le projet de s’installer dans une maison de retraite nous semblait farfelu. Ce bâtiment immense compte des centaines de résidents. Certains s’installent sur fauteuils et bancs du hall d’entrée pour observer le défilé de membres venus récupérer leurs paniers. Sourires, signes de têtes, mains serrées et timides salutations, voilà ce qui marque l’entrée de cette Ruche qui dit oui ! Plusieurs stands installés dans la salle des fêtes regroupent les marchandises pré-payées par les membres. Quelques producteurs présents sur place servent leurs clients. L’ambiance est chaleureuse, accentuée grâce aux airs de piano joués par le fils de Marie-José.
Créer un échange direct
Lorsqu’on observe les études de consommation, les Français cherchent de plus en plus à découvrir de nouvelles façons de manger local. Cette problématique, économique comme écologique, est en fait basée sur le lien social. Les supermarchés ont cassé ce lien étroit entre producteurs et clients, pourtant si important. Laurent nous raconte qu’il apprécie être au contact de ses clients, directement auprès d’eux. L’échange n’est pas qu’économique, il est aussi social. En discutant avec cet éleveur et producteur caprin, il est frappant de constater que la problématique du « manger local » a évolué vers la création d’une véritable communauté. Il use de l’exemple des supermarchés où il n’est qu’un numéro. Dans les ruches, le lien social est réel. Laurent nous confie aussi l’importance des retours de sa clientèle. Ainsi, il peut retravailler des recettes ou développer sa gamme de produits.
Un système équitable
Marie-José gagne sa vie comme responsable en touchant un pourcentage de 8,25 % sur les ventes de produits. La Ruche qui dit Oui ! en touche 11,65 %. Laurent effectue 35 % de son chiffre d’affaires grâce aux ventes dans deux ruches. Elles lui permettent de mieux gagner sa vie. Ce qui lui permet de faire le tri dans ses contrats avec les supermarchés puisque aujourd’hui il ne collabore plus qu’avec ceux respectant ses produits et ses prix.
« C’est plus une famille qu’autre chose »
Les producteurs présents ce jeudi soir ne travaillent pas face à face mais ensemble. En effet, ils se regroupent souvent pour réduire leurs frais de transports et s’aident dans l’installation de leurs stands. Lorsqu’on leur propose d’être photographiés, ils se mettent en ligne sans hésiter, se sourient et s’encouragent, certains plus timides que d’autres. Lorsque Laurent nous confie son sentiment d’appartenir à une famille, Marie-José approuve et tous deux rougissent. Cette volonté donc de « manger local » est complètement transcendée par la création de liens sociaux, où l’ambiance chaleureuse du lieu transparaît même sur les locataires de la maison de retraite. Ils commandent auprès de Marie-José des « produits d’avant » comme un petit pot de miel ou quelques gaufres. Lorsque nous quittons la ruche, une résidente nous souhaite, sourire aux lèvres, de passer une belle nuit.
Mina Peltier
La Ruche qui dit Oui ! : rencontre avec les producteurs
Mia Pichon
Zoom : Pourquoi consommer local?
Les supermarchés sont aujourd’hui le paradis de tout consommateur. On y retrouve des fruits, des légumes, de la viande, du pain… Toutefois, connaissez-vous réellement l’origine de vos produits ? Le rayon frais est bien souvent rempli d’indications de provenance tels que le Maroc, l’Espagne ou encore le Brésil. Alors pourquoi privilégier des produits qui viennent d’aussi loin, quand on peut trouver les mêmes produits à deux pas de chez nous ?
Consommer local, c’est avant tout privilégier les produits issus des circuits courts de vos producteurs régionaux. Pourquoi y adhérer ?
- Pour le critère écologique. Aujourd’hui, le transport de denrées représente 14% des rejets de gaz à effet de serre. En consommant local, on réduit ainsi les distances parcourues par les produits et on réduit ainsi leur impact sur l’environnement.
- Pour soutenir l’économie locale et les producteurs locaux qui pourront ainsi agrandir leurs productions, créer des emplois et renouer le contact avec les consommateurs. Vous êtes également sûrs de l’origine de vos produits qui peuvent être d’une grande variété : fromages, légumes, fruits, viandes…
- Pour le coût ! Un mythe populaire voudrait qu’acheter local revienne plus cher au consommateur. Toutefois, de par leur proximité, les produits locaux sont majoritairement moins chers et ce, tout en étant de meilleure qualité. L’intégralité des bénéfices reviendront ainsi directement à leur producteur et non à des centrales d’achat ou des grandes filiales commerciales.
- Pour la qualité des produits. En effet, ils sont bien souvent plus « authentiques » et n’ont pas subi de traitements pour répondre aux normes de conditionnements et résister aux longs transports. Cela vous donne également l’occasion de consommer des produits de saison et de (re)découvrir des saveurs oubliées.
Ce sont de bonnes raisons de devenir « locavores » !
Louise Dalmasso