Des marches pour lutter contre le sentiment d’insécurité
Ce mois de février, la Mairie de Lille et Ilévia ont organisé deux marches exploratoires réservées aux femmes sur le quartier de Wazemmes. Le but ? Leur donner la parole afin qu’elles identifient les solutions possibles pour lutter contre le sentiment d’insécurité ainsi qu’améliorer le cadre de vie du quartier.
Depuis 2015, la Mairie de Lille organise des marches exploratoires afin d’améliorer le cadre de vie des habitants de la métropole. Chaque marche porte sur un thème différent, que ce soit sur l’état des rues, l’urbanisme ou encore sur le sentiment d’insécurité que peuvent éprouver les femmes. Les deux marches organisées ces 28 janvier et 6 février portaient sur ce thème car le nombre d’agressions sur majeurs ou mineurs dans la rue ne cesse de croître. Ainsi selon une enquête IFOP pour la fondation Jean-Jaurès publiée le 19 novembre 2018, 86% des Françaises ont une fois au moins été victimes d’une forme d’atteinte ou d’agression dans la rue. Il paraît alors nécessaire que ce genre d’événements soit organisé.
« C’est du lien social, il faut continuer ! » – Anna Bonnaillie, Chargée de
mission dans la Lutte contre les discriminations, Droits de l’homme et Egalité
Femmes Hommes à la Mairie de Lille
Une vingtaine de femmes étaient présentes lors de cette seconde marche qui se déroulait de 18h30 à 20h. Tous types de femmes ont eu l’initiative de se rendre à cet événement. Une mère avec sa fille, des employées à la Mairie de quartier de Wazemmes, des habitantes de ce quartier, des employées à Ilévia, ou encore des étudiantes. A leur arrivée au point de rendez-vous, des flyers leurs ont été distribués où était décrit l’itinéraire de marche.
Pouvoir se confier
Dès l’arrivée dans l’un des secteurs de l’itinéraire, le groupe s’arrêtait et les femmes parlaient librement et en toute sécurité de ce qu’elles pensaient du lieu. Est-ce assez éclairé ? Quelle est la fréquentation ? N’y a-t-il que des hommes ? Ou au contraire personne ? Globalement, il ressort que les abords des métros ne sont pas assez accueillants et sont même parfois assez inquiétants. Dans le carnet distribué, les femmes pouvaient ainsi noter toutes leurs impressions. Et cela permet de faire bouger les choses ! En effet depuis que ces marches exploratoires existent, de nombreux changements ont eu lieu dans la métropole lilloise. Dans les métros, des agents de sécurité et médiateurs sont plus nombreux, des bornes d’appel d’urgence ont été mises en place. C’est l’objectif recherché par Ilévia pour permettre aux femmes de voyager en toute tranquillité.
Zélie Lebrun
Crédit Vidéo : Pauline Dansette
Zoom sur la loi Schiappa de 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes
L’insécurité dans la rue et dans les transports, c’est ce pour quoi les marches exploratoires tentent d’apporter des solutions. Mise en place d’éclairages publics ou de bornes d’appel d’urgence dans les stations de métro : des mesures certes encourageantes mais qui ne règlent pas le principal problème, celui de la sanction des seuls coupables, les agresseurs. Problème face à ces derniers, ils bénéficient d’un confortable sentiment d’impunité. Pourtant, début août 2018, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations présentait la première loi française sur le harcèlement de rue ou dans les transports. On l’évoquait d’ailleurs dans l’article sur l’association féministe étudiante Olympe se bouge. Cette loi pénalise les « propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste ». Des propos passibles d’une amende de 90 à 1 500 euros en cas de circonstance aggravante. Mais un an et demi après son entrée en vigueur, le bilan est en demi-teinte. C’est environ 700 personnes qui ont été punies pour outrage sexiste entre août 2018 et août 2019. Nombre minime face aux statistiques quand on sait que 100 % des utilisatrices des transports en commun disent avoir été victimes au cours de leur vie d’harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles durant un trajet et comme dit en début d’article. En cause notamment : la nécessité de faire constater les faits en flagrant délit. Une avancée donc symbolique mais un impact faible qui apparaît même comme une opération de communication gouvernementale.
Marie Debée