A Villeneuve-d’Ascq, le parc d’activité de la Haute Borne accueille les Jardins de Cocagne depuis maintenant 10 ans. Ce dispositif alliant maraîchage bio et aide à la (ré)insertion dans le milieu professionnel étoffe son influence et fédère de multiples liens.
Les jardinier.ère.s de Cocagne sont des hommes et femmes de tout âge, rencontrant des difficultés d’ordre professionnel, social ou personnel. Bénéficiaires du RSA, travailleur.euse.s handicapé.e.s ou demandeur.euse.s d’emplois, l’association des Jardins de Cocagne proposent des contrats d’insertion (CDDI*) à temps partiel afin de les aider dans la poursuite de leur parcours. Toutes les semaines, ils/elles distribuent plus de 300 paniers de légumes aux 400 adhérent.e.s du Jardin. Les végétaux poussent dans les quatre hectares du terrain et sont ensuite directement récoltés, triés et vendus dans les paniers. De plus, avec l’aide des encadrant.e.s, ils/elles co-construisent un projet professionnel et personnel. A la Haute-Borne, sept permanent.e.s encadrent le quotidien d’une vingtaine de jardinier.ère.s.
Un projet d’insertion et d’inclusion co-construit
Emplois du temps chargés, horaires matinaux, travaux physiques… Les jardinier.ère.s proviennent de milieux majoritairement isolés et déconnectés de ces diverses contraintes liées au monde du travail. « Chaque personne arrive avec son bagage » souligne Sounia. La mission première des jardins reste donc de les reconnecter à la société. Ainsi, les encadrant.e.s s’attachent à associer contraintes et réussite du projet professionnel. Mais, cela n’est pas toujours aussi simple. En 2019, à la Haute-Borne, sur les 49 personnes encadrées, moins de 20 ont trouvé un emploi. Une année peu représentative de la réalité d’après Sounia : « Cette année de transition avec la réforme formation a été marquée par beaucoup d’abandons et d’absentéisme, surtout chez les jeunes, qui peuvent bénéficier d’autres dispositifs (Garantie Jeunes, l’Ecole de la Deuxième Chance, contrats en alternance, ndlr) peut-être plus attractifs. » Des défis restent à relever pour les prochaines années afin d’impliquer sur le long terme les personnes en voie d’insertion. Pour cela, chacun.e évolue dans un domaine, en lien avec leur projet, qui peut l’intéresser allant de la récolte à la vente en passant par la préparation des paniers ou la gestion du stockage. L’ensemble des connaissances et compétences acquises seront autant d’expériences à mettre en valeur pour un travail futur, et ceci même dans des secteurs en apparence éloignés du maraîchage (la sécurité, les travaux publics, la vente, etc.).
Créer une communauté Cocagne
Les encadrant.e.s ne sont pas les seul.e.s à épauler les jardinier.ère.s. Les jardins de Cocagne comptent une diversité d’acteurs qui gravitent autour. Toutes les semaines, par exemple, des bénévoles-adhérent.e.s s’investissent dans les projets des personnes en voie d’insertion. Ils/elles proposent des ateliers divers : cours de français, code de la route, lecture d’une fiche de paie, etc. Ainsi, une communauté entière se forge, multipliant les liens entre jardinier.ère.s et adhérent.e.s.
Jean-Louis, le fondateur des jardins de la Haute-Borne, a instauré des grands repas en commun avec les jardinier.ère.s une fois par mois,
raconte Sounia.
L’équipe des jardins de la Haute-Borne est animée par le désir d’intensifier et de consolider « la communauté Cocagne ». Plusieurs événements sont organisés au cours de l’année pour rassembler tous les acteur.ice.s impliqué.e.s. L’arbre de Noël dernier a, par exemple, parmi de rassembler les adhérent.e.s, les jardinier.ère.s ainsi que les partenaires et les points de vente locaux. Récemment encore, une monnaie alternative, dénommée « le cocagne » a été mise en place afin d’accentuer les relations et l’implication entre les adhérent.e.s. Le principe : un.e adhérent.e publie une annonce demandant un service aux autres adhérent.e.s en échange de Cocagne. Les services peuvent être divers : récupération d’un panier suite à un empêchement, aide pour tailler une haie, proposition de cours de langues, etc. Chaque adhérent.e acquiert un porte-feuille de Cocagne au fil de paniers achetés ou en rendant service. Les créateur.ices envisagent, à terme, de développer la monnaie dans d’autres structures afin d’accentuer les relations de proximité et le circuit court.
Janice Bohuon
Zoom sur...
Le bio enfin accessible à tou.te.s grâce aux Biocabas
Offrir aux consommateurs des produits de qualité, sensibiliser à une consommation citoyenne et soutenir une agriculture biologique en région, ce sont les objectifs fixés par la coopérative Norabio avec les Biocabas.
L’intérêt des Nordistes pour le « bien manger » est de plus en plus important, selon les différents diagnostics locaux de santé, mais comment manger correctement sans se ruiner ?
Les biocabas, c’est un mode de distribution innovant qui vise à être plus proche des consommateurs, il permet à la fois le maintien des fermes en région, le respect de l’environnement et participe à une démarche solidaire en employant des personnes en insertion, tout en étant viable économiquement. Depuis 2002, ce sont les agriculteurs biologiques des Hauts-de-France qui sont à l’initiative de ce projet. C’est aussi une activité importante de Norabio, une coopérative agricole biologique qui regroupe aujourd’hui 140 producteurs de la région.
Comment ça marche ?
Pour obtenir un biocabas c’est simple. Il faut d’abord se rendre sur le site internet, puis à vous de choisir entre les différents abonnements : le panier solo (8.50€/semaine) , le classique pour deux personnes (11.80€/par semaine) ou bien encore le familial pour trois à quatre personnes (15.50€/semaine). Une fois inscrit.e.s, vous pourrez récupérer votre panier, chaque semaine, dans un des nombreux points relais du territoire desservant Lille, d’autres villes de la MEL, et du Carembault. Evidemment, votre biocabas est uniquement composé de produits de saison, selon la récolte des producteurs, qui proposent une gamme de produits variés.
La « feuille de chou », document glissé dans tous les biocabas, suggère des recettes liées aux produits et informe sur les producteurs et fermes biologiques de la région, elle propose aussi des conseils de sorties « écolos » à faire le week-end en famille ou bien entre amis.
Au final, les biocabas, c’est manger mieux, au juste prix, en favorisant le circuit court tout en assurant un revenu aux producteurs locaux, au profit d’une agriculture durable et de proximité. Sans oublier la démarche solidaire, pour les personnes en insertion.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.biocabas.com
Marthe Dolphin