L’Univers : une salle très loin d’Universal
Posted On 23 octobre 2020
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Le débat de l’indépendance du secteur artistique face à une uniformisation globalisée est aujourd’hui porté à son paroxysme. La montée en puissances de grandes sociétés de production et la multiplication des crises économiques semblent condamner la survie de l’Art indépendant. Cependant, à l’opposé des derniers blockbusters surmédiatisés américains, se dressent des créations issues de petites structures telles que celles promues par le cinéma associatif L’Univers.
Anaïs, employée du lieu, le décrit comme « un cinéma associatif, indépendant et non commercial » luttant au quotidien pour la survie d’une indépendance créatrice.
La structure est animée par des associations adhérentes et militantes. Elles proposent une programmation s’articulant autour de réflexions construites autour de supports variés : spectacles, reportages contés, films, ou encore des expositions éphémères.
La structure vit grâce aux dons de particuliers et par des subventions publiques. Ces dernières couvrent 50% de ses frais de fonctionnement.
Cette promotion de l’Art visuel cherche à toucher la population dans son ensemble. Le prix très faible des adhésions (75 euros par an pour un adhérent au laboratoire de photo) permet de démocratiser une formation réservée jusque-là à une minorité. En journée, la structure accueille une population aux âges et profils variés : enfants issus du PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), seniors, milieux scolaires… Au travers de débats organisés systématiquement à la suite des projections, de la pluralité des thématiques abordées (l’écologie, le féminisme…) et par la diversité des visages qui animent le lieu, l’Univers se révèle être un fervent défenseur de la liberté d’expression, enjeu si crucial dans un environnement culturel qui tend à s’uniformiser.
3 octobre 2020, 20h : Sylvain Icart présente avec émotion son premier court-métrage, De plumes et de plomb, relatant l’histoire dont on devine l’empreinte très personnelle d’un père et de son fils sur fond de chasse et de non-dits. Certains acteurs et membres de l’équipe technique sont présents, tous fiers de leur projet commun enfin réalisé. L’assemblée est familiale, chaleureuse, la discussion est ouverte et un verre est proposé à la fin du visionnage. La différence est là, un cinéma à taille humaine et des films présentés dont les objectifs ne sont pas la rentabilité mais l’échange, la garantie de l’indépendance et le partage.
Outre les subventions et autres partenariats, les films sont financés grâce au public. Par ses dons ou sa participation sur des plateformes de « crowdfunding », il s’engage dans la création artistique. Cette implication, défiant un visionnage passif, permet un échange conscient et militant entre associations, réalisateurs et public.
« Passer par l’Univers permet d’avoir la liberté de projeter ce qu’on veut et ça c’est une chance importante », ajoutera un bénévole présent pour la projection du film Nos désirs sont désordres promut par son association. Par son soutien inconditionnel à la création et par son engagement et sa lutte pour l’indépendance, l’Univers nous dépeint au détour d’une rue du quartier de Moulins, une fresque sociale et artistique engagée qu’il fait bon découvrir.
Lou Garnier
Hair love, une fiction traitant de la normalisation des cheveux noirs au naturel, a obtenu le 9 février 2020 l’Oscar du meilleur court métrage d’animation. Ce dessin-animé de 7 minutes a également conquis la chaîne HBO qui va en faire une série animée. Le court métrage, défini comme une œuvre cinématographique n’excédant pas une heure selon le Centre National du Cinéma (CNC), essaye de percer aux côtés des longs métrages. Quels atouts les films courts possèdent-ils pour séduire ?
Les réalisateurs sont les premiers à aimer ce format pour commencer leur carrière. La production d’un long métrage est généralement plus onéreuse et prend plus de temps que celle d’un court métrage. Le réalisateur Sylvain Icart, interrogé à l’Univers, nous a confié qu’il lui avait fallu une semaine de tournage pour finir son premier court métrage De plumes et de plomb. Les films courts peuvent être vus comme une passerelle, une expérimentation pour les réalisateurs avant de se lancer dans le grand bain des longs métrages.
Produire un film court est aussi une manière d’attirer les nouveaux consommateurs que sont la génération Z (personnes nées après 1995). En effet, cette génération a une durée d’attention estimée à 8 secondes, selon une étude du groupe Vivendi (leader mondial de la culture). Cette diminution est dûe aux plateformes de contenu social éphémères telles que Snapchat, Instagram et Tik Tok. Ce jeune public, qui pourrait représenter 30% de la population active dans un futur proche, possède ainsi de nouvelles caractéristiques, favorables à l’expansion des courts métrages diffusés par exemple sur Youtube.
À noter : la 3 ème édition du festival de création participatif de court-métrage, le Kino Kabaret International de Lille, se tiendra les 30,31/10 et le 01/11.
Camille Fraioli
Crédit vidéo: Vincent Marcelin
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