Février sans supermarché, c’est peut-être mieux manger
Elles représentent, selon l’INSEE, deux tiers des ventes alimentaires : pratiques, avec tout à disposition, des biscuits aux légumes en passant par toutes sortes de viandes. Les grandes surfaces ont néanmoins connu une perte de volume de 1,7% en 2017.
Il faut dire que les Français retournent davantage dans les petits commerces, qui avaient été délaissés ces dernières décennies. En cause, un besoin de relocaliser ses modes de consommation. C’est dans cet esprit qu’est apparu le challenge Février sans supermarché, qui propose de passer un mois en dehors des grandes enseignes.
Cependant, Miryam Pol, gérante et fondatrice de l’épicerie en vrac et lilloise Hello Bocaux, est claire sur le sujet : il n’est pas question de faire la guerre aux supermarchés, encore moins lorsqu’ils proposent des rayons vrac, “puisque ça correspond aux valeurs que je veux véhiculer”, explique-t-elle.
Les grandes enseignes, qui ont bien compris l’intérêt des clients pour les productions locales, s’adaptent afin d’enrayer la baisse de fréquentation. Pour inverser cette tendance et proposer aux clients les mêmes services que les petits commerçants, les hypermarchés, tels que Carrefour mettent eux aussi en avant la production locale. Alexandre Bompard, Directeur Général de Carrefour annonçait le 28 février sur RTL vouloir que 95% des fruits et légumes à la vente soient français sans surcoût pour le client.
Le grand retour du bien manger
Légumes frais, bio, responsables et locaux, pâtes en vrac, confiseries locales ou typiques du pays d’origine, Miryam Pol voulait offrir à sa clientèle ce que les supermarchés ne peuvent pas en travaillant avec des fournisseurs faisant des choix éthiques et de valeur, ne vendant leurs produits qu’aux petites épiceries et jamais aux supermarchés. Un lieu parfait pour répondre aux attentes du challenge.
Manger sans supermarché, contrairement aux idées préconçues, n’est pas réservé à une clientèle aisée : “Il n’y a pas de profil type”, assure Miryam Pol. Il s’agit simplement d’une clientèle désireuse de consommer de la qualité et toujours de saison.
Et pour cause, le gros avantage des commerces de vrac, c’est évidemment le goût mais aussi, et c’est plus étonnant, le prix. Les économies sont bien présentes : « Les personnes n’achètent que le nécessaire, ce dont ils ont besoin sur le moment et de saison. » Un précieux avantage surtout pour les personnes seules qui n’achètent qu’en petite quantité, en apportant leur récipient.
Pour autant, si, jusqu’alors, les petits commerces avaient le vent en poupe, ce n’était pas pour l’aspect économique mais bien pour l’aspect écologique. La plupart des clients disent alors “prendre plaisir à consommer ce qu’ils ont acheté”, bien plus que lorsque le même ingrédient vient du supermarché car ils savent d’où il provient et se sentent responsables de leur consommation. C’est également une manière de mettre fin au gaspillage avec une consommation “joyeuse”. De surcroît, la majorité des produits vendus dans ces épiceries vient de la région ou de France. Qui plus est, ce challenge Février sans supermarché, permet également de limiter son empreinte carbone en faisant ses courses sans utiliser forcément un véhicule, dans des commerces de proximité, proposant des produits ayant moins voyagé, et donc, émis moins de CO2.
Pauline Paulh-Manssens
Le défi février sans supermarché vu par une consommatrice Lilloise
@Leslie Larcher
Comparons : les prix en supermarché et dans les commerces locaux
Troquer son caddie et son supermarché fétiches contre un détour par les commerces locaux, c’est un premier pas écologique, qui contribue également à la sauvegarde de l’économie locale. En effet, faire ses courses dans des commerces de proximité indépendants permet de promouvoir les petits producteurs.
Toutefois, beaucoup y sont réticents en raison du coût que cela représente. L’idée selon laquelle cette démarche est plus onéreuse est très répandue. Mais est-ce un simple stéréotype ou une réalité ? Consommer local revient-il vraiment plus cher ?
Voici deux paniers de courses contenant pommes, carottes, bavette et emmental (avec pour référence le prix au kilo), ainsi qu’une baguette et cinq cents grammes de pâtes.
Dans la colonne de gauche, les produits ont été rassemblés dans un supermarché classique. Dans celle de droite, chez des commerçants indépendants, le tout à Lille.
Résultat des courses : dix-huit euros et soixante-quatre centimes de plus pour les produits locaux. Une somme qui paraît considérable lorsqu’on s’en tient uniquement au comparatif des prix mais qu’il faut relativiser en constatant que cet écart provient en particulier du prix du fromage. Mais il s’agit aussi d’un gage de qualité.
De plus, alors que les grandes surfaces regorgent de tentations qui poussent aux achats compulsifs, consommer local incite à réfléchir davantage à ses acquisitions en amont, ce qui permet d’éviter les écarts et donc de réduire les dépenses.
Et si certains produits sont vraiment plus coûteux qu’en hypermarché, d’autres restent à des prix assez équivalents. Preuves que faire un geste pour le local n’est finalement pas si inaccessible.
Flavie Legrain