Du 14 octobre au 12 novembre, la société de transports Ilévia propose à quarante résidents de la Métropole lilloise de relever son défi « un mois sans ma voiture ». Une initiative qui incite à se déplacer autrement et interroge sur la portée environnementale d’un tel changement de mobilité.
« Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses », lançait en septembre dernier Greta Thunberg, jeune militante écologiste présente à l’ONU pour dénoncer l’inaction des États face à l’enjeu climatique. Des mots qui ont fait couler beaucoup d’encre, mais qui mettent en lumière un enjeu écologique de plus en plus prégnant. Si le rôle des États est indéniable, pour certains des solutions sont possibles à toutes les échelles et c’est en partie dans cette optique qu’entend s’inscrire Ilévia, société de transports de la Métropole lilloise, avec le lancement de son défi « un mois sans ma voiture ». L’objectif affiché ? Apprendre à se déplacer autrement.
Du 14 octobre au 12 novembre, les participants devront ainsi patienter à l’arrêt de bus le plus proche, s’engouffrer dans l’une des soixante stations de métro, opter pour du covoiturage, passer par la gare pour prendre un TER, pédaler sur un vélo… De nombreuses alternatives gratuites sont proposées à quarante volontaires, résidents de la Métropole qui utilisent fréquemment leur voiture personnelle et ne sont pas clients réguliers d’Ilévia.
Un accueil mitigé
« Ensemble, favorisons la mobilité douce ! » scande le groupe sur les réseaux sociaux. Car au-delà de l’argument économique, brièvement énoncé, c’est bien l’écologie qui est la plus mise en avant : changer sa mobilité pour préserver l’environnement est une idée fréquemment évoquée depuis quelques années.
Mais les réactions restent mitigées, comme le montre Fabien Delecroix, du Collectif des usager.e.s des Transports de la MEL : « D’un côté, on se réjouit que nos actions aient eu un effet, commence-t-il, rencontré au détour d’une manifestation en faveur de la gratuité des transports. Mais cette cause a été instrumentalisée. » Pour lui, la gratuité ne peut répondre seule à l’enjeu social et écologique qu’est l’accès aux transports collectifs : « La qualité du réseau est primordiale mais aujourd’hui elle n’est pas vraiment là. »
Entre engagement pour une mobilité durable et communication, l’initiative d’Ilévia soulève une problématique de plus en plus récurrente dans le débat public : l’affranchissement de la dépendance à la voiture, afin de lutter contre la pollution atmosphérique. Mais ce qui semble évident ne l’est pas totalement. « Tout dépend du mode de transport, admet Benoît Conti, chercheur au Laboratoire Ville Mobilité Transport. Limiter l’utilisation de la voiture individuelle en prenant le métro peut avoir un impact important sur les émissions de gaz à effet de serre, mais pas un bus presque vide. » Cette solution n’a donc pas qu’un aspect individuel : les politiques publiques sont essentielles pour garantir une offre de transport suffisamment riche, qui ne se cantonne pas aux villes et leur périphérie proche. Pour le chercheur, les transports collectifs sont tout de même – après la marche et le vélo – des alternatives à envisager, davantage que d’autres « fausses bonnes idées » telle la voiture électrique qui « conserve une manière de concevoir le transport individuellement et n’est pas si durable ».
Non, la solution n’est pas limpide et pédaler sur son vélo n’empêchera pas la banquise de fondre miraculeusement. Mais l’impact que peuvent avoir nos déplacements n’est pas si négligeable et est à prendre dans un mouvement plus global, dans lequel les États ne sont pas seuls à décider.
Apolline Le Romanser
Sortir de la ville sans utiliser sa voiture, c'est possible !
Sana Meziani
Quand la MEL s'en mêle
Forte de son 1,8 milliard d’euros de budget, La Métropole Européenne de Lille accompagne aujourd’hui les entreprises de plus de 100 salariés dans leur plan de mobilité. L’objectif est de les encourager à adopter une démarche éco-responsable. Cherchant à favoriser des modes de transports publics, ces plans d’action ont pour but de favoriser l’attractivité des entreprises ainsi que leur accessibilité. Ceux-ci sont établis en fonction de la localisation de l’entreprise et de la distance qui sépare un employé de son lieu de travail. De fait, au sein d’une même entreprise, les salariés n’auront pas tous le même plan de mobilité, il faut donc un dispositif propre à chacun. Outre cette volonté croissante d’harmoniser le paysage urbain avec l’abandon progressif de la voiture, il y a là aussi une démarche utilitariste avec un intérêt majeur : réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Utiliser le vélo, la trottinette ou tout simplement marcher sont encore là des solutions envisageables pour les salariés proches de leur entreprise, même s’ils sont de plus en plus rares du fait de l’étalement urbain. Toutefois, de nombreuses applications permettent par exemple d’être récompensé pour le nombre de pas effectués au quotidien, comme c’est le cas de l’application WeWard, créée par une startup parisienne. De quoi motiver certains à faire un effort pour la planète !
Hugo Marrequeste