Le manque d’espaces verts à Lille. Comment y remédier ?
L’insuffisance de verdure à Lille est l’un des problèmes majeurs soulevé par ses citoyens. À travers les propositions de trois candidats à la municipale, nous allons tentés de confronter leurs solutions à la réalité du terrain.
Aujourd’hui, Lille, dixième ville la plus peuplée de France, offre 25 m2 de verdure par habitant ce qui la place tout en bas du classement de l’Observatoire des villes vertes de France. En effet, la superficie moyenne d’espaces verts des 50 plus grandes villes de France est de 48 m2 par habitants. Les Lillois et Lilloises insistent ainsi, depuis plusieurs années, sur leur envie de donner un nouveau charme à leur cité. La discussion autour de ce manque d’espaces verts alimente ainsi la plupart des débats politiques et sociaux et constituera une des principales controverses des municipales de 2020. Alors quelles solutions pour « verdir » Lille ?
Des projets en herbes
Commençons par les propositions de Julien Poix, membre de la France Insoumise. « Lille est une ville qui étouffe, il faut dire stop au béton.” En rentrant directement dans le vif du sujet, le représentant LFI souhaite placer la « réappropriation de la ville de Lille par ses habitants » au cœur des débats. Quant au sujet de la friche Sain-Sauveur, il nous éclaire sur son projet d’aménagement de l’espace : « Les 23 hectares de terrains seront en entièreté dédiés aux espaces verts. » Le projet est donc de créer un immense parc en laissant aux citoyens une possibilité d’aménagement. Une bibliothèque, une école ou alors ne rien mettre, le choix des équipements est laissé aux Lillois.
Violette Spillebout, LREM, quant à elle, précise que « le sujet de la transition écologique est un sujet prioritaire pour l’ensemble des candidats à la municipale de Lille ». Situant les questions environnementales comme de première nécessité dans sa lettre aux Lillois, publiée début 2019, la candidate la République En Marche constate les efforts dans le verdissement de la ville. Elle insiste pour aller encore plus loin et ainsi lutter contre le réchauffement climatique mais également contre la pollution, très importante à Lille. Les solutions apportées pour reverdir la ville sont celles de la conquête d’anciennes places bétonnées ou encore faire en sorte « d’avoir à moins de 300 mètres de chaque habitation, un espace vert propre ».
La création d’un « écosystème-citoyen au niveau du parc Jean-Lebas » et un « parcours verts partant de portes de valenciennes jusqu’au Vieux-Lille », voilà ce que revendique Marc-Philippe Daubresse, candidat des Républicains, pour pallier le manque d’espaces verts. Ce « circuit vert » sera accessible à tous et passera par Saint-Sauveur qui deviendrait alors un grand parc avec un écosystème qui lui est propre, accompagné de « quelques logements sociaux ». Tout comme chaque candidat vu précédemment, la tête de liste des Républicains considère l’écologie comme « la plaque tournante des élections ».
Solutions envisageables ?
Lorsqu’on lit les ambitions d’aménagement d’espaces verts des candidats, on pourrait penser que le problème est réglé. En allant plus loin, on s’aperçoit que ce n’est pas si simple…
L’immense parc proposé par Julien Poix est un beau projet pour verdir Lille mais il paraît peu réalisable. Premièrement, comme nous le précise Violette Spillebout, le bail de construction de la piscine, sur le terrain de Saint-Sauveur, est déjà signé, donc difficilement révocable. Ensuite, la Mel impose un minimum de logements sociaux dans le réaménagement d’un espace public, il sera donc dans l’obligation de construire sur cet espace. De même pour Marc-Philippe Daubresse. Son ambitieux projet entraînerait de trop nombreux travaux. Cela bloquerait, en effet, le boulevard Jean-Philippe Lebas et le boulevard Louis XIV, véritable fourmilière automobile pendant les horaires de pointes.
C‘est ainsi le dernier projet qui pourrait verdir le blason de Lille ? Et bien par forcément… Son idée de réhabilitation des anciennes place bétonnés est une bonne chose, qui plus est réalisable. Elle n’est ni révolutionnaire, ni ambitieuse, ni suffisante. Elle est également avancée par Julien Poix, représentant de LFI.
Bien évidemment, quant on pose la question « Que faudrait-il améliorer d’un point de vue écologique à Lille ? », la première idée qui vient à l’esprit des habitants est « plus de vert ». Ils font, ainsi, forcément référence au manque d’espaces verts dans leur ville et soulignent « l’amélioration du cadre de vie » qu’un parc peut entraîner.
Trois moyens s’offrent ainsi à vous pour combler le manque d’espaces verts à Lille. Voter pour le candidat qui propose des solutions au plus près de vos convictions. Participer aux débats citoyens initiés par les futurs candidats (Julien Poix et Violette Spillebout). Enfin, jardiner et verdir votre maison parce qu’on a tous besoin d’un peu de vert dans notre vie !
Arthur Klajnbaum
Quand au projet de la friche Saint-Sauveur…
Découverte de nouveaux espaces verts à Lille…
Les fortes températures de juillet 2019 ont contraint la mairie de se lancer dans une campagne « anti-canicule » des plus rafraîchissantes. A tel point que l’on apercevait des affiches dans les rues de Lille évoquant « Besoin de fraîcheur ? Profitez des 80 parcs de la ville ».
En réalité 63 jardins et parcs publics composent la ville de Lille. Dans ce compte, on ajoute aux parcs et jardins, squares, places, potagers, terrains vagues ou encore cimetières. Pas l’idéal pour se rafraîchir…
La Voix du Nord recense alors le 23 juillet 2019 «35 parcs et jardins» dont la plupart sont souvent petits, faisant ainsi écho au monumental nombre de la « campagne fraîcheur ». En effet l’erreur de calcul de la municipalité a suscité l’addition de commentaires à la fois « drolatiques » et très critiques.
« A #Lille on a toujours la calculette bien aimable. Parler de 80 parcs est très, très exagéré. Pas plus de 35 et souvent plutôt petits. » (@mauricedecroix).
Cette multiplication par deux du nombre total de parcs n’a fait qu’alimenter la problématique du manque d’espaces verts déjà présente au cœur des débats depuis plusieurs campagnes municipales. Ajoutez à cela les questionnements sur la friche Saint-Sauveur multipliés par les divisions que sa rénovation engendre et nous arrivons rapidement au constat que l’environnement à Lille est égal à polémiques et débats sempiternels.
Équation résolue.
Arthur Klajnbaum