Lille-Sud : accompagner des jeunes en difficulté, l’objectif du Valdocco
Le Valdocco propose aux ados de Lille-Sud des séances d’aide aux devoirs, mais pas seulement : réduire les inégalités et aider un jeune à s’épanouir, cela va au-delà de l’école.
Le Valdocco Lille, c’est une grande salle, quelques tables d’école, un bureau dans une petite pièce à côté, des murs blancs et des bouts de cahier çà et là. Mais c’est surtout Fanny qui accueille les jeunes avec un grand sourire, c’est Maxime qui se penche sur un problème de maths avec une élève de cinquième, c’est Darel qui organise des activités sportives. Ce sont des jeunes qui arrivent avec un DM à faire, qui ressortent avec un DM fait. C’est une ambiance détente, des élèves qui apprennent mais surtout qui nous apprennent.
Séjours et activités
Le Valdocco est né en 1995 à Argenteuil en réponse aux émeutes qui avaient secoué la ville. L’association s’est ensuite développée à Lyon, Nice, et à Lille depuis 2015, de la fusion avec l’association Don Bosco, déjà bien intégrée dans le quartier. L’objectif ? Éviter le décrochage scolaire qui touche nombre des élèves des pâtés de maisons alentours. Comment ? C’est plus compliqué. Il ne suffit pas de quelques cours de rattrapage et d’un peu d’aide aux devoirs pour qu’un ado se sentent suffisamment bien pour continuer sereinement sa scolarité. C’est pourquoi le Valdocco essaie de créer avec les jeunes un véritable lien, du CM2 jusqu’à la Terminale. En plus de l’aide aux devoirs toutes les semaines, l’association organise des activités et animations le week-end. Musées, sport, ateliers de cuisine, bricolage… L’idée est à la fois de travailler sur le vivre-ensemble et de montrer aux ados qu’ils sont capables de faire plein de choses. Que leurs capacités ne se résument pas à leurs notes en maths. Pour des jeunes qui manquent parfois de confiance en eux et ont tendance à se dévaloriser, ce point n’est pas du tout anodin.
L’association organise aussi des voyages pendant les vacances. Amiens, Bruxelles, Liège… les destinations ne manquent pas et ces quelques jours en groupe permettent aux jeunes d’apprendre à être autonomes et responsables. Par exemple, ce sont les jeunes qui organisent les veillées ou encore font à tour de rôle et par groupe le service vaisselle. Autre détail important : pendant le séjour, téléphone interdits ! C’est quand même plus sympa d’être tous ensemble, de discuter et de jouer que d’être dans son coin sur son écran. « C’est cinq jours où on sort de l’univers du quartier et de toutes les habitudes qu’on peut avoir », raconte Fanny, une animatrice de l’association.
Mixité et vivre ensemble
Une bonne partie de la pédagogie de l’association passe par le jeu. Si pour la plupart des élèves, l’école est quelque chose de compliqué, d’ennuyeux et une source de stress, l’idée est ici d’apprendre sans s’en rendre compte. Faire des conversions pendant la séance pâtisserie, se cultiver lors d’un jeu de piste géant au Louvre Lens, regarder des films pour réfléchir ensemble sur certains sujets… L’apprentissage se passe alors autrement.
On essaie de connaître le jeune dans sa globalité, de créer un lien.
Fanny (animatrice au Voldocco)
Le Valdocco tente d’accompagner les jeunes « dans leur globalité ». Il ne s’agit pas seulement de réussir à l’école mais aussi de s’épanouir, de se sentir bien dans sa peau, savoir vivre avec les autres. L’association les accompagne aussi dans leurs choix d’orientation dès la quatrième. Cela passe par exemple par des entretiens individuels, des visites d’entreprise ou des rencontres avec des professionnels. « L’idée c’est d’ouvrir leurs “œillères”, de leur montrer qu’il y a pleins d’autres métiers que ceux de leurs parents », explique Fanny.
Il faut aussi garder en tête que, bien que l’association se situe dans un Quartier Prioritaire de la Ville (QPV), tous les jeunes ne viennent pas de familles en difficulté. Les jeunes regroupent des profils très divers, des catégories sociales variées et c’est en fait « ce vivre ensemble, cette mixité » qui guide l’association. « Pendant les séjours, on veut faire sauter les barrières qui peuvent exister entre jeunes », ajoute Fanny, « on aime cette mixité, on veut casser les préjugés ».
Gabrielle Grécourt
Fanny, animatrice au Valdocco
Questions posées à Maria, élève en cinquième et faisant partie de l’association :
Le Châtillon : Comment as-tu entendu parler de l’association ?
Maria : Par mon école, Je suis à l’école Don Bosco, située à coté de l’association Valdocco. J’ai aussi beaucoup d’amis qui font partie de cette association.
Le Châtillon : Depuis combien de temps es-tu dans l’association ?
Maria : Je suis en cinquième et j’y suis depuis le Cm2 ( l’année scolaire minimum pour entrer dans l’association).
Le Châtillon : Participes-tu aux autres activités proposées par le Valdocco ou uniquement au soutien scolaire ?
Maria : Je ne fais que le soutien scolaire car je n’ai pas le temps cette année. Les années passées, j’ai participé aux activités proposées, j’ai pu partir 5 jours pendant les grandes vacances. C’était génial de dormir sous la tente, profiter de la piscine avec de nouveaux amis que j’ai pu revoir après, j’en garde un très bon souvenir. Le séjour est vraiment l’activité que j’ai le plus aimée.
Le Châtillon : Est-ce que tes résultats scolaires ont beaucoup augmenté depuis ton entrée dans le Valdocco ?
Maria : Oui, je vois vraiment la différence, même si j’ai toujours un peu de mal en maths par exemple. C’est vraiment agréable pour moi d’être suivie chaque semaine par un étudiant ou un adulte. Cela m’aide à m’organiser, à m’avancer dans mon travail et à trouver les méthodes d’apprentissage qui me correspondent mieux. Mon accompagnant change chaque semaine.
Madeleine Millet