Coronavirus: l’amour comme arme face à l’épidémie d’inhumanité
Posted On 10 février 2020
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Alors que le coronavirus est arrivé en France le 24 janvier 2020, c’est en réalité une épidémie d’inhumanité qui arrive et ravage la communauté chinoise et asiatique, encore plus que le coronavirus lui-même. Pour l’endiguer, la communauté choisit d’appeler à l’amour et à la solidarité.
Depuis le 24 janvier, date à laquelle les premiers cas de contamination du virus sont confirmés en France, le racisme envers la communauté chinoise et asiatique jaillit dans le pays : des blagues racistes, des insultes, une peur irrationnelle, et même des actes de harcèlement physique. Ces gestes malsains font souffrir la population asiatique en France, tant sur les réseaux sociaux que dans les lieux publics. La stigmatisation se propage jusqu’au monde des médias. Le Courrier picard a par exemple titré sa Une « Alerte Jaune ». Le virus s’annonce alors comme étant révélateur d’un racisme envers la communauté asiatique et chinoise, auparavant peu médiatisé. Que fait-elle alors pour se battre ?
La lutte contre le racisme envers la communauté chinoise et asiatique s’engage tout d’abord sur les réseaux sociaux. Suite à l’appel du slogan #JeNeSuisPasUnVirus sur Twitter, un mouvement combattant ce racisme est lancé. En plus des dénonciations vigoureuses, ces publications représentent également la voix d’une population qui veut s’exprimer pour défendre sa dignité dans l’espace public.
Les internautes asiatiques publient des vidéos et des photos, sur lesquelles ils apparaissent avec le slogan « Je ne suis pas un virus ». Cette revendication arrive en plus des explications patientes des Asiatiques concernant certaines de leurs habitudes, inhabituelles en France, comme le port de masque par exemple. Ainsi, ils cherchent à dire « Non » à une stigmatisation injuste et à communiquer afin de se faire comprendre. Le mouvement est massivement partagé et approuvé aussi sur d’autres réseaux sociaux que Twitter, tels que Facebook ou Instagram.
Sur Instagram, une internaute française réclame l’humanité de la société : « Oui de nos jours l’être humain est quelqu’un de méchant et de scrupuleux, mais il sait encore avoir du respect. Respectez-vous entre vous, on partage la même planète avez-vous oublié ? » (@itsmeesssss)
C’est ainsi que naît la solidarité entre les communautés qui va enrayer la contagion de la discrimination et de la haine. Cet amour ne se répand pas seulement sur les réseaux mais aussi dans la rue. Par exemple, à Paris, une Chinoise portant un masque, tient une pancarte proposant des free hugs (des câlins gratuits), appelant ainsi à la bienveillance des passants parisiens. Ces derniers ont été très actifs face cette communication d’humanité. Ces « free hugs » expriment le refus d’une peur irrationnelle et d’une discrimination absurde, ainsi que la volonté de casser les préjugés opiniâtres.
« On isole le virus, on n’isole pas l’amour ! »
Heureusement, l’épidémie d’inhumanité n’est pas encore parvenue à Lille, tout comme le coronavirus ne touche pas encore à la métropole. Sur Lille, des associations consolident le lien entre la communauté asiatique et les autres.
L’Union des Chercheurs et des Etudiants Chinois en France à Lille (UCECL), composée principalement de ressortissants chinois, est la plus grande association de la communauté chinoise dans le Nord. Depuis sa création, de multiples événements culturels ont été organisés pour les Chinois et les Français qui s’intéressent à la culture chinoise. Ce sont surtout les occasions où des personnes ayant grandi dans deux différentes cultures se rencontrent, communiquent et s’entraident. Une solidarité franco-chinoise s’est ainsi mise en place parmi les étudiants vivant dans la région.
« Elle m’a donc permis de rencontrer de nombreux amis qui me font découvrir énormément de choses sur la culture chinoise et la Chine. Nous devons nous ouvrir à des choses qui nous sont inconnues, mais surtout de prendre le temps de les comprendre, avant qu’on ne critique une population qui possède une culture et un mode de vie différent des nôtre. » nous dit Léa, 23 ans, l’une des participantes à ces événements.
Une autre association, Amitié Franco-chinoise des Hauts de France, créée en 1979, propose des conférences sur la culture chinoise et des cours de chinois aux Français. Elle a pour objectif le développement des échanges interculturels entre la communauté chinoise et la population de la région.
Les différentes communautés ethnoculturelles à Lille ont les moyens de se comprendre, à travers les échanges interculturels, puisque ces derniers conduisent probablement à l’abandon de l’ignorance et de la méconnaissance d’une population et sa culture. Une fois qu’on se comprend et qu’on s’unit, que reste-il comme prétexte pour discriminer les autres, nés égaux comme vous et moi ?
Xi Huang
Emma Pons
La Chine tient la deuxième place en tant que puissance économique internationale. Bien qu’en 2019 la croissance chinoise était au niveau le plus bas depuis 30 ans (entre 6% et 6,5%), elle garde tout de même son rôle prépondérant au niveau économique. Principale exportatrice mondiale, elle s’illustre dans les produits manufacturés, l’automobile, ou encore les nouvelles technologies.
Mais depuis décembre 2019, l’apparition du coronavirus a paralysé une partie du pays. Même si elles ne sont pas encore visibles, les conséquences économiques sont inévitables. Hubei, la province d’origine du virus, a stoppé toutes ses activités pour éviter que la maladie ne se répande, alors qu’elle produit d’habitude 4,5% du PIB chinois.
Cette paralysie a rapidement été étendue au sud-est du pays. La demande du marché intérieur a donc fortement baissé en ce début d’année 2020. Tous contacts et échanges sont évités au maximum. Les livraisons sont réalisées en évitant les rencontres entre clients et livreurs. De nombreuses usines, industries et boutiques ont dû fermer. Les 42 boutiques Apple du pays ne fonctionnent plus depuis le début d’année. D’ailleurs, les productions d’Apple et de ses concurrents dépendent entièrement de la Chine. Les impacts sur leurs chiffres d’affaires sont irrémédiables. Le gel des activités aura des conséquences sur les exportations encore peu visibles. Même si nous ne connaissons pas encore les conséquences exactes issues du virus, les perspectives économiques de 2020 seront touchées, que ce soit pour la Chine ou le monde entier.
Margaux Dubrulle
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