Tisser des liens entre générations, quand les “jeunes” rencontrent les “vieux”
Dans la ville de Hem, où la part de population âgée est importante, des organisations telles que le centre social des Trois villes, l’association Pause et Partage ou encore le centre de formation Ordinat’hem s’emparent de la question intergénérationnelle. Des initiatives émergent et invitent à repenser ces liens que nous entretenons.
Dans une époque marquée par des dynamiques sociales en constante évolution, la question des ruptures intergénérationnelles se pose comme un défi pressant à relever. Les initiatives visant à prévenir ces fractures et à favoriser des liens durables entre les générations prennent de l’ampleur, offrant une lueur d’espoir pour un avenir plus solidaire.
« Toutes » et « tous » sont concernés
Au cœur de ces réussites se trouve une constante : l’implication active de chaque génération. Des projets qui encouragent une participation authentique des jeunes, des adultes et des aînés démontrent une capacité exceptionnelle à créer des liens qui résistent à l’épreuve du temps. Amel Karrad, une jeune étudiante et bénévole active au sein de l’association Pause et Partage, est profondément investie dans les relations intergénérationnelles. Elle a notamment effectué son service civique au sein de cette association, où des jeunes préparent et accueillent chaque jeudi midi des personnes âgées et des adultes pour un repas convivial. Amel ressent une forte connexion avec ces liens intergénérationnels qu’elle contribue à créer. Elle explique notamment
« prendre l’habitude et le plaisir de les accueillir » .
Amel Karrad, une jeune étudiante et bénévole active au sein de l’association Pause et Partage, est profondément investie dans les relations intergénérationnelles. Lors de son service civique au sein de cette même association, elle a aidé des jeunes à préparer l’accueil, chaque jeudi midi, de personnes âgées et d’adultes pour un repas convivial. Amel dit ressentir une forte connexion avec ces liens intergénérationnels qu’elle contribue à créer.
« Un vecteur de cohésion sociale »
Farid Allal exerce en tant qu’éducateur spécialisé au sein d’un centre social situé à Hem, dans la métropole lilloise. Parallèlement, il s’investit activement en tant qu’acteur dans des initiatives intergénérationnelles. Selon les propos de l’éducateur : « Le lien intergénérationnel est un vecteur de cohésion sociale, constituant ainsi un pilier central dans le projet du centre social. Les impacts de la pandémie de la COVID-19 ont sensiblement fragilisé ces liens, et le projet actuel vise à rétablir un lien essentiel avec nos aînés, tout en instillant de la gaieté et du partage entre ce public et le nôtre. »
Selon lui, les objectifs à relever face à ce défi de rupture intergénérationnelle englobent divers aspects combattre les stéréotypes liés aux jeunes, lutter contre la solitude, l’isolement relationnel et l’individualisme.
Farid explique le raisonnement derrière le choix des méthodes d’intervention pour tenter de relever ce challenge : “Nos aînés font souvent face à la solitude et à l’oubli, souvent affaiblis par la maladie. L’approche intergénérationnelle émerge comme un levier essentiel de cohésion sociale. En partenariat avec l’EHPAD les Aulnes de Hem, nous avons concrétisé quatre initiatives intergénérationnelles, parmi lesquelles figurent un loto et un concert.“
Relever cette épreuve c’est rendre les deux générations actives dans l’échange existant. La preuve en est que 24 jeunes (14 filles et 10 garçons) ont participé à ce projet, parmi lesquels 8 jeunes ont exprimé leur désir de passer davantage de temps avec leurs grands-parents. Certains envisagent même de travailler avec des personnes vulnérables, envisageant des métiers tels que celui d’aide-soignant, par exemple.
Diverses approches d’intervention sont déployées, notamment l’organisation d’activités récréatives pour les personnes âgées, orchestrées par la participation active des jeunes. Ces activités englobent des jeux de société, des tombolas, des goûters, et bien d’autres encore. Il y a également la maîtrise des outils technologiques qui devient ainsi vecteur potentiel du lien intergénérationnel, facilitée par la mise en place d’ateliers numériques où les jeunes assument le rôle de formateurs notamment dans des centres de formation tel que Ordinat’hem dans la ville de Hem : apprendre à envoyer des mails, à utiliser des outils numérique tel que Word et bien d’autres encore.
Éviter les ruptures
Le défi ultime reste celui de la durabilité des relations dans le temps : Zohra Karrad, une jeune infirmière travaillant dans un Ehpad de la métropole lilloise, le but selon elle est de modifier les perspectives des anciennes générations vis-à-vis des nouvelles, et vice versa, tout en garantissant la pérennité des échanges. Elle suggère la création de structures dédiées à ces projets, impliquant une communication accrue, l’allocation de budgets dédiés et une sensibilisation dans les écoles. Elle propose de “raconter le projet pour influencer“.
Amaria Boutchiche
ZOOM SUR : « Place à demain », l'événement qui donne la parole à toutes les générations
La première édition de « Place à demain », organisée par Libération en partenariat avec la Métropole européenne de Lille s’est déroulée le samedi 27 janvier au Théâtre du Nord, à Lille. Au programme, des tables rondes entre générations sur quatre thématiques.
Ce sont d’abord les « jeunes » invité.es (selon un arrondi de la définition de l’INSEE qui place la limite à vingt-neuf ans) qui prennent place dans les fauteuils disposés sur la scène. Ils et elles discutent, avec l’assurance « de ne pas être coupé.es » par les plus âgé.es. Les plus de trente ans les rejoignent plus tard, rebondissant sur ce qui a été dit précédemment. La volonté de déconstruire quelques stéréotypes, présents dans les repas de famille, les discours politiques ou les médias, est affichée. Est-il vrai que les jeunes « ne s’engagent pas », « se lèvent tard » ou « ne s’informent pas » ? Le public parle de lui-même… composé de personnes de moins de trente ans (mais aussi d’autres générations).
Une préparation avec les jeunes
En amont de cette journée, la journaliste organisatrice de l’évènement, âgée de vingt-neuf ans, a effectué des ateliers avec des jeunes de différents établissements. L’objectif étant alors de connaître les thèmes qu’ils et elles souhaitent aborder et avec quelles personnalités, s’intéressant également à leur parcours.
Les débats ont finalement porté sur les médias, la science, les politiques et le travail. Les jeunes présent.es sur scène ont pu s’exprimer, être écouté.es et entendu.es. La discussion entre génération a elle, permis la confrontation de points de vue et la création de débats.
Peu d’interactions ont eu lieu avec le public et les débats affichés n’ont pas toujours été respectés. Mais une volonté de perfectionner les prochaines éditions ressort de cette première expérience, pour continuer à penser, entre générations, à demain
Les débats ont finalement porté sur les médias, la science, les politiques et le travail. Les jeunes présent.es sur scène ont pu s’exprimer, être écoutés et entendu.es. La discussion entre génération a elle, permis la confrontation de points de vue et la création de débats.
Emma Langevin