Même sans murs, le Musée d’Histoire Naturelle de Lille et son message ne cessent d’exister

Fermée depuis le 2 avril 2024, l’institution lilloise compte bien ne pas se faire oublier et continuer de transmettre ses valeurs de préservation de la biodiversité et des espèces notamment. Elle se réinvente et propose une programmation délocalisée dans le programme d’ateliers « Hors les murs ».

Le Musée d’Histoire Naturelle de Lille fait l’objet d’une grande rénovation afin d’agrandir l’espace d’exposition et ainsi l’ampleur des pièces présentées. En effet, avant sa fermeture, le musée n’exposait que 5 % de ses plus de 450 000 pièces. Cependant, pendant au moins deux ans, l’accueil du public dans le bâtiment est impossible. L’établissement a alors décidé que le musée viendrait au public en s’installant dans les médiathèques, les structures comme Les Maisons Folies Moulins et Wazemmes ou encore les établissements scolaires.

Morgane Vandewalle, responsable de la communication du Musée d’Histoire Naturelle, estime que ces ateliers permettent à l’établissement « d’encore exister dans le cadre lillois » mais également de démocratiser la culture puisque les animateurs se déplacent dans tous les quartiers de la ville et même jusqu’à Lomme. D’autres initiatives telles qu’une visite numérique, ou bien une présence accrue sur les réseaux sociaux sont mises en place pour « garder le lien intense du musée avec le public ».

Le musée d'Histoire naturelle de Lille, fermé le temps des travaux.Parmi les ateliers proposés, plusieurs portent sur la biodiversité et la conservation, un sujet essentiel alors que de nombreuses espèces sont actuellement menacées d’extinction. Les enfants et adultes peuvent ainsi observer de près des spécimens naturalisés, des insectes piqués ou encore être sensibilisés aux enjeux environnementaux.

Certes, l’expérience diffère d’un atelier in situ. Plus généralement, selon Faustine Delestre, guide et animatrice au Musée d’Histoire Naturelle, organiser les ateliers en dehors du bâtiment ne donne « pas la même atmosphère », ajoutant que « l’ambiance du musée fait beaucoup ». De plus, certains éléments des collections, encombrants, fragiles ou vivants, ne peuvent être transportés malgré l’emploi de mallettes pédagogiques, contenant tout le nécessaire pour réaliser un atelier, ainsi que de vélos triporteurs à assistance électrique.

« Garder le lien intense du musée avec le public »
Morgan Vandewalle

Il est tout de même légitime de s’interroger sur l’efficacité de cette démarche. Dans une période où la conservation des espèces est un sujet majeur, un atelier d’une heure ou plus, ne présentant que quelques spécimens, suffit-il à faire comprendre au public l’importance de la préservation des espèces vivantes ? Bien que la solution soit sur certains points contestable, elle en reste une. L’absence totale du musée dans la vie lilloise aurait signifié l’absence de la diffusion des enseignements qu’il promeut. Le but de ses atelier reste principalement de ne pas faire oublier le musée qui reste toujours présent, non seulement grâce aux pièces présentées comme des animaux naturalisés, des fragments de la collection d’ethnographie ou encore des cristaux, mais aussi dans le cadre d’activités plus créatives comme la broderie sur photo, réalisée au Mini Lab de la Maison Folie Moulin. Les photographies proposées sont des clichés du musée et de ses spécimens emblématiques.

Ces événements plus artistiques permettent d’attirer un public différent, moins convaincu par les collections du musée que par les activités proposées. L’objectif est d’amener le public des ateliers au musée pour sa réouverture d’ici aux moins deux ans, afin de le découvrir… ou le redécouvrir.

Par Méline Morlighem

Photographie de Bastien Bertagna

 

ZOOM SUR :

Les musées virtuels, une nouvelle expérience de visite

Si le musée d’Histoire naturelle de Lille est actuellement fermé pour rénovation, il ne manque pas d’initiatives pour maintenir des liens avec son public. En plus des ateliers qu’il propose dans tous les quartiers de la métropole, le programme Le musée fait le mur permet aussi des visites sous d’autres formes.

visite virtuelle

Parmi elles, un musée virtuel accessible depuis son site internet, offrant une déambulation libre dans les salles comme si l’on y était. Mais pour une expérience plus immersive, il est aussi possible de le découvrir sur grand écran au musée numérique de la Maison Folie de Moulins, où un médiateur culturel, José, accueille les visiteurs chaque mercredi de 14h à 18h.

Ces visites, gratuites et ouvertes à tous, sont organisées jusqu’en juin, et permettent non seulement de continuer à explorer les collections du musée, mais aussi de bénéficier des explications d’un professionnel, qui détaille notamment les transformations prévues après les travaux.

Ces visites virtuelles, accessibles chez soi comme dehors, s’inscrivent dans une tendance apparue durant la pandémie de Covid-19 pour pallier l’impossibilité de visiter les lieux. Le Louvre avait ainsi ouvert la voie dès 2020 avec l’expérience En tête-à-tête avec la Joconde, offrant une exploration virtuelle de l’œuvre de Léonard de Vinci via smartphone. Au-delà de leur dimension immersive, ces dispositifs permettent de toucher un public plus large, incluant ceux qui ne peuvent se déplacer pour des raisons de mobilité, de santé ou de distance. Ils participent ainsi à une démocratisation du patrimoine tout en constituant des archives digitales pour les générations futures. À cet égard, l’initiative du musée en rénovation fait écho à celle mise en place après l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’expérience Éternelle Notre-Dame, qui a rendu accessible le lieu pendant les travaux de reconstruction.

Par Justine Clastre

Vidéo de Valentin Ducher

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