Alors que les couloirs de la SPA résonnent de solitude, au Waf Café Chiens, ce sont des petits museaux et l’odeur du café qui accueillent les visiteurs. Ce café lillois, situé près du Quai du Wault, propose depuis cette année d’accompagner chaque procédure d’adoption par du coaching.
On dit que le chien est le meilleur ami de l’homme, mais que devient l’ami quand l’homme s’en va ? Le taux d’abandon a fortement augmenté ces dernières années en France. L’association GRAAL pour la retraite des animaux de laboratoire déclare que « chaque été, plus de 60.000 animaux sont abandonnés en France ». Pour ne pas arranger les choses, on estimerait en 2025, une hausse des abandons de « 4.3 % par rapport à 2024 ». La SPA observe une perte d’intérêt de la part du public, laquelle déplore que « les chiens sont les plus impactés [avec une baisse de] 6,4 % d’adoptions ». Cette association reconnue d’utilité publique manque de place et de fonds pour accueillir ces chiens, dont le nombre augmente. On observe ces dernières années une hausse des chiens errants, lesquels seraient de « plus de 300 millions à travers la planète » selon National Geographic. Par conséquent, un grand nombre d’expériences d’adoption sont compliquées, car ces structures manquent de temps pour offrir un accompagnement individuel.
Des initiatives motivantes
Intérieur du Waf café, ©Maud VINCENSINI
À Lille, un concept original voit le jour : le WAF, un café à chiens. Situé dans le Vieux Lille, Justin et sa femme ont repris ce café il y a 7 ans, 2 ans après son ouverture. Ils souhaitent désengorger à une petite échelle le nombre de chiens abandonnés ou errants grâce à de nombreuses associations, y compris à l’étranger avec l’Arche de Kala en Roumanie. Cette solution permet aux maîtres de découvrir des chiens dans un cadre agréable et de permettre une réflexion plus approfondie
Un concept innovant
Conscient que l’adoption ne s’improvise pas, le patron du café a profité de son congé paternité pour mettre en place un système de coaching pré- et post-adoption en visioconférence. Justin anime ces échanges au prix de 60€ l’heure, lui qui dit « savoir y faire » en sauvant « depuis 7 ans des chiens et [vivant] avec 5 chiens tous les jours ». Il donne des conseils sur le plan financier et logistique, ainsi que sur le type de chien adéquat à adopter. Les clients sont invités à remplir un formulaire pour faciliter la démarche d’adoption. Il sait dire « non » quand il estime que les candidats ne sont pas prêts. Derrière cette entreprise, Justin veut provoquer une prise de conscience chez le maître, même si cela relève de la responsabilité de chacun d’appliquer les conseils prescrits.
Des limites économiques
Chien à adopter au Waf café, ©Maud VINCENSINI
Ce dispositif ne connaît pas encore beaucoup de demandes car il est récent et nécessite de la communication sur les réseaux sociaux. De plus, ces échanges lui demandent du temps en dehors des heures d’ouverture du café. Pour des raisons économiques, il écarte l’idée d’embaucher une personne assignée au coaching. A ce titre, l’avenir du café est nuancé selon le responsable, avec un loyer élevé laissant planer l’idée d’un déménagement. Toutefois, il n’a « pas encore trouvé chaussure à mon pied », et le café a été très impacté par la crise du Covid avec le rattrapage des charges dont il paye encore les frais. Le concept incarne redéfinition du lien entre l’humain et le chien. Chaque initiative peut contribuer à changer les mentalités et peut-être, à réduire les abandons.
GILBERT Sasha
ZOOM
Légiférer et prévenir la protection animale
L’enjeu de la protection animale est ancien en France avec une première loi en 1850. Les années 1990 marquent un tournant avec des lois renforçant les conditions de vie animale. La loi Nallet, par exemple, fixe les conditions sanitaires pour acquérir un animal et interdit l’euthanasie systématique des animaux perdus ou abandonnés.
La dernière législation relative à la protection animale date du 30 novembre 2021. Elle met en place un certificat d’engagement et de connaissance avant l’achat de l’animal, des mesures plus strictes d’acquisition et un durcissement des peines en cas d’abandon. Un stage de sensibilisation à la prévention et à la lutte contre la maltraitance animale peut être prononcé à l’encontre d’un condamné s’étant montré dangereux envers les animaux.
Cette volonté de contrôler les circonstances d’acquisition des animaux de compagnie vise à limiter les abandons, qui deviennent de plus en plus fréquents. Cela s’accompagne d’un dispositif de prévention assez large. Le site de Solidarité-Peuple-Animal diffuse un message du ministère de l’Agriculture, renvoyant à des articles permettant aux actuels ou futurs détenteurs d’animaux de compagnie de prendre connaissance des modalités et devoirs qui accompagnent leur possession. Le hashtag #StopAbandon, apparu sur les réseaux sociaux depuis l’été 2021, a permis de sensibiliser largement à la cause animale. En 2019, l’association « 30 millions d’amis » avait également mis en place une grande campagne pour prévenir l’abandon animal.
GOILLOT Clément
