Quand la musique est propre

by Etudiants de l'académie

Du 26 au 28 septembre 2025, le festival Sustain a eu lieu à Lille. Organisé par l’Aéronef, cet événement combine musique et écologie avec des concerts, des tables rondes ainsi que des ateliers participatifs, pour réfléchir collectivement à un avenir musical durable.

Pendant les 3 heures d’atelier de cette Fresque de la musique, un membre du collectif Music For Planet distribue des cartes imagées, sur lesquelles sont inscrites des enjeux tels que « la mobilité des publics » ou « l’utilisation d’énergies fossiles ». Le but est ensuite de discuter avec les autres participants pour organiser ces cartes en formant une frise chronologique sur le mode cause/conséquence. Pour Julie Hélin, participante, le mode de la fresque est un bon moyen de sensibilisation, puisqu’il fait intervenir les participants et les pousse à réfléchir, qui est selon elle le premier pas vers la lutte. « On a tous notre rôle à jouer. Il faut forcément commencer quelque part, et notre prise de conscience va s’affiner en se mettant en action. »
Après cet exercice, le groupe se retrouve autour d’un cas pratique : celui d’une petite salle de concert locale, le Zeppelin à Saint-André-Lez-Lille. L’objectif est de trouver tous ensemble des solutions pour rendre cet endroit le plus “écolo” possible, à travers des idées concrètes comme le fait de servir des aliments locaux, ou encore d’agrandir le parking vélo pour favoriser les mobilités douces.
En effet, la pollution causée par l’industrie musicale est colossale. Selon le rapport Déclic, publié en 2023, une salle de concert émet en moyenne 570 tonnes de CO2 par an, tandis qu’un festival en émet 742 tonnes. Dans les festivals, plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre sont engendrées par le transport des spectateurs. Les achats (restauration, bar) sont la deuxième cause de pollution, puis viennent les installations, les déplacements des artistes et le flux des déchets. Hors live, la pollution est causée par le streaming de musique en ligne ainsi que la vente de produits dérivés à l’effigie d’un artiste (merch, goodies).

« Nous sommes à l’aube de la 6e extinction de masse. La 5e, c’était les dinosaures. Cette fois, c’est nous la météorite. »
Le ton est incisif. On ressent une forme de colère sourde parmi tous ces gens, qui ont choisi de se lever un vendredi matin pour se rendre à la fresque de la musique. Cette colère, ils la transforment en mouvement, en carburant pour agir. Ces hommes et femmes, de tous âges, venant du milieu musical ou non, s’agitent autour des grandes tables pour exposer leurs idées. Le but de cet atelier, organisé à l’Aéronef de Lille à l’occasion du festival Sustain, est de trouver des idées pour réinventer l’industrie musicale face aux enjeux climatiques.

Un membre de Music for planet explique résultat fresque
Les participants sont réunis pour discuter de la fresque qu'ils viennent de contruire

Pendant les 3h d’atelier de cette Fresque de la musique, un membre du collectif Music For Planet distribue des cartes imagées, sur lesquelles sont inscrites des enjeux tels que « la mobilité des publics » ou « l’utilisation d’énergies fossiles ». Le but est ensuite de discuter avec les autres participants pour organiser ces cartes en formant une frise chronologique sur le mode cause/conséquence. Pour Julie Hélin, participante, le mode de la fresque est un bon moyen de sensibilisation, puisqu’il fait intervenir les participants et les pousse à réfléchir, qui est selon elle le premier pas vers la lutte. « On a tous notre rôle à jouer. Il faut forcément commencer quelque part, et notre prise de conscience va s’affiner en se mettant en action. »
Après cet exercice, le groupe se retrouve autour d’un cas pratique : celui d’une petite salle de concert locale, le Zeppelin à Saint-André-Lez-Lille. L’objectif est de trouver tous ensemble des solutions pour rendre cet endroit le plus écolo possible, à travers des idées concrètes comme le fait de servir des aliments locaux, ou encore d’agrandir le parking vélo pour favoriser les mobilités douces.
En effet, la pollution causée par l’industrie musicale est colossale. Selon le rapport Déclic, publié en 2023, une salle de concert émet en moyenne 570 tonnes de CO2 par an, tandis qu’un festival en émet 742 tonnes. Dans les festivals, plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre sont engendrées par le transport des spectateurs. Les achats (restauration, bar) sont la deuxième cause de pollution, puis viennent les installations, les déplacements des artistes et le flux des déchets. Hors live, la pollution est causée par le streaming de musique en ligne ainsi que la vente de produits dérivés à l’effigie d’un artiste (merch, goodies).

Emission CO2 d'une salle de concert ( En tonnes de CO2 par an
0
Emission CO2 d'un festival
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Se réunir en chanson

Evidemment, la musique live est celle qui pollue le plus, mais c’est également celle qui procure le plus d’émotions chez le spectateur. Pour Nawel, 33 ans, il serait difficile de se passer des concerts. Au-delà d’un moment de musique, c’est avant tout une expérience humaine. « Ce que j’ai apprécié, c’est surtout le fait d’être entourée de plein de personnes, de chanter et danser tous ensemble. » Pour Nawel, les concerts et les festivals sont l’occasion de se retrouver entre amis, de se faire plaisir et de profiter de la musique en direct, sans l’interférence d’un écran.

Jupe en masque
Julie Hélin et Marion Lescaut vêtue de leur jupe en masque. Crédit photo : Julie Hélin

Pour continuer de profiter de ces moments sans nuire à la planète, il existe des alternatives et des gestes simples. On pense souvent que l’action doit venir d’en haut, des principaux responsables, du gouvernement. En réalité, c’est par des actions à petite échelle d’un grand nombre de personnes que les choses changeront, et que les habitudes de l’industrie musicale évolueront. Selon Julie Hélin, elle-même militante écologiste, le plus important, « c’est d’agir ensemble, d’être dans la convivialité, en embarquant les gens plutôt qu’en leur faisant peur »

Par exemple, au lieu d’agir dans son coin et de faire culpabiliser ceux qui ne font rien, il faut leur donner envie, en leur donnant des pistes simples. Julie est un exemple de cet engagement dans la joie : en 2024, avec son amie et artiste Marion Lescaut, elle a fait la tournée des festivals, habillée d’une jupe construite à base de masques chirurgicaux. Le but : s’amuser, boire des bières, mais surtout discuter et faire réfléchir des gens qui leurs posent des questions sur leur accoutrement, à qui elles expliquent les conséquences environnementales de ces masques à usage unique.

De notre côté, pour éviter de polluer en se rendant en festival, on peut privilégier le train ou le covoiturage au trajet seul dans la voiture. Évidemment, c’est encore mieux de privilégier des petits concerts, dans des petites salles proches de chez nous, qui polluent moins que les grosses salles. Même si certains festivals se mettent au vert, comme We Love Green qui a rendu son alimentation exclusivement végétarienne en 2023, des progrès sont encore à réaliser, de la part des organisateurs, des artistes et des spectateurs, pour continuer de se retrouver autour de la musique sans polluer la planète.

Louann Malardé

Photos : Kahina Hadjeras

Zoom sur… Une tournée inspirante en matière d’écologie

Le rapport Déclic est sans appel : les concerts, qu’ils s’inscrivent au sein d’un festival ou dans une tournée, sont nocifs pour l’environnement. Les voyages des équipes et l’énergie de la régie comptent parmi les grands émetteurs de CO2. Et les externalités négatives augmentent avec l’ampleur des concerts. Face à ce constat, évoquer une tournée mondiale ferait grincer les dents chaque personne consciente des dégâts de l’industrie musicale. Mais détendez-vous, car certains artistes ont trouvé des solutions pour diminuer leur empreinte carbone. Mettons à l’honneur le groupe mondialement reconnu : Coldplay.

Lors du lancement de sa tournée Music of Spheres Tour en 2021, le groupe s’est fixé l’objectif de réduire de moitié leurs émissions directes de carbones. Deux ans plus tard, les résultats dépassent leurs espérances : par rapport à leur tournée 2016-2017, leurs émissions ont chuté de 59%.

Relayées sur l’Instagram de la bande, ces données ont été calculées par le MIT Environmental Solution Initiative, sous l’égide de John E. Fernandez.

«[…] Coldplay trace une trajectoire vers un avenir équitable, bas en carbone et respectueux de la biodiversité »
John E. Fernandez
John E. Fernandez
Spécialiste des matériaux durables

Et pour cause : l’impact du fret a diminué de 33% (avec les 3000 t.CO2 évitées par l’achat de carburant d’aviation durable), 72 % des déchets de la tournée ont été recyclés, 86% des bracelets LED ont servi pendant 2 ans et demi. 18 concerts ont été alimentés exclusivement par des batteries recyclées issues de la BMW i3 et le groupe a financé la plantation de 7 millions d’arbres. Les fans ont aussi réduit l’empreinte carbone du groupe en privilégiant les transports en commun via les partenariats avec des entreprises à faibles émissions, et en dansant sur une piste cinétique.

Loin de ShakaPonk et de sa décision d’arrêter les concerts pour préserver l’environnement, Coldplay propose des alternatives écologiques pour pallier l’empreinte carbone de ses concerts. Faut-il encore que d’autres artistes interplanétaires à l’instar de Taylor Swift suivent la dynamique verte esquissée par Coldplay pour faire chuter l’impact environnemental des tournées.

Marie Brunette

Interview de la musicienne Blumi sur l’avenir de la musique à l’aune de la crise climatique. Vidéo réalisée par Daso Merkel Loucif. Propos recueilli par Kahina Hadjeras et Louann Malardé.

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