Sock en Stock, les chaussettes du bonheur

by Etudiants de l'Académie
Depuis 2017, Nathan et Léa œuvrent pour l’association Sock en Stock qu’ils ont créée, à Lille. Le principe ? Récupérer des chaussettes orphelines et reconstituer de nouvelles paires pour enfin les redistribuer aux plus démunis.

Lundi matin, 7 h 45, vous êtes en retard. Vous êtes presque prêt(e), il manque une chose à votre tenue : vos chaussettes. Vous prenez une paire au hasard, et une fois dans la voiture, vous réalisez l’erreur en déroulant vos deux chaussettes : elles sont dépareillées. Un air de déjà vu ? C’est normal. Le mythe de la chaussette orpheline ? Il existe bel et bien.

Des pieds en bon état, une nécessité pour les sans-abris

 

Lassés de cette situation, Léa et Nathan, habitants du Nord, ont eu une brillante idée : allier rangement et solidarité. Pour faire face à trop d’inégalités, l’association Sock en Stock rechausse(ette) migrants et sans-abris. Nous donnons instinctivement pulls, gants et bonnets, manteaux chauds et pantalons aux plus précaires. Mais les chaussettes ? Indispensables dans les chaussures, elles sont pourtant sous-représentées dans les dons de vêtement. C’est de toute cette réflexion que découle l’association : Sock en Stock agit pour combler cette lacune. Et pour cause : les sans-abris et les migrants marchent beaucoup, c’est souvent leur seul moyen de transport pour aller des foyers d’accueil aux centres sociaux, aux cantines solidaires, aux services d’accueil administratifs. Sans pieds en bon état, ces personnes se retrouvent bien souvent sans aucun espoir d’amélioration.

Une quinzaine de points relais et des ateliers

Comme les piles ou les bouchons en plastique, vous pouvez ainsi déposer vos chaussettes dépareillées dans un peu plus d’une quinzaine de lieux de l’agglomération lilloise. Le seul critère : que les chaussettes soient propres, sèches et non trouées. Orphelines ou bien par paires, les chaussettes de toutes les couleurs et tous les motifs sont acceptées et vont des pointures bébé (16-18) aux plus grandes tailles adultes (47-50). Elles sont ensuite récupérées par les 35 bénévoles actifs de l’association pour les laver, les désinfecter, les trier, et reconstituer des paires par taille et par couleurs. Les paires fraîchement réunies sont ensuite distribuées via d’autres associations lilloises d’aide aux plus démunis. Un travail imposant, mais fait dans la bonne humeur, au sein d’une grande chaîne de solidarité.

Olivier, responsable de Day by Day, un des points de collecte de la métropole lilloise. © Clara Denis
Day by Day, point de collecte. © Clara Denis
L’association fait d’ailleurs souvent parler d’elle : plus de 1500 personnes suivent sa page Facebook et sont tenues régulièrement au courant des ateliers de triage qu’elle organise, deux dimanches par mois. Le dernier en date eu lieu le 22 septembre, où 346 paires ont pu être reconstituées par une petite dizaine de bénévoles. Olivier, gérant de Day by Day Lille, et partenaire de Sock en Stock depuis 3 ans et demi, constate l’évolution :  « Toutes les semaines, nous recevons des chaussettes. Le gens sont heureux de pouvoir participer à petite échelle, et de plus en plus de personnes sont au courant de l’initiative. » En tout, depuis 2017, 1519 kg de chaussettes ont été récupérés, et 13 886 paires redistribuées.

Sock en Stock, un double enjeu

Nombreux sont ceux qui croulent sous les demandes de dons des associations, et finalement peu de personnes donnent de l’argent, par manque de confiance envers les structures, par lassitude ou par manque de moyens financiers. Sock en Stock permet de réaliser une bonne action sans être financièrement dépendant d’une association. De plus, l’engagement est simple et peu envahissant : il est facile d’intégrer la chaîne de tri solidaire deux dimanches par mois. L’association permet ainsi de s’engager sereinement dans un projet de bien-être social de grande ampleur. Mais revenons au début de l’article : Sock en Stock permet aussi de faire du tri dans nos placard, et d’éviter les mauvaises surprises le matin ! Un double bénéfice, en somme.

 

Vous souhaitez adhérer à l’association, devenir bénévole, ou les contacter ?

Twitter : @sockenstock

Facebook : Sock en Stock

Mail : contact@sockenstock.fr

 

 Vous pouvez déposer vos chaussettes dans les endroits suivant :  

 

  • Artisans du monde : 144, rue Léon Gambetta, 59 000 Lille
  • Bibliothèque municipale de Lille-Wazemmes : 134, rue de l’abbé Aerts, 59 000 Lille
  • Biocoop Wattibio Wattignies : 14, avenue de l’Europe, 59 139 Wattignies
  • Café citoyen Les Sarrazins : 52, rue des Sarrazins, 59 000 Lille
  • Day by Day Lille : 384, rue Léon Gambetta, 59 000 Lille
  • Décathlon Campus : 4, boulevard de Mons, 59 650 Villeneuve d’Ascq
  • EthiCS Lille : 626, Avenue de Dunkerque, 59 160 Lille
  • Green Kids : Avenue des Hirondelles 4, 1410 Waterloo, Belgique 
  • Hotel de ville de Lille : place Augustin Laurent, 52 sous les arcades de l’Hotel de Ville, 59 000 Lille
  • La Popote by Pat et Lolo : 9, rue des Sarrazins, 59 000 Lille
  • Maison de quartier du Vieux-Lille : 13, rue de la Halle, 59800 Lille
  • Maison de quartier Lille-Wazemmes : 100, rue de l’Abbé Aerts, 59000 Lille
  • Maison de l’habitat durable de Lille : 7B, rue Racine, 59 000 Lille
  • Oxfam Le Magasin Lille : 24, rue de l’Hopital Militaire, 59800 Lille

 

par  Louise Chevillard

Redonner l’intime:

En France, les associations d’aides aux sans-abris se débattent tous les jours pour répondre aux besoins de l’intime. Les culottes, slips, soutien-gorges, caleçons et chaussettes sont, de tout temps, les habits les moins donnés. Si l’association Sock en Stock répond aujourd’hui à une infime partie du problème, il n’en demeure pas moins une certaine gêne concernant ce type de dons. En effet, tant chez les donateurs que chez les receveurs un sentiment de honte s’est installé. Plusieurs mouvements tentent de décomplexer ces dons et de les encourager, mais les demandes touchant à l’intime sont délicates et ne sont enfin dites que lorsque la situation devient insoutenable. A ce titre, la précarité menstruelle constitue aussi un problème important. Néanmoins, à l’heure où parler de l’intime se normalise dans les débats publics, des associations à l’instar de Sock en Stock émergent pour palier ce manque. Féminité Sans-Abri ou Règles élémentaires participent ainsi à la restauration de la dignité des femmes. Pour ce qui est des sous-vêtements, le chemin semble encore long mais tend à se démocratiser.

par Julie Marty et Jules Unit

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