Améliorer la place des femmes dans le sport, un véritable enjeu
Au cœur de l’actualité, la mixité touche aussi nos loisirs. On entend par mixité la non-séparation des sexes. Tandis que l’on tente de promouvoir l’égalité hommes-femmes au travail, qu'en est-il dans le sport ?
En 2010, le physicien israélien Ira Hammerman a montré que les femmes ont en moyenne 10 % de force musculaire en moins que les hommes. Cette statistique explique la différence entre les records masculins et féminins dans les disciplines comme l’athlétisme ou la natation. Cependant, les femmes rivalisent avec leurs homologues masculins dans les compétitions qui demandent technique et mental. Par exemple, la pilote automobile Michèle Mouton a été la première femme à remporter un rallye WRC (World Rally Championship) et reste la seule, à ce jour, à avoir réalisé cette performance. En effet, les sports automobiles peuvent accueillir des femmes mais celles-ci se sentent souvent non concernées ou mises à l’écart.
Si la majorité des sports sont ouverts aux deux genres, rares sont ceux ayant des compétitions mixtes. Prenons l’exemple des Jeux olympiques. Il y avait seulement huit épreuves mixtes sur les 102 des Jeux d’hiver de PyeongChang (Corée du Sud) en 2018, et neuf sur les 306 épreuves des Jeux d’été de Rio (Brésil), en 2016.
Les épreuves mixtes
Jeux Olympiques de PyeongChang
~ patinage artistique : par équipe, en couple et la danse sur glace
~ luge : double et relais par équipes
~ curling : double
~ biathlon : relais mixte
~ ski alpin : team event
Jeux Olympiques de Rio
~ voile : Nacra 17
~ badminton : double mixte
~ tennis : double mixte
~ équitation : concours complet, dressage, saut d’obstacles (tous individuel et par équipe)
Mais pour développer la mixité dans le sport, il faut que les femmes s’autorisent à pratiquer un sport et s’affirment dans ce domaine. Le but est donc de promouvoir dans un premier temps la féminisation du sport et de ses instances avant de s’attaquer au problème de la mixité.
Des solutions pour une pratique plus accessible
De nombreuses solutions ont été et sont mises en place pour tenter de rendre la pratique du sport plus accessible aux deux sexes. Certains sports ont ainsi décidé d’adapter leurs règles, pour pouvoir accueillir des garçons comme des filles. Le flag, par exemple, est une variante du football américain où les joueurs doivent tirer un drapeau (flag) accroché à la ceinture pour stopper l’adversaire. La suppression des contacts permet aux hommes et aux femmes de s’affronter dans le respect de chacun.
Le kin-ball est aussi un sport mixte, où le respect et le fair-play sont les maîtres-mots. Les quatre coéquipiers doivent taper dans le ballon, donc personne n’est mis de côté.
Règles du kinball
Sur un terrain carré, 3 équipes de 4 joueurs s’affrontent. Le but est que le ballon touche le sol avant que l’équipe appelée ne le rattrape. Le ballon mesure 1,22 m et pèse moins de 1 kg. Un joueur va annoncer l’équipe qui doit réceptionner le ballon en disant « OMNIKIN (+couleur de l’équipe) » et frapper la balle. Les quatre coéquipiers doivent toucher la balle au moment de la frappe. L’équipe appelée doit réceptionner le ballon avec n’importe quelle partie du corps. Si elle le récupère, c’est à elle de jouer, mais s’il touche le sol avant qu’elle n’ait pu le rattraper, les deux autres équipes marquent 1 point. La première équipe à 13 points remporte la manche.
Par ailleurs, le gouvernement français a mis en place des mesures pour favoriser l’insertion des femmes dans le sport. Celles-ci sont véhiculées par des actions concrètes dans les écoles pour sensibiliser à la mixité dans dès le plus jeune âge. La Journée nationale du sport scolaire (JNSS), qui s’est déroulée le mercredi 26 septembre 2018, avait d’ailleurs pour thème l’égalité filles/garçons. De plus, la Semaine olympique et paralympique (SOP) a été organisée dans tous les établissements scolaires du lundi 4 au samedi 9 février 2019 sur la même thématique.
Outre la pratique physique, cette opération promeut les valeurs sportives, l’inclusion des personnes en situation de handicap et la mixité. Ce dernier point n’est pas un choix anodin puisqu’il implique une mise en avant des deux grands événements sportifs de la saison, se déroulant dans l’Hexagone. D’une part, l’Euro féminin de handball, que les Françaises ont brillamment remporté en décembre dernier. D’autre part, la Coupe du monde féminine de football, en juin prochain, lors de laquelle les Bleues auront besoin d’autant d’encouragements que leurs homologues masculins l’an passé.
Une volonté des plus hautes instances d'encourager la mixité
Le Comité international olympique (CIO) s’ouvre aussi à la mixité. Sept nouvelles épreuves mixtes ont en effet été ajoutées au programme des Jeux olympiques de Tokyo, en 2020. De plus, le pourcentage d’athlètes féminines attendues est porté à 48,8 %, contre 45,6 % en 2016 à Rio.
Le monde du sport tente donc de développer la mixité à toutes les échelles. Ce vecteur de liens sociaux permettra peut-être de mettre un terme aux inégalités entre les hommes et les femmes, dans le domaine du sport comme dans les autres domaines.
Kim Clavel-Florent
Trois questions à Marie-Françoise Potereau, présidente de l'association Femix'Sports
Conseillère interministérielle en charge de l’égalité hommes-femmes, Marie-Françoise Potereau est la présidente de Femix’Sports. Au travers de cette association, fondée en 1999, l’ancienne cycliste de haut niveau veut lutter pour une place plus importante des femmes dans le monde du sport et propose des solutions.
Pouvez-vous présenter en quelques mots cette association ?
Femix’Sports a été créée sur proposition de l’ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports Marie-George Buffet, qui a été la première ministre à se soucier réellement du sport féminin. Nos objectifs sont multiples : promouvoir la place du sport féminin dans la société, la place de la dirigeante dans le sport (NDLR : on compte en France seulement 14 directrices techniques nationales sur 117 fédérations sportives), l’accès de la pratique sportive aux femmes et, enfin, l’accompagnement des sportives de haut niveau, notamment face aux discriminations.
Pourquoi la place des femmes dans le monde du sport est-elle si faible ?
Le sport a été créé par les hommes et pour les hommes. Les femmes sont venues très tard dans le sport. Aujourd’hui, tous les sports féminins ne sont pas professionnels. On part de très loin, et rattraper ce retard prend un temps fou.
Quelles solutions supplémentaires l’État peut-il apporter au problème de la place des femmes dans le sport ?
Premièrement, dans le domaine de l’accès aux responsabilités, il faut augmenter les quotas de femmes dirigeantes (NDLR : il existe déjà la Loi du 4 août 2014, qui impose aux fédérations sportives des quotas quant au nombre de femmes dans leur comité directeur). Ensuite, il faut promouvoir les métiers du sport au féminin : aujourd’hui, il existe très peu d’entraîneurs femmes, donc les jeunes filles ne peuvent pas s’identifier à ce genre de métier. Enfin, mettre en place une promotion de l’activité sportive en général, pour encourager les jeunes filles qui n’en ont pas la possibilité à pratiquer.
Propos recueillis par Florian Poras