Lever de rideau sur un acteur de l’émancipation des jeunes par la culture
Au Grand Bleu, petite scène lilloise, les artistes jouent également un rôle d’initiateur auprès du jeune public. L’occasion de partager les codes du genre et d’ouvrir de nouvelles perspectives, par l’art, comme l’indique Bérangère Harcouet, la chargée des relations publiques.
Le langage de l’art n’a aucune limite et sa découverte permet une ouverture d’esprit, d’autres manières d’apprendre, de voir et de comprendre le monde. Il existe pourtant des inégalités d’accès aux lieux culturels, les théâtres et opéras étant considérées comme trop chers1, inaccessibles et parfois élitistes. Certains lieux et acteurs tentent pourtant de briser cette barrière sociale.
Le Grand Bleu est un théâtre lillois labellisé scène conventionnée « art enfant et jeunesse ». La programmation du théâtre se veut diversifiée : elle cible principalement la jeunesse, mais aussi les familles en s’émancipant d’un « contenu élitiste ». Le public de ce théâtre est composé à 70% de scolaires. Cela permet une forme d’égalité, puisque les enfants sont amenés, et en un sens contraints, à assister aux spectacles avec leur classe.
« C’est un apprentissage du vivre ensemble »
Avant les représentations, un intervenant du Grand Bleu accompagne les classes, muni d’une fiche pédagogique contenant des activités à faire avant et après la représentation. Cela instaure une familiarité entre les jeunes et le théâtre, et les sensibilise au sujet de la pièce. Les artistes sur scène s’adressent à un public en construction, et, pour Bérangère Harcouet, « il est important de réfléchir à comment traiter un sujet, sans pour autant créer de tabous ». On trouve en effet des pièces parlant de la mort et du deuil, comme celle d’Enora Boelle.
Les élèves ont alors, grâce au théâtre, l’opportunité de voir leur programme scolaire enrichi des expériences culturelles qu’ils ont vécues, et ont ainsi accès à une éducation plus humaine et concrète. Toujours selon Mme Harcouet, cette ouverture culturelle permet « d’éveiller sur des thèmes complexes, parfois sensibles. C’est un apprentissage du vivre ensemble, de l’acceptation des différences, et un développement de l’esprit critique ». Chaque personne peut avoir son avis, positif ou négatif, et est invitée à l’exprimer. Ici, « l’expression d’un avis construit et constructif est mis en avant. Ainsi plus tard, ils seront capables de s’élever contre les injustices qu’ils ne tolèrent pas ».
Depuis un an, le Grand Bleu offre aux enfants venus voir un spectacle avec leur classe, une invitation pour celui-ci ainsi qu’un tarif réduit pour leurs parents. C’est une initiative qui pourra, à terme, ancrer les sorties culturelles dans le quotidien des familles ayant peu de moyens, ou n’allant tout simplement pas au théâtre par peur d’un manque de légitimité.
Le travail indispensable des autres structures culturelles
Beaucoup d’associations et de lieux œuvrent pour permettre à tous, dès le plus jeune âge, de s’ouvrir au monde et de s’exprimer, que ce soit par la musique, le théâtre, la danse, l’écriture, le cirque, le dessin… L’objectif n’étant pas d’éduquer les jeunes à la culture, mais bien de valoriser l’expression de leur propre identité culturelle.
Chacune de ces activités, à leur manière, est un petit pas vers l’apprentissage de la manifestation de ses convictions, de la prise de confiance nécessaire pour trouver sa place et s’exprimer dans la société d’aujourd’hui et de demain.
Les Maisons de la culture et de la jeunesse, les théâtres ou les musées, les conservatoires ou les écoles de danse, les associations diverses et variées, peuvent toutes jouer un rôle important dans la vie et le développement des jeunes.
Zoé Montaye Braun
1 Un billet peut coûter entre 8 € et 23 € au théâtre et entre 8 € et 70 € à l’opéra en fonction des spectacles et des régions.
Des lieux d'éducation par la culture
Originaires des années 50, c’est entre 1960 et 1968 que les Maisons Jeunesse et Culture s’implantent, multipliant leur nombre par quatre. Encouragées d’abord par le ministère des Jeunesses et des Sports, puis par les collectivités locales, elles visent une « éducation populaire ». En 2015, Frédéric Prelle, président de la Confédération des MJC définit l’éducation populaire comme une éducation permanente qui se fait grâce à des activités, des rencontres de différentes personnes, et la construction d’une société par le lien social.
Aider chacun à développer sa sensibilité comme son intelligence, lui fournir les moyens de culture que réclame son épanouissement -Extrait de la Déclaration des principes de la CMJC de France, 1994
Au sein de centres de loisirs, d’activités, de stages, les échanges développent chez les jeunes des formes de responsabilité et de sensibilité ; les nouveaux citoyens s’éveillent. Si l’implantation des MJC au plus près des jeunes est un poids dans leur importance, les tarifs qu’elles proposent sont aussi un atout majeur. Par exemple, à la MJC de Saint André Lez de Lille, 7€ seulement sont nécessaires afin d’adhérer pour l’année et ainsi pouvoir participer aux activités et être acteur dans les décisions prises à la MJC.
Avec une accessibilité à tous à la culture et aux rencontres, les MJC jouent un véritable rôle dans la construction des jeunes.
Emma Daran
Découvrir l’art dès le plus jeune âge
Artiste musicien, Benjamin Collier évoque son ressenti sur les projets participatifs pour lesquels il travaille depuis plusieurs années. Collaborateur de nombreuses écoles et associations, il met en avant l’évolution et le développement de ces projets ces dernières années, ainsi que leur rôle essentiel selon lui.