Cancer du sein : se guérir après le traitement
Le soin hospitalier est le premier remède à la maladie notamment pour les pathologies lourdes comme les cancers. Mais guérir, ce n’est pas seulement soumettre son corps à des traitements. Une fois parvenues au terme du protocole, les femmes atteintes du cancer du sein éprouvent un sentiment d’abandon. Pourtant, des acteurs associatifs s’unissent et les accompagnent vers une autre guérison.
Danielle a 47 ans lorsqu’elle apprend sa maladie. Atteinte du cancer du sein, sa première réaction, comme pour tant d’autres femmes, fut le déni. D’ailleurs, le mot « cancer » l’effraie, elle préfère parler de « maladie grave ». En 2017, son combat commence. Elle y mettra toute ses énergies. Danielle subira 6 chimiothérapies, 25 radiothérapies et une ablation totale du sein gauche.
Corps mutilé et agressé par les traitements, elle engage à son rythme une reconstruction accompagnée par le corps médical. Une équipe qu’elle juge “rassurante et à l’écoute”. L’accompagnement professionnel est nécessaire mais diffère selon la pathologie. Pour le docteur Géraldine Orazi, chirurgienne au Centre Hospitalier Universitaire de Roubaix : “Les soins de supports se sont développés en oncologie par rapport à d’autres maladies. […] Les consultations d’annonces obligatoires sont censées informer les patientes sur leur traitement mais aussi sur les aides dont elles pourraient bénéficier tout au long de leur maladie. Des psychologues ont été intégrés dans les services. Petit à petit, nous essayons de mettre en place des groupes de parole, mais il est encore compliqué pour ces femmes de parler de la maladie”.
Si l’accompagnement se développe en cancérologie, une fois le protocole exécuté, les femmes peinent parfois à se tourner vers d’autres instances : “c’est vrai qu’il y a un sentiment d’abandon quand on finit le protocole mais il faut aussi être acteur de sa maladie, oser demander de l’aide”, selon Danielle.
Un accompagnement après l’hôpital
Le milieu associatif joue un rôle fondamental dans le processus de guérison. Si pour certaines femmes, guérir c’est arriver à terme du protocole, il est nécessaire d’accepter un accompagnement soutenu et continu, même après la sortie de l’hôpital.
Il faut vraiment les deux pour guérir : certes l’hôpital dans un premier temps mais aussi les associations qui apportent des solutions. Danielle
En lien avec les hôpitaux, certaines organisations mènent des actions. Subventionnée par le CHU de Roubaix, l’association sportive “Ecole du mouvement” incite les femmes à une pratique sportive régulière et adaptée à leur capacité. D’autres associations indépendantes se forment pour accompagner dans cette épreuve. Depuis 1994, les blouses roses interviennent auprès des malades de tout âge. “Rompre la monotonie, apporter des sourires et de la joie”, telle est leur philosophie. Le traitement lourd génère parfois des effets secondaires : troubles alimentaires, eczéma, etc. Heureusement des solutions concrètes existent : de plus en plus, des nutritionnistes comme Valérie Royer-Garabige de l’Institut Curie à Paris, mettent en place des régimes adaptés : “il faut privilégier les alimentations à faible densité énergétique comme les fruits et les légumes. Après le traitement, le retour à une alimentation normale se fait progressivement.”
Les hôpitaux proposent également des ateliers d’éducation thérapeutique, il s’agit d’associer une activité physique et un atelier diététique afin d’apprendre aux femmes les bons gestes alimentaires après le traitement. Pour palier les problèmes de peau, le centre thermal de la Roche-Posay, (situé dans le département de la Vienne) accueille pendant trois semaines les patientes. L’objectif : œuvrer à la récupération psychologique et cutanée. Le soin est entièrement gratuit, seuls les frais de logement ne sont pas pris en charge.
Repenser sa féminité
Certaines boutiques spécialisées en lingerie proposent aux femmes malades des sous-vêtements et autres accessoires adaptés à leur nouveau corps. Le prix d’un soutien-gorge peut avoisiner 60 euros, somme non remboursable par la Sécurité sociale ou la mutuelle. Les perruques sont prises en charge à raison de 120 euros, seule la prothèse mammaire est intégralement remboursée. Des alternatives existent pour retrouver une part de féminité. Des tutos en lignes permettent aux femmes d’apprendre certaines astuces : comment nouer le turban, quel maquillage spécifique adopter.
Aujourd’hui, Danielle est en rémission, mais son combat ne s’arrête pas là. Elle participe aux diverses manifestations dédiées à la cause et espère intégrer l’association des blouses roses. En attendant, elle laisse un message d’espoir à toutes les femmes atteintes de la maladie : “il faut toujours garder le moral. Il est très important de tirer le positif de ce qu’il nous arrive. Accepter la maladie, avoir des projets et des buts, c’est ce qui permet d’avancer [….] on a le droit d’avoir des coups de mou, des moments de doute mais il faut savoir les accepter.”
Léa Aujal
Reportage: découverte de Cybèle boutique
Interview de Catherine Dhondt – Créatrice de Cybèle Boutique qui propose de la lingerie adaptée pour des femmes atteintes d’un cancer du sein.
Quand les jeunes s’en mêlent…
Trois questions à :
Pauline Chevaliez
À 22 ans, Pauline est diplômée de l’ISEM Roubaix (Institut Supérieur Européen de la Mode). Pour un mémoire de fin de parcours, elle a inventé une ligne de lingerie post-opératoire pour les femmes atteintes d’un cancer du sein. Elle a notamment imaginé une collaboration avec la créatrice Stella McCartney.
– D’où t’est venue cette idée de projet et de collaboration ?
J’avais envie de proposer un projet qui ait du sens, pas juste faire de la mode pour de la mode, j’ai pensé à un projet qui vienne en aide aux femmes. Mon idée de départ était de travailler sur le marché de la lingerie. Stella McCartney est hyper engagée dans la lutte contre le cancer du sein, j’ai voulu m’en inspirer.
– En quoi propose-t-elle une solution fiable pour les femmes ayant subi une ablation du sein ?
Les femmes auraient confiance en la marque, qui proposerait du haut de gamme et serait éco responsable (satin de soie végétal, nylon econyl…). C’est une ligne qui protège la poitrine, permet aux femmes de se trouver belles et séduisantes en portant des matières qui leur sont adaptées.
– Comptes-tu développer concrètement ton projet, et/ou as-tu d’autres idées pour aider les femmes à se reconstruire après leur opération ?
Pas encore, je ne suis pas spécialisée, mais si j’avais l’opportunité de le réaliser avec la marque et d’autres personnes qui ont les compétences nécessaires pour le faire, je le ferai sans hésiter. En dehors du côté commercial et médical, je pense qu’il faut aussi prendre en compte l’aspect mental d’une femme ayant subi ce genre d’opération.
Romane Chevaliez
Reportage : Lueur et élégance
Interview de Joseph Ricoeur et Laurine Salle de l’association Lueur & Élégance à l’EDHEC (École des hautes études commerciales du Nord).