Le zéro-déchet : plus qu’une pratique, une philosophie de vie
Tendance du moment, le zéro-déchet se répand de plus en plus, mais il n’est pas nouveau. C’est Béa Johnson qui a démocratisé ce terme purement marketing, sans pour autant avoir inventé ce mode de vie.
Zéro-déchet : le nom paraît tout trouvé. Pourtant, soyons clair, il est impossible de ne générer aucun déchet ; le but est d’y tendre. Pour ce faire, la règle des 5R est maître : refuser, réduire, réutiliser, recycler et retour à la terre. Refuser tout ce qui nous pousse à la surconsommation et finir le cycle en redonnant à la terre ce qui lui revient de droit, à travers la réalisation d’un compost par exemple. Cette simple action permet de réduire d’un tiers sa poubelle, tout en éliminant les causes d’odeurs pestilentielles potentielles.
De nombreuses pratiques concrètes découlent de ce mode de vie : acheter en vrac, fabriquer son produit vaisselle, son savon, utiliser un dentifrice solide, des serviettes hygiéniques lavables… Mais le zéro-déchet, c’est bien plus que cela. Pour Emma Bole, qui le pratique depuis maintenant trois ans et demi, après avoir été convaincue lors d’une conférence de Béa Johnson à Roubaix, c’est apprendre à « consommer autrement et réfléchir avant d’acheter ».
Emma insiste bien, « il faut que chacun trouve ses techniques, ses trucs » : rien de vraiment universel donc, l’important étant simplement d’être « en accord avec soi-même », comme elle l’est. En effet, l’adepte du zéro-déchet explique qu’on ne change pas sa vie du jour au lendemain mais qu’il faut d’abord vivre une prise de conscience.
Le zéro-déchet, c’est aussi et surtout dire « non »
En effet, lorsqu’on réalise que 634 000 kilos de déchets sont déversés dans les océans chaque seconde (environ 20 milliards de tonnes par an), difficile de rester indifférent. Sans oublier que les ressources naturelles s’épuisent. Le zéro-déchet traduit alors une volonté de résorber le gouffre dans lequel la planète se trouve.
Et pourtant, ce n’est que depuis une trentaine d’années que l’humain a créé « la société du jetable », dans une volonté de modernisation. Pour Emma, le zéro-déchet s’inscrit alors dans un simple retour aux valeurs humaines. « Les humains ont créé cette société du jetable. Notre pouvoir, c’est de dire “non”. » Dire non : non à la surconsommation inutile, non à la destruction de la planète.
En plus d’être une pratique clairement engagée pour la préservation de l’environnement, c’est aussi une manière de garder une hygiène de vie respectable. En effet, Emma assure tomber beaucoup moins malade qu’avant. Si elle ne connaissait rien au zéro-déchet avant d’assister à la conférence de Béa Johnson, Emma a maintenant étendu ce mode de vie jusque dans son milieu professionnel, travaillant à présent dans la boutique Ethics à Lomme.
Concédant que la tendance zéro-déchet ne semble pas évidente, Emma ajoute tout de même que cela est « faisable », et surtout, « économiquement rentable ». Il s’agit surtout de changer ses habitudes et de se tester. Depuis, Emma vit mieux et se recentre « sur ce qui a le plus d’importance, le moment présent ».
Fanny Baye
Achat en vrac : n’en jetez plus
« Sur certains produits, l’emballage représente grosso modo 20% du prix total payé par le consommateur. » À en croire Olivier, responsable de l’épicerie en vrac Day by Day, on se rend compte que les réflexes d’achat jouent de vilains tours. Des gestes tellement bien ancrés dans notre quotidien, qu’on en oublie que tout a un coût. De cette amnésie consommatrice, l’achat en vrac en prend le contre-pied. Le but : responsabiliser sa consommation en réduisant ses déchets, pour limiter son impact écologique et ses dépenses économiques.
En plein cœur de cette démarche, Olivier a conscience d’une chose : passer au vrac n’est pas si facile. Faire les courses avec ses propres contenants requiert un changement d’organisation, et un investissement parfois non négligeable au départ. Le grand écart peut effrayer. « Il y a beaucoup de pédagogie dans notre métier. Si je n’explique pas la démarche au client, il peut se dire que ce n’est pas pour lui », explique-t-il.
Pas à pas
Taille, modèle, matière. Pour les contenants, l’idée est de penser seconde vie. Tout est accepté. Olivier souligne : « Certains viennent même avec des anciennes boîtes de pâtes ! On ne force personne à acheter des bocaux pour faire du vrac. » Car la précipitation peut vite décourager. « C’est une démarche à tâtons dans laquelle on entre progressivement », précise-t-il.
Plus qu’une question d’argent, le vrac réinvente l’humain dans nos pratiques de consommation.
Nicolas Beublet
En photos : le mode de vie « zéro-déchet »
Photos par Alice Gapail
On a testé pour vous !
Timothée Barnaud