Campus Vert : des logements à loyer modéré pour les étudiants et jeunes actifs
Entre isolement des étudiants et engorgement du marché locatif urbain, la recherche d’un logement dans les métropoles universitaires peut vite devenir un fléau. Plusieurs associations se sont emparées du problème et tentent d’y apporter leur solution. C’est notamment le cas de « Campus Vert ». Le but ? Offrir des conditions d’études qualitatives entre cadre de vie agréable et loyer modéré, tout en permettant à des agriculteurs de réaménager d’anciens bâtiments de corps de ferme.
Nous sommes allés à la rencontre d’Hélène Wattelle, propriétaire à La Chapelle d’Armentières, et de ses locataires pour comprendre un peu mieux l’engouement autour du projet « Campus Vert ».
« On a commencé en 2011 avec 4 logements et depuis 2013 on en propose 6 au total. »
Leur projet voit le jour en 2007 quand Hélène et Marc, son compagnon, souhaitent refaire leur toiture et entretenir les anciennes granges attenantes à la maison principale. Hélène a également envie de se lancer dans l’aventure « Gîtes de France » mais après plusieurs recherches, cela se révèle difficilement compatible avec le travail d’agriculteur de son mari et le temps consacré à ses enfants en bas âge. Finalement, c’est vers le concept « Campus Vert » que le couple se tourne. L’association propose aux agriculteurs de découvrir le projet en passant une formation à Violaines ainsi que la visite de Campus Vert existants. « Cela permet de se rendre compte de l’investissement demandé et surtout de l’ampleur des travaux. » Car oui, les travaux sont conséquents : on parle ici de transformer d’anciennes granges accueillant des animaux en appartements équipés de 20 à 40 m2.
Avant de se lancer, les agriculteurs doivent mûrir leur projet, demander l’adhésion au réseau Campus Vert qui, s’il donne son aval, ouvre droit à des subventions régionales. Pour que le projet soit rentable, Campus Vert incite à faire le plus soi-même et à achever son projet pour les rentrées scolaires.
Pour les propriétaires, l’intérêt principal du réseau est l’accès à la centrale de réservation. Contre une cotisation annuelle par logement, celle-ci met en lien étudiants et agriculteurs dans un rayon de 20 minutes en transports. Ainsi les étudiants remplissent un formulaire de contact en ligne et reçoivent une liste de logements à la ferme vacants dans la zone universitaire demandée. Après la visite, le choix final revient au propriétaire.
La gestion et la communication inhérentes au réseau sont deux autres atouts. Les recherches de locataires et les démarches administratives sont facilitées. Selon Hélène, une fois les travaux et la préparation des entrées achevés le plus gros du travail est fait, même s’il reste toujours une part d’aléas.
Ce système propose à terme un revenu complémentaire pour les agriculteurs et pérennise le patrimoine. La valorisation du territoire périurbain convainc également et explique le soutien apporté au projet par les régions. L’avantage est multilatéral puisque les étudiants bénéficient d’un appartement calme, avec un extérieur, pour un loyer beaucoup plus raisonnable qu’en ville. Campus vert fixe une grille de loyer identique qui dépend uniquement de la surface de l’appartement et de sa zone géographique. Le loyer ouvre droit à l’aide au logement.
« Campus Vert c’est un esprit familial, on garde un contact humain et ça rassure nos parents. »
Mathilde, technicienne de laboratoire au CHR de Lille a choisi de vivre à la campagne. Après l’obtention de son DUT biologie elle quitte sa résidence à Villeneuve d’Ascq pour poser ses valises chez Hélène. Elle s’y installe avec Alexandre, son compagnon mécanicien d’engins de travaux publics. Pour ces deux jeunes actifs, Campus Vert est une bonne alternative sur le plan financier, mais ce n’est pas le seul avantage. « Quand je suis arrivée, je me souviens avoir regardé par la fenêtre et il y avait une pancarte Bienvenue à Mathilde ! » une petite attention qui fait plaisir et qui permet d’annoncer l’arrivée des nouveaux. L’intérêt c’est d’avoir une certaine proximité, tout en gardant des logements indépendants pour ne pas se marcher sur les pieds. La nécessité d’avoir un moyen de locomotion est le seul point qui pourrait être bloquant selon Mathilde. Pour autant, elle ne se verrait absolument pas retourner en résidence sur Lille.
Justin, locataire au rez-de-chaussée, est lui en deuxième année de BTS production horticole, en apprentissage à Lomme. Bail signé pour deux ans le temps de ses études, Justin peine à trouver des inconvénients à son logement. Pour lui, Campus Vert aide à créer un lien social facilement. Les pots d’accueil, les activités entre locataires et propriétaires, ça change d’un appartement dans un immeuble pour quelqu’un qui ne va pas facilement vers les autres. « Il n’y a pas de contrainte, ni d’obligation malgré la charte que l’on signe. C’est surtout du savoir-vivre, respecter les voisins et le lieu. »
Association créée en 1999, elle fête cette année ses 20 ans d’existence mais le projet né en réalité dès 1995 sur Béthune.
Campus Vert accompagne les agriculteurs dans des travaux de réhabilitation de corps de ferme en logements équipés destinés aux étudiants et jeunes actifs.
Actuellement le réseau compte 500 logements, occupés à 95% 11 mois par an, dans le Nord et le Pas-de-Calais principalement. Face à l’intérêt porté par les étudiants au concept, des extensions sont en cours et devraient permettre d’atteindre le nombre de 600 d’ici à 2020 dans le reste des Hauts-de-France mais aussi en Bretagne et en Île-de-France.
Selon Madame Colin, directrice de Campus Vert, cela va permettre de répondre un peu mieux à la demande. Cependant pas question d’en rester là. Tout un travail de communication reste à faire auprès des organismes agricoles, des agriculteurs eux-mêmes et des étudiants pour permettre à l’association de se développer davantage encore.
Article proposé par Clothilde Jupon, Rafaèle Carra, Alice Boura-Luret, Mathis Merlen et Imane Holuigue.