“Olympe se bouge” contre le harcèlement de rue
Posted On 4 octobre 2019
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Sandra Muller, initiatrice du #balancetonporc, a été condamnée mercredi 25 septembre 2019 pour diffamation à l’encontre de l’homme qu’elle accusait de harcèlement. Ce hashtag, lancé en France après l’affaire Weinstein sur les réseaux sociaux, a permis de mettre des mots sur une réalité quotidienne : le harcèlement de rue. Selon une étude produite en 2015 par le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, 100% des utilisatrices de transports en commun ont déjà subi du harcèlement au moins une fois dans leur vie.
Face à ce chiffre alarmant, l’initiative Olympe se bouge chez toi offre une solution. C’est un groupe Facebook fermé de 239 membres où des jeunes femmes, qui ne veulent pas rentrer seules en fin de soirée, publient un message pour indiquer leur lieu de soirée et leur quartier. D’autres membres du groupe peuvent donc se proposer pour rentrer avec elles et devenir ainsi leurs « acolytes de retour », comme les appelle l’association. Ce projet a vu le jour après une constatation simple : un grand nombre de femmes rentrent souvent seules et à pieds chez elles, après une soirée, malgré le potentiel danger.
Selon Lucie, membre de l’association, cet outil aide « les femmes à se réapproprier l’espace urbain ».
Orlane, étudiante présente au café-débat organisé par l’association, le jeudi 26 septembre 2019, explique que « l’on ne se sent pas très à l’aise » dans la rue. D’après elle, le sentiment d’insécurité des femmes dans la rue dépend de facteurs comme l’heure, les personnes qui l’entourent ou encore l’éclairage public. Un déplacement en soirée se « prépare avant, pendant et après », selon Orlane. « Il faut choisir ses habits en fonction de l’endroit où l’on va et des potentiels dangers dus au retour de soirée. » C’est un problème propre aux femmes qui prennent conscience tôt du danger du harcèlement de rue puisqu’elles y font face jeunes. 50% des utilisatrices de transports en commun avaient moins de 18 ans quand elles ont été harcelées la première fois.
En août 2018, une loi sur le harcèlement de rue a été promulguée. Une infraction d’« outrage sexiste » a été créée condamnant les insultes sexistes ou les agressions sexuelles qui visent de nombreuses femmes dans la rue. L’âge du consentement sexuel a été établi à 15 ans et la prescription a été allongée pour les crimes sexuels sur mineurs. Un an après la promulgation de cette loi, le 4 août 2019, on décompte 713 contraventions prises dans le cadre d’un « outrage sexiste ».
Pour Lucie, ces annonces ne sont qu’« une belle image politique car il n’y a que peu d’actions derrière » au vu du nombre encore important de féminicides en France, du pourcentage minime de plaintes reçues en cas de viol ou le nombre de femmes encore harcelées dans la rue. Orlane et Audrey, des étudiantes présentes au café-débat, estiment qu’elles se font harceler dans la rue au moins une fois par jour en moyenne.
On constate l’existence d’un réel problème structurel mais c’est par « l’accumulation de petites initiatives qu’on peut faire avancer les choses », selon Lucie. C’est le défi qu’Olympe se bouge et les associations engagées dans la cause féminine se lancent.
Isabelle Veloso Vieira
Vidéo et montage : Florine Silvant
De sources concordantes, au XVIIIe siècle, l’égalité de droits entre les hommes et les femmes n’était pas en très grande forme en France. Il faudra par exemple attendre 1944 pour que celles-ci puissent voter.
Olympe de Gouges, journaliste révolutionnaire et personnalité politique, trouvait alors insupportable le dédain avec lequel ses contemporaines étaient considérées (constat plutôt compréhensible aujourd’hui). Cette féministe avant l’heure, veuve et jamais remariée, décida de donner une voix à cette « moitié oubliée de l’humanité ».
Adoptée le 26 août 1789 par l’Assemblée nationale, la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen vante au cours de ces 17 articles les libertés individuelles. Mais moins de deux ans plus tard, en septembre 1791, Olympe de Gouges, en publie une version au féminin : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Simple pastiche adressé à Marie-Antoinette, elle féminise ici le texte 1789 à l’exception de l’article X qu’elle ajoute. « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Mourir comme les hommes c’est aussi pouvoir s’exprimer comme eux.
Victime de la misogynie crasse de son époque, les insultes tombèrent à la suite de cette publication ; qualifiée par ses opposants de « virago » (femme aux manières d’un homme) ou encore de femme « qui abandonne les soins de son ménage ».
Initiatrice du féminisme français, elle sacrifiera sa vie pour défendre ses idées (qui allaient de l’abolition de l’esclavage à celle de la peine de mort). Condamnée en 1793, elle est guillotinée pour avoir critiqué les artisans de la Terreur qu’étaient Marat et Robespierre. Plus de deux siècles après sa mort, les femmes demeurent les premières victimes de violences dans l’espace urbain. « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort » nous adressait-t-elle alors.
Nicolas Ghorzi
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