En général, nous recyclons certains déchets pour en laisser d’autres « plus compliqués » se faire enfouir ou incinérer. TerraCycle propose une alternative au système économique actuel, pour éliminer la notion même de déchet.
Les déchets sont un vrai problème de notre société. Depuis une centaine d’années, l’Homme a augmenté sa quantité de déchets produits de plus de 10 000% ! Le quart de cette quantité finit dans les océans créant ainsi un continent de déchet : « le 7e continent de plastique ». En 2016, un habitant produisait en moyenne 568 kg de déchets au sein de son ménage. Les solutions actuelles d’enfouissement et d’incinération ne sont plus viables. Car les enterrer produit, à terme, une grande quantité de méthane et d’autres produits toxiques. L’incinération détruit, quant à elle, la valeur du matériau.
Passer du linéaire au circulaire
Depuis 2001, TerraCycle a un objectif clair : éliminer la notion même de déchets. Pour cela l’entreprise œuvre pour trouver des solutions simples pour des déchets difficilement recyclables. « Certains déchets, comme les brosses à dents, les stylos ou les bouchons, sont constitués de plusieurs couches de plastique qui n’est alors pas recyclé », nous dit Hélène, professeure des écoles et membre active du programme TerraCycle depuis avril 2019.
Pour atteindre cette ambition, l’entreprise œuvre dans les partenariats à différentes échelles. Elle travaille avec des marques qui financent les actions, avec des municipalités pour créer des programmes adaptés aux besoins de la ville. Et aussi avec des usines pour éviter les incinérations et leur proposer des solutions de recyclages simples. Car la principale raison pour laquelle on ne recycle pas, c’est l’argent. Il est moins cher d’incinérer les déchets que de chercher à leur donner une seconde vie. TerraCycle cherche à changer cette économie et à créer un intérêt économique dans le fait de recycler.
Tout le monde peut agir
Le rôle d’Hélène est de collecter le plastique de certains déchets et de l’échanger avec TerraCycle contre des points qui sont directement reversés dans le portefeuille de n’importe quelle association.
« On ressent vraiment un travail collectif. Tout le monde participe à son niveau et ça crée un vrai lien. Avec les parents d’élèves qui s’investissent plus dans la cause écologique, mais aussi avec les enfants qui sont sensibilisés à ça dès le plus jeune âge. Pour eux, le déchet est devenu une réflexion, ils savent qu’ils ne doivent pas en faire n’importe quoi. Et moi je m’occupe de certains déchets spécifiques, mais ceux qui ne concernent pas mon programme, je les donne aux associations concernées, comme Lueur d’espoir pour Eden. »
Mais l’action ne se limite pas à l’enceinte de l’école. En effet, TerraCycle envoie des boîtes de collecte publique qu’il est possible d’installer dans n’importe quelle structure volontaire, un magasin, un cabinet de médecin, etc. Avec les dons de TerraCycle, Hélène a déjà pu acheter un canapé pour créer un coin lecture pour les élèves. Et compte aussi utiliser l’argent dans le cadre de sorties scolaires.
Supprimer la notion de déchet
C’est aussi, et surtout, un engagement personnel qui est souhaité. Le recyclage est devenu un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Désormais c’est une action que l’on peut mener plus facilement, et, dans le cas de TerraCycle, avec un bénéfice direct. Mais plutôt que de se poser la question « que faire de mes déchets ? » il faudrait commencer par l’éliminer de notre consommation. L’idéal est d’acheter sans déchet. Hélène conclue : « Évitons d’acheter des produits suremballés, des sachets plastiques à n’en plus finir. Ne consommons que le strict minimum, et recyclons-le. »
Louis Rengard
© Crédits photos : Maio Valentin et TerraCycle
© Crédit photo à la Une : TerraCycle
VIDEO : Ils utilisent TerraCycle !
Zoom : Que fait l'Etat ?
Si le tri sélectif apparaît comme essentiel, la France peine à convaincre ses habitants de trier. En effet et selon l’observatoire du geste de tri des Français, seuls 48% des Français recyclaient systématiquement en 2018. La faute à des explications souvent peu claires et à un manque de sensibilisation au niveau national. Du côté des entreprises, l’État oblige les sociétés à réaliser un tri dit de 5 flux. Les déchets doivent être triés en 5 poubelles : papier/carton, verre, bois, plastique et métaux.
Une solution à long terme : la loi anti-gaspillage
Face à ce gaspillage à outrance, l’État entend réagir de manière significative. Selon les chiffres gouvernementaux ce sont environ 630 millions d’euros de produits qui sont détruits chaque année. Les livres et produits hygiéniques représentent les trois quarts des objets éliminés.
Ainsi, Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique, espère mettre en place une loi anti-gaspillage d’ici 2022. Ce projet de loi, voté en première lecture à l’unanimité moins une voix par le Sénat le 25 septembre dernier, prévoit l’interdiction de détruire les invendus non-alimentaires. L’objectif est évidemment de lutter contre le gaspillage mais également de favoriser le don. De plus, la chambre haute s’est montré en total accord avec l’objectif de recycler 100% du plastique d’ici 2025.
Rappelons que l’Union Européenne espère atteindre un taux de recyclage des bouteilles de 90 % d’ici 2029. Aujourd’hui, la France stagne à seulement 57%.
Louis Valleau
© Crédits photo : https://www.economiecirculaire.org/