Réparer : un moyen de lutter contre la surconsommation
Samedi 19 octobre. La maison de l’Habitat durable de Wazemmes organise son Repair Café. L’objectif : réparer soi-même ses objets au lieu de les jeter, le tout avec l’aide de bénévoles. Une occasion de lutter contre la société de surconsommation.
En octobre 2013, un financement commun de la ville de Lille et de sa Métropole (MEL) lance la Maison de l’Habitat durable de Wazemmes. Le rôle de cette maison est d’informer ainsi que d’orienter sur la notion d’habitat durable (architecture, isolement, etc.).
Elle accueille dans ses murs le Repair Café, une initiative qui cherche à lutter contre le gaspillage et la surconsommation.
Le principe est simple. Il consiste à mettre à disposition des compétences et des outils pour réparer des objets qui auraient été jetés. « Ça va du simple grille-pain au lave-linge », nous dit Jean-François Soubrane, employé de la Maison de l’Habitat de Wazemmes et bénévole de l’événement. Cet atelier accueille entre 7 et 8 bénévoles à chaque édition, ainsi que 12 à 13 inscrits une fois par mois. Pour Stéphane Desbois, chargé de communication à la Maison de l’Habitat Durable, doubler, à terme, la fréquence des Repair Café à Wazemmes est un « réel objectif ».
L’événement est ouvert à tous, gratuitement. Cet aspect intergénérationnel apporte un esprit de convivialité à l’atelier. On partage du café, des madeleines et des croissants dans une ambiance chaleureuse et un climat d’entraide. Pour Paul, venu faire réparer son ordinateur portable, « c’est l’occasion d’échanger des connaissances » et de « partager un moment en aidant les autres ».
Le Repair Café de Wazemmes a permis la réparation de 208,7 kg de matériels divers et variés pour 109 personnes accueillies en 2018. L’occasion, aussi, d’éviter de tout jeter sans chercher à comprendre la panne.
Ce concept s’est exporté à Lille grâce à Alex Debreuck, président et fondateur de l’association Le Jardin des Bennes. Celle-ci accompagne les manifestations de ce genre pendant un an, apportant matériel et savoir-faire. Pour lui, le but est de « réduire les déchets, lutter contre le gaspillage et économiser des ressources au niveau global ». Il ajoute que « ça n’est pas à vocation écologique, ce sont les économies que l’on effectue qui permettent l’écologie ».
Un moyen de lutter contre la surconsommation
Ce temps d’entraide apparaît également comme un moyen de lutter contre la société de consommation actuelle. Celle-ci débute durant les Trentes Glorieuses (1946-1975) et pousse le consommateur à l’achat. Jean-François assure « s’y sentir très mal ». « Mes grands-parents ne jetaient rien », ajoute-il. Et si on jette davantage, c’est aussi parce qu’il est plus simple de racheter que de réparer. Le matraquage publicitaire vient s’ajouter à cela : il faut créer de l’envie. Pour Jean-François : « Il ne faut pas acheter le matériel dont on a pas besoin. On vit dans une société qui crée des besoins, qui pousse à l’achat. »
Pour Alex, la sortie d’un tel rouage économique passe par la mise en place d’une économie circulaire, plus locale et plus respectueuse de la nature.
Jean-François termine : « La première source d’énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas. »
Louis Valleau
© Crédits photo : Louis Valleau
Vidéo : On a testé pour vous !
Zoom : Électroménager, un recyclage vraiment parfait ?
Maintenant on le sait, jeter son frigo dans la nature n’est pas la meilleure des idées : Produits chimiques, rejet de CO2… vous avez l’image ? Alors l’Europe mise tout sur le recyclage. Car oui, pour l’Union Européenne (UE), le recyclage c’est génial ! Il permet de reconstruire des objets en partant de vos déchets et évite les émissions de gaz à effet de serre. En plus, il crée des emplois. Niveau image, le recyclage, ça fait du bien.
D’ailleurs, l’UE trouve ça tellement génial qu’elle a décidé d’imposer à la France de recycler 4 kg de déchets électriques et électroniques par personne et par an. Cette mission s’effectue via trois organismes : Eco-système, ERP et Ecologic.
Mais inciter à recycler, n’est-ce pas inciter à consommer ? Car pour transformer 4 kg d’électrique et d’électronique par an et par personne, encore faut-il pouvoir jeter cette même quantité. A force d’en vanter les louanges, le recyclage serait-il devenu un argument de vente ?
Parce que oui, aujourd’hui, changer d’électroménager n’a jamais été aussi facile : on vous livre une machine à laver un matin, pas besoin de vous soucier de celle qui a précédé. On vous la reprend au titre de l’écotaxe. Pour vous, pas de remord à avoir, elle part au recyclage. On ne cherche plus à réparer, simplement à remplacer.
Alors certes, le recyclage c’est bien, ça évite d’incinérer des grille-pains. Mais dans un pays où mandat réussi est synonyme de croissance, gare à ce que recycler ne pousse pas à polluer plus que l’on ne le pense.
Maxime Laurent