Bambouk : l’écologie exotique
Posted On 21 novembre 2019
0
1.4K Views
Le salon Envies Culinaires, c’était ce week-end du 8 au 11 novembre, à Lille Grand Palais. A cette occasion nous avons rencontré Capucine, auto-entrepreneuse à l’origine de la boutique Bambouk.
C’est une petite entreprise créée l’an dernier par la jeune trentenaire. Capucine distribue la plupart des pailles en bambou que vous utilisez dans les bars lillois. Et le vote définitif du parlement européen pour bannir, d’ici deux ans, la vaisselle jetable en plastique est une aubaine : le marché est en plein essor.
Bambouk, ce sont des pailles, justement, des assiettes et des brosses à dents en bambou, mais pas que : des bols en coco, des sac à vrac, de jolies pochettes… Pourtant, rien ne prédestinait Capucine à se lancer dans un tel domaine. Elle nous confie qu’elle exerçait le métier de manager dans une grande enseigne de la coiffure. Mais “le bio est ancré en moi“, explique l’exposante passionnée. Et c’est la combinaison de trois facteurs qui poussera la jeune femme à créer sa boutique en ligne.
Lors d’un voyage touristique au Vietnam il y a presque deux ans, Capucine remarque que beaucoup de bars utilisent les fameuses pailles en bambou.
Par hasard, elle croise le chemin d’un producteur de ce matériau. Il est également architecte ; il crée des ponts, des maisons et des objets avec les chutes de la plante.
C’est étonnant, mais ce mélange de savoir-faire fonctionne : l’homme aux multiples casquettes emploie actuellement dix personnes, permettant de faire vivre dix familles de son village nord-vietnamien. Et c’est ce même atelier qui fabrique les petites pailles en bambou introduites en France par Capucine.
Notre interlocutrice précise qu’elle a rencontré d’autres producteurs, mais aucun d’eux n’était aussi précis dans son travail et respectueux de l’environnement (ce qui constitue la base du travail de Capucine). En effet dès son retour en France, elle distribue des cadeaux faits de bambou à son entourage, les compliments fusent et rapidement Capucine décide de lancer son propre magasin. Le producteur-architecte sera son fournisseur.
Pour faire une paille en bambou comme l’artisan qui les fournit, voici la recette : du bambou (c’est assez important), dont il faut enlever les nœuds (l’intérieur du morceau). Ensuite, vous devez définir les dimensions de votre objet : à titre indicatif, Capucine choisit de vendre des pailles de 14 et 20 cm. Les deux dernières étapes sont essentielles : il est nécessaire de les polir, et de les désinfecter.
Si c’est le producteur qui s’occupe de cette fabrication, Capucine se charge de la personnalisation des pailles. Et c’est chez elle, depuis son bureau, que la jeune femme s’exécute. Nous pouvons personnaliser les pailles depuis le site internet de Bambouk, et passer commande pour divers événements. A l’aide d’un logiciel et en quelques minutes, le logo des bars qui se fournissent également chez Capucine est gravé.
C’est tout. Il n’y a aucun autre intermédiaire. De l’artisan vietnamien à nos verres, les pailles passent simplement visiter le grand bureau de Capucine.
Pendant le salon, sur le stand de l’entrepreneuse, nous avons repéré des petits bols qui eux, ne sont pas faits en bambou. Les “coco bols” proviennent eux aussi du Vietnam et sont notamment fabriqués par des femmes veuves, qui ont souvent du mal à gagner leur vie, et distribués par une ONG.
Une autre façon de faire, un autre matériel mais une même volonté de la part de Capucine : allier une production bio, à un commerce responsable.
Sur la boutique en ligne, nous pouvons également trouver des disques démaquillants réutilisables, des assiettes, des gourdes, des petits kit à pailles en tissu…
Chaque objet Bambouk est unique, puisque fait à la main.
En cette fin d’année, Capucine est très occupée : elle expose actuellement ses produits au concept-store Grand Playground de la galerie des Tanneurs, à Lille. Elle se prépare également à participer au marché de Noël de Roubaix, et continue à gérer son site web en parallèle.
Bientôt, la cheffe d’entreprise devrait ouvrir une petite boutique, proposant cette fois des “consommables de maison“, comme des cotons-tiges réutilisables et du savon, ainsi qu’un bar à cosmétiques. Bio, bien sûr.
Clara Bousquet
La marque Bambouk promet une production bio, responsable ainsi que des articles esthétiques et variés. Cependant, un point est à soulever : en faisant importer les produits conçus au Vietnam, respectons-nous les normes écologiques ? Le commerce international et le respect de l’écologie sont-ils réellement compatibles ?
Aujourd’hui, le débat sur les rapports entre écologie et commerce international est omniprésent. De nombreux économistes s’accordent à dire que le libre-échange a un effet bénéfique sur la croissance des pays. Mais cela va de pair avec la montée des problèmes environnementaux. En effet, la pollution est un problème engendré directement par les transports et la production de biens : deux éléments indispensables au commerce international.
De nombreuses marches pour la préservation de l’environnement ont lieux régulièrement autour du globe. Sur les pancartes des manifestants, sont inscrites des phrases chocs : «Si la planète était une banque, vous l’auriez déjà sauvée», ou encore «Changeons de système pas de planète». Les militants expriment l’urgence de changer le fonctionnement du système capitaliste, en quête de toujours plus de gains.
Cette frénésie pose également des questions d’ordre moral. Pour certains pays développés, l’importation de produits faits dans des pays qui le sont moins est plus intéressant : les coûts y sont moindres. Les travailleurs sont souvent surexploités pour des salaires de misère.
Le commerce international semble ainsi être opposé à la préservation de l’environnement, accélérant sa perte et mettant en priorité une bonne croissance économique pour les pays mondialisés.
Ainsi, on peut se demander si la production locale ne se révèle-t-elle pas être plus écolo ?
Imane Rachati
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.
pour plus d'infos