À Heuringhem, dans le Pas-de-Calais, la cantine scolaire est passée au 100% bio à la rentrée 2018. Cette initiative unique dans l’Audomarois émane du maire de la commune, Jean-Paul Lefait, qui avait fait de ce projet l’une de ses promesses électorales en 2014.
Une initiative très bien accueillie
Ce changement n’aurait pas pu se faire sans l’accord du prestataire chargé de la restauration de la cantine : Yanni’cuisine, basé à Wavrans sur l’Aa, qui a accepté d’accompagner le maire d’Heuringhem dans ce projet. Le repas est passé de 3€ à 3,40€. Pour seulement quarante centimes de plus, le bio a pu être instauré quotidiennement. Une augmentation, aussi minime soit-elle, qui aurait pu faire grimacer les parents. Pourtant, les réactions ont été très positives comme le souligne Jean-Paul Lefait : « Tout le monde a vraiment bien accueilli la nouvelle et ils nous ont tous félicités d’avoir pris cette initiative, on prend de plus en plus conscience des enjeux que cela représente. » Loin de repousser les parents, la cantine 100% bio a fait du bruit dans les communes alentours : « Certains ont même changé leurs enfants d’école afin qu’ils puissent venir manger dans notre cantine ! » Grâce à cela, le nombre de demi-pensionnaires a doublé, en passant d’environ 30 enfants à presque soixante : pas étonnant que l’école ait ouvert une sixième classe à la rentrée 2019 !
Le maire ne se repose pourtant pas sur ce succès puisqu’il serait favorable à travailler avec les maraîchers de la région afin d’opter, en plus, pour un circuit court.
Si la ville d’Heuringhem est bien en avance sur son temps, les autres communes vont elles aussi devoir passer au bio, qu’elles le veuillent ou non. En effet, la loi EGalim, adoptée en 2018, prévoit un objectif de 50% de produits durables, dont 20% de produits bio, dans la restauration collective d’ici à 2022. Une façon de servir de déclic aux collectivités pour transformer leurs politiques alimentaires.
Louise Sirbu
La cantine : des goûts et dégout
Moment de détente ou d’angoisse, la cantine est l’un des temps fort de la vie des écoliers. Préparés en grande quantité, les repas paraissent équilibrés et variés sur le papier. Pourtant, la vérité est parfois toute autre.
Plats industriels réchauffés, trop d’assaisonnement ou pas assez, les enfants se plaignent régulièrement de ce qu’ils ont dans leurs assiettes. Manger à l’école suppose un effort d’adaptation pour les enfants : ils se retrouvent dans un cadre collectif où les repas ne s’effectuent pas de la même manière qu’à la maison. De quoi perturber certains, peu habitués à découvrir de nouveaux goûts. La cantine participe à développer le palais et les préférences alimentaires des plus jeunes. De ces repas, les écoliers gardent parfois un dégoût prononcé pour certains plats. Plats qu’ils ne veulent même plus gouter chez eux.
Dans une interview pour LCI en février 2019, Sandra Franrenet, auteur du Livre noir des cantines scolaires, explique qu’elle a découvert que sa fille mange presque chaque midi des produits industriels, autrement dit des produits ultra-transformés. « Le goût n’est même plus le souci. On est face à un problème de santé publique. »
Face à cette situation, l’introduction de produits tirés de l’agriculture biologique dans les menus est peut être l’une des solutions pour réenchanter les papilles des enfants. En plus de les éduquer à une alimentation plus saine, ils sont plus respectueux de l’environnement. Encore faut-il que ces produits soient locaux.
Flavie Kazmierczak