Exposition «De l’amour» : sous les clics, l’âme sœur ?
Posted On 25 novembre 2019
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Jusqu’au 30 août 2020, le Palais de la découverte à Paris analyse l’amour sous toutes ses coutures. A travers un parcours ludique, l’amour est abordé sous un angle sociologique, philosophique, psychologique et physiologique. Une exposition qui questionne les rouages de l’amour à l’ère du numérique.
Regard anxieux. Estomac noué. Doigts engourdis. Il dispose de 3 minutes pour répondre à son « match ». Il se ressaisit. Envoie une missive. « Salut, ça va ? » Elle lui laisse un vu. Pas de longues tirades. Ni de récits romanesques. Dans une société où tout est maximisé, qu’en est-il de nos rapports sentimentaux ? Car si les sites de rencontres font l’économie des premiers balbutiements d’un couple, permettent-ils réellement de trouver sa moitié ?
Divisée en deux sections, l’exposition propose un regard exhaustif sur l’amour. La Galerie des attachements offre aux visiteurs une définition plurielle de l’amour. Quatre entrées fondées sur l’étymologie grecque, expliquent l’attachement. Sur les murs aux teintes pastel, les citations d’auteurs se succèdent. Eluard, Sarraute, Sagan : tous détaillent des histoires d’amoureux d’un soir comme d’amants de toujours.
A travers des structures artistiques et jeux numériques, les curieux déambulent dans les méandres de l’amour. Camille, 13 ans, s’attarde sur un panneau, « J’aime bien les citations, c’est informatif. Même si j’en sais déjà pas mal sur l’amour. » Les œuvres exposées montrent la permanence des liens affectifs à l’ère du numérique. Dans une vitrine, un combiné. Élevé au rang d’objet de curiosité, il matérialise ce qu’est l’amour de nos jours. Un câble téléphonique comme seul lien avec l’être aimé.
La visite se poursuit avec la Galerie des sciences. La focale est mise sur les rencontres en ligne. En 2013, on estime que 18% de la population de 18 à 65 ans vivant en France s’est connectée, au moins une fois, sur un site de rencontres. Le discours ambiant est univoque : trouver l’amour, c’est plus simple en ligne. Gommage des distances sociales et géographiques oblige. Et pourtant, parmi les personnes ayant rencontré leur conjoint entre 2005 et 2013, seulement 9% l’avaient connu via l’un de ces sites. Pour la sociologue Marie Bergström, de la rationalisation des relations amoureuses découle « la mort des amours aveugles. Mais loin d’avoir tué l’amour, les sites participent à diversifier les relations intimes ».
Ainsi, si les algorithmes suggèrent des profils qui nous ressemblent, la transition dans le réel est moins idyllique. Nathan, 20 ans, est désabusé face aux chiffres, « pour des petites relations, ça va. Mais pas lorsqu’on veut construire quelque chose de solide. Je préfère les rencontres physiques. Dépasser le numérique pour voir ce qu’une personne dégage réellement ». Au contraire, Laurent, 54 ans ressort optimiste de l’exposition, « avec ces sites, on dispose de critères pour profiler un partenaire : il n’y a plus de hasard. Lorsque je me suis inscrit, ma démarche n’était pas de trouver l’âme sœur. Je sortais d’une longue relation et j’avais mes attentes. J’y ai rencontré ma compagne ».
Les sites de rencontres ne sont pas régis par Eros. Si ils multiplient les rencontres et les expériences, ils ne garantissent pas leur durabilité. Il s’agirait alors de modifier son rapport aux injonctions à former un couple passionnel et durable. Ou bien, de trouver l’amour en éteignant les écrans.
Camille Perriaud
L’Amour. Quels sont les limites de l’Amour ? Existe-il un cadre restrictif confinant l’Amour dans des normes préétablies ? Si je vous dit « amour », vous me répondez : « couple ». Oui, mais. Si je vous dis « couple », que répondriez-vous ? A la moitié du XXe siècle, le couple faisait l’objet d’une conception binaire stricte : un homme et une femme. Cette conception fut le fruit d’une évolution notamment par le biais de la « libération sexuelle » des années 1960 et 1970. Ce mouvement fut marqué par l’essor et l’affirmation de l’égalité des sexes, par la législation autorisant l’avortement et enfin par la reconnaissance des relations non procréatrices à l’image des relations homosexuelles. Celles-ci furent dépénalisées en 1982 sur le territoire français. Ce caractère évolutif n’est pas uniquement temporelle. En effet, ce dernier peut être inhérent au cadre spatial. Prenons un exemple simple mais péremptoire. Pensez-vous que la conception californienne du couple est similaire à la conception nord-coréenne ? La réponse est non. Cette notion fondée sur les relations amoureuses fait débat puisque le couple est au cœur des préoccupations politico-juridiques. Ainsi, il est vrai que cette notion est personnelle. La notion de couple varie en fonction de l’individu. La particularisation du principe étendard de l’Amour est essentielle. Certains, se reconnaîtront en couple alors qu’ils entretiennent une relation « libre ». D’autres considéreront que la définition de couple s’explique par le truchement d’une fidélité accrue. Ainsi, l’Amour est le fondement du couple. Or, malgré une dimension profondément humaine, l’homme place cette notion au centre de l’échiquier politique. Le couple est donc bel et bien composé de deux entités : l’humain et le politique.
Erwan Carpentier
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