Comment ça vrac ? L’épicerie mobile au cœur de Lille
Posted On 4 mars 2020
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Après leurs fonctions respectives de graphiste et de charpentier, Karim et Kévin ont décidé de changer complètement leur mode de vie pour créer “Comment ça vrac ?”. Leur but : rendre accessible le bio et le local au plus grand nombre. Nostalgique de l’ancienne époque, Karim confie vouloir retourner en arrière, loin de la société de consommation et des grandes surfaces. Venant d’une famille modeste, il souhaite “garder les valeurs que [sa] mère lui a transmises“. Grâce à leur démarche qu’ils qualifient de militante, ces créateurs veulent renouer le dialogue, tant avec les consommateurs qu’avec les producteurs.
À l’exception des agrumes qui proviennent d’Italie, tous les produits sont issus de producteurs locaux tels que le lycée horticole de Lomme et la ferme associative de Wavrin. Collaborer avec eux permet de respecter les produits et les saisons, objectif fort des associés. Les légumes sont en grande majorité non traités. Et si jamais ils le sont, il ne s’agit que de petits traitements de terrain. Par ailleurs, la préservation de l’environnement est essentielle pour eux, d’où la partie vrac de leur épicerie qui limite les déchets plastiques. Avec de telles pratiques, les consommateurs savent alors d’où proviennent les produits, et le système est complètement transparent. Cette démarche se fait de plus en plus ressentir avec la prise de conscience actuelle et la volonté de la population à changer ses habitudes alimentaires. « Là où on a du pouvoir, c’est dans notre manière de consommer », affirme Karim. Ces vendeurs échangent régulièrement avec leurs producteurs, notamment sur la façon de cuisiner tel ou tel produit. Ces conseils sont ensuite transmis à la clientèle afin de les conforter dans leurs achats.
“La richesse, je la retrouve avec les gens”, confie Karim. Force est de constater que les personnes se retrouvent, que les enfants jouent à nouveau ensemble. “J’ai l’impression de faire partie de leur famille. D’ailleurs certains enfants m’appellent Tonton légumes.” Cette évolution les conforte dans leur projet. Aujourd’hui, leur concept ne leur permet pas encore d’en vivre mais cela ne les empêche pas d’être optimistes quant à leur avenir. Demandés dans la périphérie lilloise et contactés par des Nantais, ils prennent plaisir à conseiller les personnes souhaitant se lancer dans la même aventure. Aucune concurrence ne les anime. Au contraire, ils aimeraient que leur activité soit reprise à travers la France pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès au bio et au local.
La prise de contact est aussi pensée de façon à ce que les réservations soient simples. Chaque jour, ils couvrent deux quartiers de la métropole. Les consommateurs ont juste à indiquer l’heure et l’adresse auxquelles ils souhaitent les retrouver. Aucune commande n’est à prévoir, aucun panier n’est imposé. Simplement le plaisir de choisir directement ses légumes et d’échanger un moment de convivialité et de partage. Par ailleurs, leur démarche est écoresponsable puisqu’ils prônent l’anti-gaspillage en redistribuant leurs invendus aux associations œuvrant pour les plus démunis telles que la Tente des Glaneurs.
Après la surconsommation, serait-ce venu le temps de la consommation ? C’est ce que laissent penser les derniers chiffres concernant la grande distribution et les hypermarchés en France. Même si le modèle de l’hyper est né en 1963 ici, en France, avec l’ouverture du premier Carrefour dans l’Essonne, il semblerait qu’il ne corresponde plus aux consommateurs français d’aujourd’hui.
Porté par la génération mai 68, le modèle de l’hypermarché et son concept « tout sous le même toit » était révolutionnaire. Trouver tout ce que l’on cherche au même endroit et y aller une fois par semaine, était la sortie du samedi pour beaucoup de familles. Si passer deux heures dans un hypermarché et sortir avec un caddie rempli pouvait faire rêver les consommateurs des années 60, ceux d’aujourd’hui ont des attentes bien différentes : aller vite, ne pas perdre son temps et ne pas surconsommer.
Face aux nouveaux modèles prônant la déconsommation et le respect de l’environnement, les hypermarchés peinent à s’adapter. Les consommateurs veulent des produits de qualité, manger local, et surtout retrouver le côté humain qui manque cruellement dans les hypers. Résultat des courses, la grande distribution a enregistré une baisse historique d’1,4% de ses ventes alimentaires. Face au changement des habitudes des consommateurs, le retour au modèle des petits commerces de proximité et de la production locale semble être inévitable et pourrait fortement affecter les géants de la grande distribution.
Un grand merci pour votre article et votre reportage. On a pris plaisir à vous avoir à nos côtes, à échanger et au réel intérêt que vous avez portés à notre concept.
Votre rédaction est à la hauteur de certains journalistes rencontrés depuis notre création. Vous avez vraiment bien retransmis notre quotidien. Encore un grand merci et bravo pour ce beau travail !
Bonne continuation à toute l’équipe et au plaisir. Karim et Kévin
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