Comment Coud’Pouce réinvente le recyclage textile
Louise Dalmasso
Posted On 7 mars 2020
Coud’Pouce est une association créée en 2008 et basée à Coudekerque-Branche, dans l’agglomération dunkerquoise (59). A travers la vente de vêtements de seconde main, elle a pour but l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi, dans une perspective de développement durable.
Personne n’a pu y échapper : les friperies sont de plus en plus en vogue et le vintage a envahi nos gardes-robes. Cette tendance a été poussée par la baisse du pouvoir d’achat et la prise de conscience des citoyens face au désastre écologique, puisque l’industrie du textile est la deuxième industrie la plus polluante du monde. La montée en puissance du business du vêtement de seconde main a donc entraîné une hausse considérable des prix dans les friperies, jusqu’à atteindre le même prix que certaines pièces neuves issues de géants du textile comme H&M, Benetton ou C&A. L’association Coud’Pouce entend lutter contre tous ces phénomènes.
Dirigée par Laurent Vanrechem, elle collecte, trie puis recycle des tissus récupérés grâce à la soixantaine de box installées dans l’agglomération dunkerquoise. Sur les vingt tonnes de dons textiles reçus par mois, la majeure partie ne peut être destinée à la vente et est donc transformée en chiffons pour le secteur industriel. Le reste des vêtements est mis en vente à bas prix dans deux boutiques Coud’Pouce : Fripes Chic et O’Kilo.
Une friperie révolutionaire
L’action de Coud’Pouce est écologique, mais aussi sociale, citoyenne et locale, en luttant contre le taux élevé de chômage dans le dunkerquois. Coud’Pouce est un chantier d’insertion qui emploie des personnes éloignées du monde du travail, avec différentes problématiques comme un faible niveau d’études, un handicap, une situation de précarité, une maladie… L’association valorise donc le vêtement et l’humain, dans un monde où l’obsolescence vestimentaire se développe au détriment de la qualité. On le ressent dès les premiers pas dans les magasins Coud’Pouce, notamment chez Fripes Chic, où le « coud’cœur » a été immédiat. Située à Coudekerque-Branche, dans un gigantesque hangar de 350 m2, la boutique accueille plus de 800 vêtements, accessoires et chaussures de seconde main.
Tout le monde y trouve son bonheur : hommes, femmes et enfants. La décoration est une incitation au voyage dans le temps avec des objets d’époque. Les couleurs sont chaudes et prônent un sentiment de bien-être. C’est avant tout un lieu de vie où sont échangés de multiples sourires, entre clients et personnel. Les articles restent en rayon pendant 4 à 6 semaines. Tout ce qui n’est pas vendu à Fripes Chic dans les temps impartis est envoyé dans une deuxième friperie Coud’Pouce – O’Kilo – et est mis en vente au kilo, à des prix encore plus bas.
Un style Beauaime
Une partie du magasin Fripes Chic est dédiée à la marque Beauaime de Cédric Neuville, un encadrant styliste Coud’Pouce. A l’aide d’agents, il choisit soigneusement des tissus d’inspirations vintage parmi les dons, pour ses créations. Viennent ensuite les étapes de stylisme et modélisme. Cédric Neuville imagine une pièce, puis les couturières se chargent de donner vie au vêtement pour en faire une véritable création unique. L’idée vient du concept d’upcycling : faire du neuf avec du vieux pour être réintroduit dans la chaîne de consommation. Le style est chic et bohème (évidemment) et les prix sont abordables. Une blouse coûte en moyenne 25€. Il ne faut pas oublier que Fripes Chic se situe dans l’agglomération dunkerquoise, une zone touchée par la pauvreté. C’est pourquoi les encadrants ont pris la décision de garder des prix accessibles, malgré l’ampleur de l’effet de mode du seconde main. Cédric Neuville explique que Coud’Pouce ne veut surtout pas risquer de « perdre son ADN ». L’objectif est simple : remobiliser vers l’emploi grâce à un contrat de 2 ans, à travers sa logique de développement durable. Coud’Pouce pense écologie mais aussi société avec son concept unique en son genre, où l’on privilégie l’humain et non le profit.
Mia Pichon
Rencontre avec Cédric Neuville
Morgane Gonçalves Dos Santos
Les Accords de Paris de 2015 ont été signés, entre autres, par la deuxième industrie la plus polluante : celle du textile. Les plus grands groupes de luxe et de « fast fashion » ont signé les accords en s’engageant à réduire leurs émissions de CO² de 30 % d’ici à 2030. Mais 2030 semble bien loin alors que les effets du réchauffement climatique sont chaque année de plus en plus visibles.
La Fashion Week de Copenhague a donc estimé qu’une prise de conscience devait s’effectuer dès à présent. Depuis août 2019, l’événement trimestriel a banni l’utilisation de plastique à usage unique et des goodies. Chaque véhicule mis à disposition des participants se doit désormais d’être hybride ou électrique.
Encouragée par des résultats visibles, Cécilie Throsmark PDG de cette fashion week a annoncé ce 28 janvier son « Sustainability Action Plan 2020-2022 ». D’après 15 points essentiels, la Fashion Week de Copenhague s’engage officiellement à réduire son impact sur l’environnement.
Les objectifs sont multiples : réduire de 50 % l’impact écologique de l’événement, repenser le système de déchets pour être d’ici 2022 zéro déchet ou encore établir de nouveaux critères de participation afin d’encourager les marques à produire des vêtements issus du recyclage textile.
En rendant leurs études et bilans publics, l’organisation s’engage à ajuster ses actions pour tendre vers ses objectifs, tout en espérant inspirer les autres fashion week, la plupart plus importantes que celle de Copenhague, à suivre leurs actions.
Mina Peltier
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