#BodyPositive: Mina Storm, une lingerie qui casse les codes
Et si on aimait enfin son corps ? Mais comment s’accepter dans une société ultra normée où le body shaming et autres défis comme le thigh gap (l’écart entre les cuisses), glorifiant la minceur, dominent ?
Créé dans les années 1996 aux Etats-Unis, par Connie Sobzck et Elizabeth Scott, le #BodyPositive est un mouvement social en faveur de l’acceptation de soi et l’appréciation de tous les corps humains. C’est en totale adéquation avec cette démarche que Mina Storm s’est engagée dès sa création à donner une visibilité à tous les corps, quels qu’ils soient.
Le naturel et l’authenticité, représentés par tous les corps, ordinaires et différents, c’est ce que prône Mina Storm lancée fin 2015 par Samantha Montalban et Chloé Bernard.
Encore en 2020, des mannequins dits « cintres » continuent de correspondre aux critères de la mode. Sur Instagram, une multitude de photos de femmes au corps dit parfait, chaque printemps des fiches conseils sur comment préparer son « summer body » comme autant d’injonctions à la minceur considérée comme une norme à atteindre.
Pourtant, tous les corps sont beaux et toutes les femmes devraient s’accepter telles qu’elles sont, c’est une vision que Mina Storm partage et qu’elle voudrait favoriser dans une industrie de la mode encore trop frileuse sur la question, même si les lignes bougent.
L’entreprenariat au féminin
Samantha et Chloé, âgées de 28 ans, sont les deux fondatrices de Mina Storm. L’idée de départ était de développer « des soutien-gorge brassières, sans armatures, confortables, colorés et avec du caractère… », souligne Samantha. A l’époque, on ne trouvait pas ce genre de lingerie, car ce n’était pas la norme, alors qu’en 2020, cela se commercialise de plus en plus. C’est lors d’un échange universitaire à Copenhague que Samantha découvre comment entreprendre jeune et elle a le déclic. « Quand je suis rentrée à Paris, j’ai réalisé tous mes projets d’études sur un potentiel concept de lingerie pour jeunes femmes, et c’est comme ça que l’initiative a mûri, au fur et à mesure, avant d’être lancée officiellement fin 2015. »
Chloé rencontre en 2013, Samantha, elle touche au monde de la finance, des start-up et du financement. C’est donc naturellement que pour mettre en place son « business plan », Samantha s’est tournée vers elle. Après 6 mois de travail ensemble, elle devient son associée.
Entreprendre en binôme, permet d’avoir un soutien moral, et de tout partager ; les défaites comme les victoires, « il y a une vraie complémentarité au niveau des compétences, ce qui permet d’avancer plus vite dans les projets. »
Une lingerie réconfortante et responsable, contre les diktats de la mode
Mina Strom s’inscrit dans une démarche positive du corps et de la lingerie. Dès ses débuts, la marque reposait sur un modèle assez « ado », pourtant de nombreuses femmes adultes achetaient aussi ces produits ; c’est à ce moment-là que Samantha et Chloé réalisent que la brassière est devenue, une lingerie intergénérationnelle.
A l’époque le mouvement #BodyPositive n’existait pas encore en France, mais dès le premier shooting, en 2015, les fondatrices ont refusé qu’on retouche les photos des mannequins. La plupart sont des inconnues choisies, avec des morphologies différentes. Au final, la marque ne s’est pas inscrite dans un mouvement particulier, c’était plus une volonté délibérée dès le départ : « Il faut que chaque femme puisse se retrouver dans les photos, et si on dit que le #BodyPositive appartient seulement aux femmes qui sont jugées comme très grosses, en forme, alors la fille qui est perçue comme fine par la société mais qui a pourtant des tonnes de complexes, elle ne se verra jamais et ne pourra pas se dire que son corps est beau », explique Samantha.
C’est dans cette démarche que cette saison, des bonnets plus larges du 75 au 100 E et du 30 au 44 pour les bas, ont été lancés. « C’est en élargissant notre gamme que l’on va pouvoir représenter toutes les femmes », conclut Samantha.
« Notre but est que la lingerie soit avant tout confortable pour les femmes mais aussi respectueuse de l’environnement, ce qui reste un enjeu important », précise Samantha. Les produits, fabriqués au Maroc et en Tunisie seront dès septembre prochain majoritairement en coton bio.
On assiste à une évolution flagrante dans la mode. De plus en plus d’enseignes ont enfin compris que la diversité et la normalité faisaient vendre. Que ce soit dans le luxe, le prêt-à-porter ou bien encore la beauté, dans les campagnes publicitaires montrent une variété de morphologies. Le très attendu Etam Live Show 2019, mettait en avant des mannequins aux physiques diversifiés pour présenter sa collection de lingerie, l’initiative avait alors été très appréciée. A l’international, d’autres marques comme You Swim, Araks ou bien encore Knickey mettent à l’honneur toutes les beautés pour qu’elles deviennent une norme et non plus une exception.
Marthe Dolphin
Témoignage de Léa, ambassadrice chez Mina Storm
Vidéo réalisée et montée par Marthe Dolphin
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Le mouvement NoBra
Le mouvement NoBra compte de nombreux.ses adeptes à travers le monde. Quelles sont leurs revendications?
“Free the Nipples” (en français “Libérez les tétons”, ndlr), peut-on entendre ou lire depuis 2012 de la part de célébrité.e.s et d’anonymes, de titres de presse. Le mouvement NoBra en découle directement. En effet, de plus en plus de femmes revendiquent l’abandon du soutien-gorge, érigé en accessoire incontournable de féminité depuis de nombreuses années.
L’invention du soutien-gorge en 1889 par Hermine Cadolle, son entrée dans le dictionnaire Larousse en 1904 et sa démocratisation durant la Première Guerre Mondiale sont autant d’événements qui ont constitué une petite révolution pour la gente féminine. Les femmes étaient jusqu’alors et depuis le XVe siècle limitées dans leurs moindres mouvements et ainsi réduites à leur condition par leur corset, véritable cage de tissus, lacets et tiges de métal ou de bois. Largement adopté dans les années 1920, le soutien-gorge jouit alors d’un monopole et suit les tendances, allant de la brassière androgyne aux balconnets hypersexualisants des années 1950.
Cependant, une seconde révolution en la matière est amorcée en 1968 et marque les prémices du mouvement NoBra. Manifestant contre le concours de beauté Miss America, des féministes décident symboliquement de brûler leurs soutien-gorge. Le refus de l’injonction sociale à le porter reste cependant marginal, alors même que Madonna, icône de la pop en fait un emblème dans les 90’s et que les années 2000 marquent l’avènement des “push-up”.
Aujourd’hui, iels sont nombreux.ses à s’être emparé.e.s du sujet. Le mouvement NoBra prône la réappropriation de son corps et l’émancipation des diktats sociétaux. Si la société semble clamer “Cachez ce téton que je ne saurais voir” aux femmes, celles-ci répondent “Brûlons nos soutiens-gorges”. Cependant, il serait incongru de blâmer celleux qui continuent à en porter, pour des raisons diverses, intimes et personnelles. Parmi les causes principalement évoquées, on peut citer la taille des seins et l’inconfort que cela peut procurer au quotidien mais aussi le monde du travail, où gommer au maximum ses attributs féminins est encore trop souvent nécessaire.
Aussi nous préférons conclure par le slogan “My body, My choice”, autrement dit “Laissez nous choisir ce que nous souhaitons pour nos corps”.
Note : Le terme “femmes” utilisé dans cet édito inclut évidemment les femmes transgenres ainsi que les personnes non-binaires concerné.e.s.
Enora Foricher