Entre écologie et partage, le concept de la BoutiKa’Dons
C’est en mai 2018 que la BoutiKa’Dons fait son arrivée rue Louis Delfosse à Cuincy. Dans une petite maison au centre de la ville, Sylvie et 35 autres bénévoles mènent ce projet avec passion, et le local ne désemplit pas. En plus d’offrir une seconde vie à une multitude d’objets, l’association est un lieu de rencontre où le bonne humeur est à l’honneur.
“La gratuité, ce n’est qu’une porte d’entrée“, c’est sur cette phrase que commence notre entretien avec Sylvie Boussemart, la créatrice du projet, dans le bureau de la BoutiKa’Dons. Si le lieu se présente comme “le magasin où tout est gratuit“, le projet est en réalité bien plus complexe que ça. Cette idée part d’une envie de freiner la surconsommation, mais surtout de recréer un lien entre des individus.
Un lieu de multiples échanges
La BoutiKa’Dons est un lieu où le recyclage et la seconde main sont mis à l’honneur. Ici, il est possible de récupérer des objets, d’en donner ou bien simplement d’en emprunter pour quelques semaines. Car favoriser la seconde main, c’est améliorer notre méthode de consommation.
L’intégralité des objets exposés est récupérée sous forme de dons. Des personnes viennent, déposent leurs objets, puis repartent. Les bénévoles les récupèrent ensuite et les exposent au rez-de-chaussée de la petite maison dans laquelle se trouvent les locaux. C’est aux clients de faire leur choix dans la multitude d’articles exposés : la seule règle est 5 objets par personne et par jour. Et les choix sont variés : vêtements, livres, vinyles, CD et autres babioles en tout genre.
Contrairement aux idées que l’on pourrait se faire, la BoutiKa’Dons n’est pas uniquement réservée aux personnes les plus démunies. Tout le monde est le ou la bienvenu(e). Que ce soit pour déposer des dons, récupérer un objet de seconde main ou juste passer un bon moment, chaque raison est bonne pour aller y faire un tour.
Une lutte contre la surconsommation
Sur une affiche collée au mur de la boutique, nous pouvons lire les objectifs principaux de l’association. L’un d’entre eux nous paraît plus qu’explicatif : « S’organiser pour lutter contre la production de déchets, l’extraction et la consommation de ressources naturelles, de gaspillage et les pollutions que cela génère. »
Tous les objets récupérés par la BoutiKa’Dons sont neufs ou très peu utilisés. Au lieu de les jeter, les donateurs préfèrent les ramener. Ils y trouveront une seconde vie, avec des personnes qui en ont réellement besoin, là où ils seront de nouveaux utiles. Ce sont des petits gestes comme cela qui permettent de réduire notre surconsommation, malheureusement bien trop souvent naturelle. Il est également possible de louer certains objets : par exemple, il est plus raisonnable de louer un appareil à raclette pour quelques semaine que de l’acheter ou le récupérer à la boutique, pour qu’il finisse, au final, au fond d’un placard.
«On produit trop, on a beaucoup trop de choses. Tout ce qu’on nous ramène, c’est de la folie», nous explique Sylvie. Et il est vrai que la boutique paraît pleine à craquer. Pour un objet récupéré, c’est comme si le double arrivait le lendemain. On se rend compte de notre consommation personnelle lorsque celle des autres est exposée devant nos yeux, dans la boutique. Plusieurs objets nous ont fait de l’œil, presque au point de les récupérer à notre tour, avant de réaliser que les adopter ne ferait qu’augmenter notre propre consommation.
Des activités pour tous
Toujours dans son optique de « rendre le monde un petit peu meilleur », comme nous le dit Sylvie, l’association propose également un accès à des ateliers variés et ouverts à tous. Au programme du mois de mars : ateliers de relaxation, cours d’informatique et même une aide administrative. Il est également possible d’apprendre à fabriquer son propre déodorant ou baume à lèvres au lieu d’en acheter un en grande surface. Ces ateliers sont animés par des citoyens lambdas qui n’ont qu’une envie, transmettre leur savoir et apprendre en s’amusant dans une ambiance chaleureuse.
Ces ateliers présentent une autre manière de consommer : créer en fonction de ses propres besoin à partie de ce l’on a déjà. Le tour dans une bonne humeur propre au lieu, avec des personnes ayant le même but, c’est-à-dire renforcer les liens sociaux et réduire leur consommation.
Chaque évolution de notre société vient d’une petite initiative, et c’est en soutenant cette dernière que les choses changeront.
Morgane Gonçalves Dos Santos
Visite de la BoutiKa'dons
Édito - Amazon ou le diktat de la surproduction
L’entreprise Amazon est régulièrement critiquée pour son empreinte carbone importante. En cause ? La gigantesque consommation d’énergie de ses fermes de serveurs, les livraisons rapides qui génèrent énormément de gaz à effet de serre (notamment avec le fret aérien). D’après un rapport des Amis de la Terre, Attac et de l’Union syndicale Solidaire du 24 novembre 2019, le géant du e-commerce aurait produit autant d’émissions de gaz à effet de serre que le Portugal en 2018, soit 55,8 millions de tonnes. La même année, il aurait détruit 3,2 millions de produits invendus, selon des estimations de la CGT. Des télévisions, des jeux pour enfants, des machines à laver,… Tous ces articles manufacturés neufs ont été jetés dans ses cinq entrepôts situés en France.
Mais pourquoi jeter autant de produits neufs invendus ? Le coût du stockage des produits augmente avec le temps : 26€/m3, après 6 mois 500€/m3, puis 1000€/m3 après 1 an. Les vendeurs sont donc dissuadés de laisser leurs articles longtemps dans un entrepôt Amazon, d’autant plus que le prix de rapatriement des invendus est, lui aussi, très élevé. Une dernière option plus rentable s’offre donc à eux : la destruction.
Pour redorer son blason, le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, s’est engagé publiquement à réduire ses émissions de CO2 de 50% d’ici 2030, après avoir été pointé du doigt par GreenPeace et de nombreuses autres ONG. L’entreprise de vente en ligne a également annoncé fin novembre 2019 un plan visant à automatiser les dons d’invendus des marchants associés. Amazon commence donc petit à petit à changer ses habitudes en faveur de l’environnement, mais entraîne toujours la surconsommation grâce à sa stratégie du monopole : être la première référence de la vente en ligne en regroupant toutes les catégories de produits imaginables.
Mia Pichon