Enroués et grippés, quelles perspectives pour concerts et autres spectacles
Déconfinés ou presque… Si l’espoir de retrouver une vie « normale » au lendemain d’un confinement contraignant commençait à se dessiner, la fin de l’été a mis un terme à tout cela. Nombreux sont les domaines qui souffrent des mesures sanitaires imposées par le gouvernement. Le monde du spectacle courbe l’échine depuis plus de six mois déjà.
Concerts et spectacles sont des prestations artistiques qui rassemblent, des défouloirs où l’on vient exprimer toutes formes de sentiments. Ce sont de véritables foyers émotionnels. Cependant, dans tous les moments de joie il arrive qu’un individu entrave, malgré lui ou non, les festivités. Difficile, ici, d’affirmer si la Covid-19 agit en connaissance de causes. Il n’empêche que les faits sont là, c’est toute une sphère économique qui est menacée.
Il est donc devenu nécessaire de relancer l’activité pour se donner un peu d’air sous peine de sombrer. À L’Aéronef, salle de concert lilloise, on fait preuve d’ingéniosité. Puisque les mesures interdisent de se tenir debout, c’est toute l’exploitation de l’espace qui est revue. Désormais, seulement deux cents personnes ont accès à la salle de concert. Ces deux cents spectateurs sont disposés autour d’une scène sur des gradins prévus à cet effet. On se retrouve avec une tout autre approche du concert, puisque le ce dernier se déroule à 360 degrés. « Ça invite les artistes à aller chercher des choses différentes dans leur répertoire. », expose Alexandre Humbert dans un article sur le site lillois Vozer.
Si L’Aéronef propose une alternative maligne pour permettre l’accès en présentiel à des concerts, il est envisageable que la salle de concert lilloise ait à revoir ses plans. L’évolution de la crise sanitaire ne va pas en s’améliorant dans les Hauts-de-France. En effet, la nuit du vendredi 09 octobre au samedi 10 octobre marque le passage de la métropole lilloise en zone d’alerte maximale…
Ingéniosité et anticipation, les clefs de la survie
À Paris, l’Apollo Théâtre avait pris les devants déjà pendant le confinement. Cette salle de spectacle parisienne est parmi les premières à avoir proposé des spectacles en streaming. Ils permettent à vingt personnes, tirées au sort, d’assister gratuitement à la prestation des artistes réalisée sur scène. Les vingt personnes sélectionnées interagissent avec les artistes par l’intermédiaire d’écrans disposés au premier rang. La diffusion des écrans est également retransmise sur l’arrière de la scène. Le reste des spectateurs doit quant à lui payer sa place pour accéder à la retransmission en ligne.
Ce format est toujours conservé par le théâtre parisien. Avec la reprise des spectacles en présentiel, l’Apollo théâtre s’offre ainsi logiquement la possibilité d’augmenter ses revenus. De plus, si de nouvelles mesures contraignantes venaient à être instaurées ils ont toujours la possibilité de pouvoir proposer des prestations via Internet.
Si certains théâtres ou salles de concerts tentent d’élaborer des stratagèmes toujours plus ingénieux, ils ne se battent pas tous à armes égales. Tous n’ont pas les moyens d’investir des sommes suffisantes pour pallier les contraintes sanitaires. Le plan de relance annoncé par la ministre de la Santé est un pas vers le rétablissement. Sur les deux milliards d’euros annoncés par Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, 432 millions sont attribués au « spectacle vivant ».
Nul doute qu’avoir plusieurs cordes à son arc est nécessaire de nos jours pour être en mesure d’assurer la tenue des prestations. Encore loin du calme après la tempête, le monde du spectacle peut tout de même entrevoir quelques éclaircies.
Louis Mathieu
Crédit photo : Maël Le Grouiec
ZOOM
De l’autre côté du plateau…
Le confinement et la période du Covid-19 ont marqué un sévère coup d’arrêt pour le monde du théâtre. Didier Barrer, comédien et metteur en scène, principalement dans la compagnie Bienvenue à Bord, soupire: « C’est une période de grande incertitude. » Après la reprise des représentations devant une audience clairsemée, les artistes doivent s’adapter. Et cela a déjà commencé pendant le confinement. « Cela a été pour moi l’occasion de bouger d’un point de vue artistique. », relativise t-il. Sa nouvelle création, une adaptation de la pièce Un Concours de circonstances est sur les rails, mais reste à trouver une salle capable de l’accueillir.
Le rapport au public aussi évolue, les comédiens sont confrontés à des sièges vides, « il y a un vrai phénomène de peur. », constate-t-il. Alors, cette période est propice à la recherche de nouvelles idées. L’objectif n’est ni plus ni moins que d’inventer un nouveau théâtre et remettre le spectateur au centre. Comme l’indique Jean Bellorini dans Télérama, il faut « l’accueillir comme on accueille chez soi quelqu’un à dîner ». Concrètement, cela se traduit par une volonté d’emmener le spectateur « dans les coulisses », et notamment la possibilité de faire des répétitions publiques. Le monde du théâtre, paralysé pendant le confinement, goûte à nouveau sa liberté, et compte bien trouver des solutions innovantes pour se relever.
Maël Le Grouiec
Le point de vue d’une spectatrice
Marius Joly