Faut-il faire le choix des protections périodiques lavables ?
Les protections périodiques jetables ont en ce moment la vie dure. Pas écologiques, pas économiques, dangereuses pour la santé… Face à ces accusations, de plus en plus de femmes décident de se tourner vers les protections lavables.
Les femmes ont toujours utilisé des dispositifs d’hygiène menstruelle. Ces derniers ont varié selon les époques et les innovations. Pourtant, les produits majoritairement utilisés aujourd’hui sont de plus en plus remis en cause. En 2017, la BBC calculait qu’une femme dépensait dans sa vie en moyenne 1730€ dans des protections menstruelles. Une enquête de 60 Millions de consommateurs, publiée en 2016, démontrait la présence de polluants industriels, de parfums ou encore de blanchissants dans beaucoup de serviettes et de tampons de différentes marques. Depuis quelques années, on entend parler du terrifiant « syndrome du choc toxique ». On peut donc légitimement s’interroger : allons-nous toutes mourir à cause de ce que l’on met au fond de notre culotte ?
Pourtant, il semble que les femmes ont de la chance. Le choix de protections périodiques est large et diversifié : protège-slips, serviettes hygiéniques ou encore tampons… Seulement, de nouveaux produits attirent aujourd’hui les faveurs de plus en plus de consommatrices : les protections lavables. Serviettes en tissu, culottes menstruelles, cups… On les dit plus écolos, plus économiques ou encore plus sûres.
Un paquet de serviettes hygiéniques jetables coûte, selon les marques, entre 2 et 5 euros. Une serviette hygiénique lavable coûte, quant à elle, entre 5 et 15 euros. Si on compare la durée de vie des produits par rapport à leur prix, l’intérêt économique est évident.
On peut distinguer un autre avantage à ce type de protection menstruelle : le geste écologique. Les produits lavables participent à la diminution des déchets. Par ailleurs, avec une composition bien moins obscure que pour les produits jetables, les serviettes en tissu sont souvent en coton bio. Des marques françaises comme Plim ou Dans ma culotte mettent en avant des labels textile équivalents au bio, comme Oeko-Tex et GOTS – « tout à fait valables » pour Odile Bagot, gynécologue et blogueuse sous le nom de « Mam Gynéco»
Une alternative plus sûre pour la santé ?
Une étude du Centre International des recherches en infectiologie, datée du 10 mars 2020, démontre que le port de tampon pendant plus de six heures d’affilée est associé à un risque plus élevé de contracter un syndrome du choc toxique. Ce terme plutôt flou désigne un syndrome aigu, potentiellement mortel, qui peut se déclencher chez certaines femmes utilisant, durant leurs règles, des dispositifs vaginaux. Jusqu’à présent, aucune étude n’a pu directement relier le déclenchement de ce syndrome à la composition des tampons. Selon Odile Bagot, il ne faut pas déduire de liens de causalité sans preuve : « C’est très grave mais ça reste très rare. Il faut aussi dire que c’est plutôt une pathologie des règles de la femme jeune, un problème de protection hygiénique gardée trop longtemps. » D’ailleurs, les faits le prouvent : on peut tout aussi bien déclencher le syndrome en portant une cup lavable, alors même que ce dispositif est vendu comme une alternative bien plus sûre pour la santé qu’un tampon.
Au final, toutes les femmes doivent-elles absolument se convertir aux protections lavables ? Pas selon Odile Bagot : « Je plaide pour qu’on laisse les femmes faire ce qu’elles souhaitent. Le besoin de l’une n’est pas le même que celui de l’autre. La préoccupation écologique est absolument évidente, mais pour le reste c’est une question de confort personnel. Aujourd’hui, les femmes sont culpabilisées sur leurs choix, on ne leur donne pas les moyens d’opter sereinement pour une option ou une autre, il faut leur donner des informations valides. »
On peut tout aussi bien ne pas choisir : profiter de la praticité du tampon à la piscine et apprécier le confort de dormir avec une culotte menstruelle. Sans vivre dans la peur de la maladie ou dans la culpabilité écologique.
Solène Guili
Zoom : une brève histoire des protections menstruelles
Aujourd’hui, au rayon menstruation, les femmes ont globalement accès à un large choix de protections périodiques. Mais, vous êtes-vous déjà interrogés sur la façon dont elles se protégeaient il y a des décennies voire des siècles de nos jours ? Serviettes, tampons, coupes menstruelles ou protections lavables et réutilisables… Une chose est sûre : l’évolution de ces protections est à relier avec la vision des règles au sein de la société, qui ont pendant (trop) longtemps été entourées de la loi du silence.
Si dans la Grèce antique et jusqu’au début XIXe siècle, le sang des règles était à la fois perçu par l’opinion publique comme sale, honteux voire toxique ou malsain, les règles ont pourtant toujours constitué une réalité inévitable que les femmes doivent gérer. Pour y faire face, avant le XXe siècle, les femmes avaient ainsi majoritairement recours au « bricolage ». Sans surprise, les premières protections improvisées sont souvent inconfortables, volumineuses et lourdes.
Ce n’est qu’à l’issue de la Première Guerre mondiale que les serviettes sont produites industriellement, par la société Kimberly Clark. La société Tampax invente le premier tampon jetable en 1934, réservé à l’époque aux femmes mariées. Pour cause : on pensait qu’il pouvait faire perdre la virginité. A partir de 1963, les Françaises peuvent enfin acheter des serviettes jetables en magasin.
Ces dernières années, face à un constat écologique préoccupant, de nouvelles formes de protections ont émergé : c’est le cas de la coupe et de la culotte menstruelles. Toutes ces inventions ont participé à l’émancipation des femmes, bien qu’inégalement entre les différents pays du globe. Il n’en reste pas moins qu’en France, du chemin a été fait concernant la gestion des règles.
Hana Maayoufi