The-ring.io, une vitrine en ligne à la rescousse des petits commerçants
Photo - Elsa RANCEL
Lancée en août dernier par la société lilloise du même nom, l’application The-ring.io connaît déjà un certain succès avec des dizaines de milliers d’utilisateurs. Conceptualisée pour aider les commerces de proximité en leur donnant de la visibilité, elle apparaît comme une aubaine pour ceux qui, pendant le reconfinement, voient les lendemains s’assombrir.
Une véritable place de marché géante s’est ouverte aux Français, à portée de mains, entre leurs doigts. Des milliers de vitrines sur un écran de 5 pouces. Mais il n’est pas question d’abandonner le libraire de la rue piétonne ou le barman de la Rue de la Soif. C’est le projet d’Arnaud Przybylski, 46 ans, commercial de métier. Lui et son équipe ont travaillé pendant 30 mois sur la conception de cette nouvelle application. Ils s’étaient déjà rendu compte que le commerce local risquait de sombrer face à la montée en puissance des géants du commerce en ligne.
« C’est une plateforme digitale collaboratrice. Elle rassemble tous les corps de métier possibles », présente Arnaud. Essentiels ou non. Fermés ou pas. « Le système de géolocalisation permet au consommateur de découvrir de nouveaux commerces autour de lui et les produits qui sont mis à sa disposition. » Tout celà depuis son téléphone.
Le service « click and collect » est également proposé. Les utilisateurs peuvent acheter en ligne des produits et les retirer directement dans le magasin qui les propose. « Si j’ai envie de manger un saucisson ce soir, je clique sur le commerce qui en vend, j’ajoute le produit dans mon panier, je paye, je programme l’heure et je vais le retirer sur place. » Cela limite les contacts et évite ainsi de prendre un risque en pleine crise sanitaire. Ce service « booste de 15 à 20% le chiffre d’affaires des entreprises », assure le fondateur de l’application. Un petit bol d’air pour ces commerces en grande difficulté financière.
De l’autre côté de l’affaire, derrière le comptoir, le commerçant doit installer une autre application, The-ring.io Pro. « Notre service de base est gratuit et sans commission. Il y a pas mal de fonctionnalités. On peut par exemple gérer le chiffre d’affaires de l’entreprise ou ajouter un produit à la vente. » Cependant, si les commerces veulent davantage de visibilité, proposer leurs bons plans ou apparaître dans le fil d’actualité photos de l’application, il faut s’abonner. 29€ par mois.
Vers de nouveaux horizons
Seulement 3 mois après son lancement, The-ring.io est déjà disponible dans de nombreux coins de France. « Nous sommes déjà présents dans une dizaine de grandes villes comme Paris ou Toulouse. » Mais son implantation dans les zones rurales est très faible.
Les esprits sont confiants, les objectifs ambitieux. Arnaud et sa société veulent désormais dépasser les frontières nationales. « Notre but est d’être présent sur toute l’Europe, sous forme de franchises. Il y a 28 millions de commerçants sur le continent », indique le fondateur. L’objectif est clair. « Il faut attirer le maximum d’acheteurs potentiels. Nous voulons digitaliser 1 million de clients d’ici 5 ans. » Il mise alors sur les réseaux sociaux pour étendre son influence, comme Instagram. « Je souhaite y intégrer à terme l’ensemble des petits commerçants qui sont déjà présents sur l’application. » Un commerce multiplateforme est donc en perspective.
« Nous ne sommes absolument pas dans une logique de concurrence avec les géants du commerce en ligne, ceux qui veulent se frotter à Amazon sont des doux rêveurs, des inconscients », prévient Arnaud. « Nous les voyons plutôt comme un partenaire. » Il perçoit ainsi d’un autre œil cette multinationale, qui représente 19% du commerce en ligne national et environ 10 000 emplois en France.
Arnaud Przybylski reconnaît que son initiative ne sauvera pas pour autant les commerces de proximité. En dépit de toutes les initiatives mises en œuvre et de l’inconditionnel soutien des Français, au moins 12 000 commerçants ont déjà fait faillite à cause de la première vague épidémique.
Clément VIRON
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Click & Collect, quand tu nous tiens
Second confinement, nouvelle adaptation. Alors que les commerces dits non essentiels sont contraints de fermer leur porte, certains tentent de continuer leur activité via internet. L’anglicisme « Click & Collect » fixe une nouvelle méthode de vente, alliant e-commerce et commerce de proximité. Commander en ligne ou par téléphone puis retirer en magasin, une solution pour permettre aux consommateurs d’effectuer des achats dans le respect des mesures sanitaires. Crée en 2009 par Darty, cette pratique s’est largement développée avec l’avènement du numérique et la crise sanitaire. Un remède miracle contre les maux du confinement, mais est-ce réellement le bon antidote ?
Un moyen de limiter la casse, mais plus difficile à réaliser que l’on ne le pense. Une implication express dans une France de plus en plus confrontée à une fracture numérique. “Mettre un site internet en place, c’est quasiment ouvrir une deuxième boutique”, prévient Jean-Pierre Lehmann, président de Vitrines de France. La construction d’un site est donc obligatoire, à compter entre 400 à 3000 euros en moyenne. Une somme contraignante pour certains commerces indépendants. Internet limite aussi le contact avec le client, et même si le Click & Collect tente de l’assurer, l’accès à de l’aide personnalisé est tourmenté. En librairie, déambuler entre les rayons constitue une grande part finale de l’achat. Le délaissement de la découverte.
L’avènement du numérique présente-t-il donc un danger pour les petits commerçants ? Ou devient-il une force ?
Elsa RANCEL
L’avènement du numérique présente-t-il donc un danger pour les petits commerçants ?
Axelle WAGNER