Depuis quelques années le nombre d’abeilles est en constante diminution. Créée en 2018, l’association Car Elles Butinent agit à son échelle pour faire évoluer la situation en s’appuyant sur deux piliers, la sensibilisation chez les jeunes et le financement participatif des ruches. Nous avons pu rencontrer Mathieu Navarro son cofondateur.
Malheureusement, depuis quelque temps, le monde des abeilles ne ressemble plus vraiment à celui de Maya. Insecticides, frelons asiatiques, maladies, la situation de ces petits pollinisateurs n’a pas cessé de se dégrader depuis 2006 et les premières alertes concernant la mortalité des colonies. C’est dans ce contexte que Mathieu Navarro et Fabrice Allier ont créé l’association Car Elles Butinent en 2018. Deux passionnés ayant pour objectifs de faire évoluer la place de l’abeille dans les mentalités et d’appliquer un modèle durable, participatif et écologique à leurs projets.
On commence à le savoir, mais cela ne coûte rien de le rappeler, les abeilles sont indispensables à notre écosystème. Effectivement, pas moins d’un tiers de l’alimentation mondiale résulte de la pollinisation. Sans abeilles, plus de pommes, de carottes ou de citrons par exemple. Et ces dernières années leur situation est devenue inquiétante. « On assiste à un effondrement des colonies avec des taux de pertes de 30% annuels », souligne Mathieu Navarro.
Car Elles Butinent n’a évidemment ni les capacités ni la prétention de régler d’un coup de baguette magique les problèmes de l’apiculture mais l’association souhaite agir, à son échelle. Pour cela, l’organisation s’appuie sur un domaine : la sensibilisation des plus jeunes.
Avec leur programme L’abeille en classe, dont Mathieu Navarro parle comme du « cœur de l’association », les membres de l’équipe peuvent intervenir dans les écoles et faire connaître le monde de l’apiculture aux plus jeunes. « Concrètement, on crée des outils pédagogiques adaptés à chaque tranche d’âge que ce soit sur des ruchers pédagogiques ou dans les cours de récré », complète Mathieu Navarro.
Apiculteur en herbe
L’association gère actuellement 3 ruchers pédagogiques à Avignon et propose à des classes de différents niveaux de se mettre dans la peau d’un apiculteur. Une fois la combinaison de protection enfilée, nos apiculteurs en herbes peuvent mettre la main à la pâte et à ce moment-là, « il se passe un truc » nous confie Mathieu Navarro. Ils apprennent le fonctionnement d’une ruche, le rôle de la reine, l’apport des abeilles dans la biodiversité et la plupart « tombent amoureux des abeilles ». On comprend alors qu’effectivement : « L’éducation est peut-être l’arme la plus puissante pour changer les choses. » A l’association, quatre membres s’occupent du programme L’abeille en classe et tentent de participer à l’éducation d’une génération plus consciencieuse de la biodiversité.
L’autre programme développé par l’association s’appelle Je parraine une ruche. Le concept est simple : n’importe qui peut faire un don à l’association et parrainer « sa » ruche. A chaque parrainage, une nouvelle ruche est installée chez un apiculteur partenaire et vous pourrez alors suivre son évolution, recevoir le miel de votre ruche ou encore venir la visiter. Le concept a été pensé dans les moindres détails et Mathieu Navarro explique que « chaque ruche est sédentaire ». Des ruches qui seront donc présentes toute l’année sur le territoire et qui permettront « la conservation de la biodiversité, par la pollinisation ».
"Soutenir ceux qui en ont besoin"
Par ce programme, Car Elles Butinent peut financer L’abeille en classe et soutient surtout ses apiculteurs partenaires. Des apiculteurs particuliers puisque l’association se tourne vers de jeunes producteurs souhaitant s’installer, amorcer leur transition vers le bio, ou encore porter une autre démarche durable mais souvent difficile à mettre en place et onéreuse. Le but est donc d’accompagner « ceux qui en ont vraiment besoin ».
Evidemment, Mathieu Navarro le dit, « il n’existe pas de solution miracle » mais soutenir une apiculture locale et respectueuse de l’environnement pourrait déjà faire avancer les choses. En attendant n’hésitez pas à planter des fleurs ou des plantes mellifères sur votre balcon ou à sortir une petite coupelle d’eau à l’extérieur en été, nos abeilles le valent bien.
Marius Joly
Crédits Photos: Site web de Car Elles butinent
Zoom sur un apiculteur partenaire.
Antoine Sudan a 26 ans. Originaire d’Avignon, cela fait sept ans qu’il est intégré dans le milieu de l’apiculture. Son exploitation se nomme les « Gourmets z’ailes » et elle aussi est installée dans le Vaucluse. Antoine, ne se destinait pas à devenir apiculteur, « Je suis tombé dedans et je n’ai jamais décroché ».
Proche d’un des fondateurs de l’association à sa création, il a l’occasion d’échanger avec eux sur « les termes techniques ». Il discute également de « comment l’association peut nous aider ». En ce qui le concerne, être affilié à l’association lui offre la possibilité « assurer une rentrée d’argent fixe » notamment par le biais des parrainages des ruches. De plus, M.Sudan la qualifie de « tribune » puisqu’elle contribue à lui donner une certaine visibilité auprès des consommateurs notamment. L’entretien des ruches parrainées correspond à un dixième du travail qu’il consacre à l’entretien à l’ensemble des ruches dont il a la charge, « je gère avec ma compagne plus de 400 ruches ».
Au-delà de l’entretien des ruches parrainées, Antoine Sudan s’implique dans le fonctionnement de l’association. Il n’est pas rare qu’il participe à l’inauguration de certains ruchers de l’association. Cela consiste en partie « à l’ouverture des premières ruches devant les parrains et propriétaires de l’emplacement ».
Questionné sur la problématique de l’emploi de produits phytosanitaires et notamment ceux nocifs pour les abeilles. L’apiculteur explique que des discussions ont eu lieu avec les fondateurs pour envisager « un appui lors de problèmes d’intoxication sur nos ruchers qu’ils soient parrainés ou non ».
Louis Mathieu
Arnaud Mahu