Le CAFFES, une main tendue pour les victimes de dérives sectaires
Posted On 9 décembre 2020
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La secte. Ce concept un peu abstrait, un peu lointain, qu’on imagine disparu ou très peu répandu dans notre société moderne. Cette chose qu’on voit à la télé, dans un documentaire, et qu’on connaît très mal. Pourtant, en 2020, en France, il y a entre 500 à 600 mouvements sectaires, soit presque quatre fois plus que les 172 recensés dans un rapport de 1996. Ces mouvements sont-ils tout nouveaux ?
Charline Delporte, présidente du CAFFES depuis 2014, nous assure que non. Cette femme est devenue, sans le chercher, une des figures les plus importantes de l’activisme contre les dérives sectaires. En 1989, elle était une mère désemparée face au comportement de sa fille, Anne*, qui est allée chercher de l’aide auprès de l’ADFI. Une femme qui a dû “se battre contre un ennemi invisible” : l’emprise des Témoins de Jéhovah sur son enfant.
Petit à petit, elle s’est engagée auprès de l’ADFI de Lille, jusqu’à en devenir présidente, pendant 22 ans. Une voie qu’elle ne pensait pas emprunter à plus de 40 ans. Puis, l’ADFI est devenu le CAFFES mais n’a pas changé son mode de fonctionnement. Le but est d’accompagner au plus près les familles de victimes d’emprise sectaire, de leur donner la parole et les aider à s’en sortir.
Ainsi, depuis les années 1990, Charline a assisté à l’évolution de multiples mouvements, dont la radicalisation. “Il y en avait beaucoup à l’époque : la scientologie, Raël, l’Ordre du Temple solaire… tous ces gens-là qui nous racontaient des grandes carabistouilles, et d’autres qui y croyaient.” La majorité était portée par des figures emblématiques, les leaders et fondateurs, qui facilitaient l’identification de leur doctrine.
On peut croire que les choses ont changé aujourd’hui, que tous ces réseaux ne sont plus. “Pour beaucoup ils sont toujours là“, nous éclaire Mme Delporte. “Mais ils ont bien sûr changé de nom à la sortie de ce rapport de 96.” Seuls les Témoins de Jéhovah – qui, aujourd’hui, bénéficient d’un statut plus qu’ambigu – et l’Eglise de Scientologie semblent avoir gardé leur nom.
Ces dernières années, c’est surtout des “petites boutiques de déviances thérapeutiques” dont il faut se méfier. “Depuis Internet, il y a foule de micro-mouvements sectaires comme ça, basé sur le thérapeutique. Sans parler de tous ces complotistes qui font pire… On est dans une situation très délicate“. Surtout lorsque ces soi-disant alternatives à la médecine menacent la santé de l’individu.
“Depuis mars, dans tout ce qui était dérives thérapeutiques, on a eu des gens qui clament que, pour avoir moins de chance d’attraper le COVID-19, il faut exposer son anus 5 minutes au soleil… ou quelque chose comme ça.” Une anecdote qui peut faire rire, mais qui affole les médecins. Beaucoup de gens se sont retrouvés avec la muqueuse brûlée à cet endroit. “De faux remèdes comme ça ont circulé, on est dans le délire complet.”
Entre les groupes en ligne et les vieux ennemis, la montée de la radicalisation ne surprend plus Charline Delporte. “Ce qui se passe, je m’y attendais. Malheureusement, ça fait 30 ans que je fréquente ces centres, j’ai pu entendre beaucoup de monde. Mais il fallait se taire dans les années 90, c’était secret d’Etat.”
Ironie du sort, le gouvernement ne se focalise plus que sur le sujet de la radicalisation, quitte à laisser la lutte contre les dérives sectaires sur le côté – comme en atteste le déménagement de la Miviludes au ministère de l’Intérieur. En tout cas, une chose est sûre : Charline et son centre seront toujours là pour accompagner les familles qui se battent contre cet ennemi invisible. Malgré une situation de plus en plus difficile, qui l’a poussée à lancer un appel au secours au gouvernement, le CAFFES tient bon. “Garder le contact impérativement, coûte que coûte, c’est ce qui marche.” – et c’est le travail que le centre fait chaque jour.
* le prénom a été changé.
Du 17 mars au 11 mai 2020 toute la France se confinait, et après quelques mois de répit c’est l’heure du reconfinement qui sonne le 30 octobre. Une ambiance pesante, le traitement de la Covid-19 dans les médias est constant, les rues sont désertes et les interactions sociales et loisirs plus que limités. Ce sont les ingrédients nécessaires pour être démoralisés, perdre ses repères, en bref : le confinement a une influence souvent néfaste sur la santé mentale, surtout si on est isolé.
Selon de nombreuses revues médicales, américaines, allemandes ou encore françaises, l’isolement est facteur de stress, d’angoisse, de dépression, facteurs qui peuvent mener à la mutilation ou pire, le suicide.
Ce contexte est plus que favorable à ceux qui voudraient profiter de la fragilité mentale de certains pour augmenter leur influence, la Miviludes avait d’ailleurs alerté sur ce risque. On n’a pas encore assisté à des grands mouvements sectaires qui se développent avec le confinement mais plus au développement de petits groupes ou de pratiques “thérapeutiques” qui sauveraient du virus Sars-Cov-2, ou à l’inverse des adeptes de la théorie du complot et des fatalistes qui nous “prouvent” que prendre des précautions est inutile et pour aller plus loin, se faire vacciner en général ne servirait à rien. Francine Caumel-Dauphin, membre du conseil d’administration du Centre contre les manipulations mentales (CCMM) français explique qu’elle a assisté pendant cette période à des “offensives beaucoup plus marquées de la part de grands mouvements qui exploitent la manipulation mentale”.
Enfin, Flora Granchette vous explique la différence entre une secte et une “dérive sectaire”.
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