Alors que le confinement suit son cours, un sentiment de solitude pèse de plus en plus sur notre
moral. Forcés de revenir aux fondamentaux, c’est vers les animaux de compagnie que l’on se tourne
pour trouver une source de bien-être. Ça tombe bien, car les bénéfices sont réciproques.
Le confinement nous a fait comprendre que l’être humain n’est pas une simple machine bonne qu’à travailler. Pour survivre il a besoin d’interactions sociales, avec les autres comme avec les animaux. L’effet de ces derniers sur lui est prouvé. Selon une récente étude américaine, posséder un animal procure des bienfaits considérables sur la santé. Près de 68% des individus interrogés estimaient que leur animal de compagnie les rendait plus heureux. Jean-François Eyme, vétérinaire dans le sud de la France, constate que les propriétaires d’animaux vivent plus longtemps et en meilleure santé physique et psychique que les autres. Il affirme : « La présence d’un animal à la maison nous reconnecte avec la nature et le monde animal dont nous faisons intégralement partie. »
Donatella, étudiante parisienne, a fui son petit appartement pour rejoindre le domicile familial dès l’annonce du second confinement. Si elle concède que sa décision a été motivée par le fait de retrouver l’insouciance du foyer parental, elle avoue que c’est aussi pour retrouver ses petits compagnons qu’elle a voulu rentrer. « Depuis que je vis seule, je déprime, et ce sentiment de solitude est pesant. Alors sans mes animaux, le confinement aurait été vraiment trop dur. Ils sont un peu mon phare dans la nuit ! »
Une aide qui va dans les deux sens
Le bienfait que peuvent procurer les animaux n’est plus à démontrer. Mais comment faire si on n’est pas en capacité d’adopter ? Tout bienfaiteur qu’il est pour l’humain, l’animal ne doit pas être adopté à la légère. Plusieurs solutions existent pour le côtoyer, et parmi elles, le bénévolat dans les associations ou les plateformes d’entraide pour promener ou garder les animaux des autres.
La SPA de Tourcoing propose deux formes de bénévolat. L’une pour accueillir les animaux qui ne peuvent l’être directement par l’association avec la création de « familles relais ». Elles gardent et soignent les animaux en attendant qu’ils soient adoptés. Il en existe une quinzaine dans la métropole lilloise. Ensuite, la SPA engage des bénévoles pour s’occuper du site. Ils sont une trentaine et assurent dix-huit types de missions différentes, de l’entretien du site aux interventions dans les écoles en passant par la stérilisation des chats sauvages. Karine Varlet, directrice de la structure et bénévole elle aussi précise toutefois : « C’est un bénévolat très engagé, il ne doit pas être vu comme un passe-temps. » Pour elle, le bénévolat est un échange de bien-être entre l’animal et l’homme. Les bénévoles qu’elle accompagne se sentent épanouis et leur première motivation a été un besoin de contact avec les animaux. Elle confie : « La protection animale est une vraie passion, quand on y met un doigt c’est foutu ! Les animaux ont besoin de l’homme autant que l’homme a besoin des animaux. »
Il existe aussi des plateformes collaboratives entre particuliers, par exemple, Pet’s family & Co, originaire d’Arras, est un service collaboratif de garde d’animaux proches de chez soi. Emprunte mon toutou, plateforme plus connue, propose elle aussi de l’entraide pour garder un animal ou pour aller le promener quelques heures. Ainsi, que cela soit sous la forme du bénévolat ou de l’entraide entre particuliers, le bien-être procuré par un animal peut coïncider avec le don de soi pour une cause juste. Alors pourquoi se priver ?
Crédit photo : Maïa Delcourt
Jade Esposito
VIDEO : Animaux et Réseaux Sociaux
ZOOM : Les sans-abris et leurs animaux
Les personnes sans-abris illustrent parfaitement cette relation particulière qu’elles entretiennent généralement avec leurs animaux. Fabrice un sans-abris de Paris confiait à Brut en 2018 “C’est déjà dur avec mes chiens mais alors au début sans mes chiens, c’était horrible moralement”. La plupart des personnes vivant dans la rue avec leurs animaux de compagnie sont unanimes; leurs animaux passent avant tout et sont d’une grande aide psychologique. Une manière de confirmer le célèbre adage “Le chien est le meilleur ami de l’Homme”. En plus d’être un pilier affectif, il semblerait que accompagnés d’animaux, leur image auprès des passants soit changée, certains achètent même de la nourriture pour les animaux mais pas pour leur propriétaire.
Malheureusement, malgré l’attachement important qui lie les animaux à leur maître, la plupart des auberges et des centres pouvant accueillir les sans-abris refusent les animaux. Si certains sont contraints de les abandonner au profit d’une nuit au chaud, nombreux sont ceux qui préfèrent avoir froid et faim plutôt que de laisser leurs petites bêtes.
C’est en raison de ce dilemme qui ne devrait pas avoir lieu d’être, que plusieurs associations telles que Les Coeurs de l’Ange, Les babines de l’espoir ou La Croix Rouge se sont mobilisés et organisent des maraudes à la fois pour les sans-abris et pour leurs animaux. Aussi, plusieurs étudiants vétérinaires comme ceux du DVEL (Dispensaire Vétérinaire Étudiant de Lyon) offrent des soins vétérinaires gratuits pour les animaux de compagnie des sans-abris. Partant d’un exercice donné par l’école, l’initiative a fini par prendre de l’ampleur et s’est généralisée partout en France. Des avancées qui permettent d’obtenir soins et produits de première nécessité à la fois pour les maîtres et leurs animaux.
Nephtys Bodet