L’aménagement urbain pédale-t-il à côté du vélo ?
Alternative essentielle pour le bien-être de notre planète, fonction sportive ou ludique, et omniprésente dans le marché de la livraison à domicile, la pratique du vélo devient un mode de transport barrière en pleine crise sanitaire. Le ministère de la Transition écologique s’est appuyé sur cette idée en déployant en mai dernier le dispositif national « coup de pouce vélo ».
Heures de pointe dans les grandes métropoles, étudiants, salariés, chômeurs et tous les autres se retrouvent dans un métro, un bus ou un tramway bondés, se demandant s’il faut ou non s’agripper à la barre, possiblement pleine de microbes, pour ne pas tomber. En pleine période de crise sanitaire, la question se pose d’autant plus. Depuis mai dernier, une opération offre à chaque Français la possibilité de bénéficier d’une aide de 50 € afin de faire réparer ou réviser son vélo. Une inscription sur coupdepoucevelo.fr suffit afin d’être éligible à cette subvention. Un système qui permet aux professionnels du secteur d’augmenter leur activité, des plus petites enseignes aux plus gros noms. Outre les particuliers, les entreprises peuvent aussi demander à être aidées afin d’aménager leurs locaux pour inciter leurs salariés à venir à vélo. L’objectif est clair : faire le plus grand nombre de personnes pédale pour se rendre au travail.
Le succès est tel – la barre du million de vélos réparés a été franchie en automne dernier – que le gouvernement a prolongé le dispositif jusqu’au 31 mars 2021.
Lille, la pente ascendante ?
Plus localement, Ilévia, réseau de transports de la MEL, s’est penché depuis plusieurs années sur le sujet de la bicyclette pour se déplacer avec plus de 2000 vélos en libre-service répartis dans différentes stations de la métropole lilloise. Accessible à n’importe quel instant, le V’lille allie simplicité et respect de l’environnement. La Ville se force à rendre la vie de ses cyclistes plus agréable et voit ses habitants se mettre en selle. Pour rendre les déplacements à vélo plus sûrs, plus simples et limiter le recours à la voiture, plusieurs aménagements cyclables sont mis en place. Les voies réservées aux vélos sont agrandies afin de diminuer les contacts entre cyclistes, de leur octroyer davantage de sécurité, de confort et d’éviter la surcharge des transports en commun. Une douzaine d’aménagements ont pu être réalisés. Ainsi, une piste cyclable a été ajoutée le long du boulevard Victor Hugo, et dans plusieurs rues, la largeur des voies de circulation des véhicules motorisés a été réduite.
Paradoxalement, les cyclistes lillois restent assez sceptiques quant à leur sécurité sur deux-roues. « Les voies cyclables empiètent sur les voies de bus, c’est dangereux ! Sans compter les rues où la piste cyclable est à contresens des voitures », témoigne Julien, qui se déplace uniquement à vélo et qui pense que la ville n’est pas encore assez adaptée. En parallèle, Lille a officialisé il y a un an la première vélorue du Nord de la France. L’expansion cycliste relative dans la MEL a enclenché un dispositif d’action et d’aménagement pour le stationnement des vélos. « C’est important, il y a de plus en plus de cyclistes, on se sent plus important », exprime Florian, croisé sur le boulevard de la Liberté. Plusieurs arceaux à vélos ont été ajoutés ce qui porte leur nombre à 4 000. La ville dispose également de 28 box à vélo pour les Lillois. Ce service de stationnement sécurisé complète la diversité de solutions de stationnement vélo déployées sur l’espace public.
Guillaume Dubus
Zoom : les vélorues qu'est-ce que c'est ?
#Lille
— DroitAuVélo ADAV (@DroitAuVelo) December 23, 2019
très prochainement, une première vélorue à Lille sur l’axe La Phalecque-Cabanis !!!https://t.co/k0GYNQ5VV7
Très développées dans les pays scandinaves et chez nos voisins belges, les vélorues sont encore très rares en France. Ces sections de route permettent aux cyclistes d’être prioritaires face aux automobilistes. Concrètement, les voitures doivent autant laisser la priorité aux intersections au même titre qu’elles ne peuvent pas doubler les deux-roues.
Les automobilistes sont donc tolérés sur les vélorues mais doivent se plier au rythme des vélos. Ce nouveau dispositif est possible uniquement sur des routes très empruntées par les cyclistes et au trafic routier faible voire modéré.
Ces vélorues sont bien plus empruntées aux heures de pointe, c’est-à-dire pour aller et revenir du travail. Il est donc nécessaire d’avoir une bonne signalisation sur la route afin d’éviter l’anarchie !
Selon l’ADAV, des concertations sont toujours en cours afin de transformer d’autres axes routiers lillois en vélorues. Affaire à suivre…
Matthieu Heyman