Les musées se réinventent pour pallier la crise culturelle
En 2020, les musées n’ont pu ouvrir leurs portes que huit mois. Afin de contourner la crise sanitaire, ils ont développé les visites virtuelles.
Le 15 février dernier, le tribunal administratif de Montpellier a rendu sa décision, c’est officiel, les quatre musées de Perpignan qui avaient été rouverts par le maire vont de nouveau fermer leurs portes. Six petits jours d’ouverture… Les Perpignanais ont à peine entrevu le bonheur du retour de la culture en présentiel. En effet, depuis le premier confinement et face au distanciel forcé, une nouvelle forme d’accès à la culture est apparue : les visites de musée virtuelles.
C’est l’une des seules, si ce n’est la seule, formes d’art qui a pu se poursuivre pendant cette fâcheuse période. Toutes les formes d’art passent à présent par le visuel, les autres sens sont éjectés. A l’heure de la fermeture de tous les loisirs, les musées ont su trouver l’alternative. Nombreux sont ceux qui se sont mis à développer les visites sous forme de réalité virtuelle. Ces visites sont donc accessibles à tous et gratuitement. On a pu remarquer un réel essor de ces pratiques depuis le premier confinement. Linda Simon, responsable communication et relations partenariales des musées de Dijon explique : “la situation sanitaire nous a en quelque sorte forcé à créer ce type de contenu, mais elle a surtout accéléré leur mise en place, puisque c’est un tournant qu’on aurait dû prendre un jour ou l’autre”. Le Musée des Beaux-Arts de Dijon propose par exemple deux de ses expositions temporaires en visites virtuelles, ainsi que des vidéos pour comprendre les coulisses du musée.
Des visites gratuites et accessibles
Ces visites permettent notamment d’avoir accès gratuitement à des musées français comme le Louvre ou à des sites historiques, notamment le Château de Versailles, mais que diriez-vous de visiter les musées internationaux en ne bougeant pas de chez vous ? En effet, la National Gallery de Londres, le musée Van Gogh d’Amsterdam, le Metropolitan Museum de New York et bien plus encore, ont eux aussi suivi la tendance et proposent ces visites à distance. Il suffit de se rendre sur leur site et la visite peut commencer.
Mais pourquoi maintenir cet accès à la culture, et en particulier à l’art visuel des musées ? L’art est un marqueur de liberté : pouvoir se confronter à d’autres visions, remettre ses propres opinions en question, cela en fait toute sa richesse. C’est un élément fondamental de la démocratie et de la liberté d’expression, de penser, de culte… Outre le fait qu’il permet de s’évader, du moins spirituellement, la culture est même considérée comme un besoin vital selon l’UNESCO, elle permet de rapprocher les esprits et les cœurs dans une situation où tout le monde est séparé.
Les visites virtuelles permettent, certes, de maintenir l’accès à la culture, mais celui-ci reste limité. Ces visites ne remplaceront jamais l’expérience sensible d’une visite dans un musée, les émotions que procure la vision d’une œuvre sont incomparables, l’ambiance du musée en est la condition sine qua none. Vivre l’art derrière son écran ou dans un musée sont deux mondes radicalement différents. Néanmoins, dans le contexte de crise sanitaire, ces visites restent malgré tout toujours une solution pour rendre la culture accessible au plus grand nombre.
Léa Deseille
Grégory Pellegrini
Zoom sur l’UMA, un musée numérique, universel et gratuit
Le projet français “The Universal Museum of Art” (UMA) est gratuit, pour tous et accessible partout depuis le 5 décembre 2017. Son concepteur, l’historien de l’art Jean Vergès, prône un musée universel et totalement numérique.
“On imagine l’UMA comme le Netflix de l’art. Une plateforme de divertissement artistique globale”, Jean Vergès pour putsch.media
Il vous suffit d’être équipé d’un smartphone, d’une tablette, d’un ordinateur ou bien encore d’un casque de réalité virtuelle et les plus grandes œuvres du monde vous seront accessibles sans même bouger de votre canapé.
Des œuvres du monde entier réunies dans un même espace créent des expositions numériques inédites où le Plafond de la Chapelle Sixtine de Michel-Ange côtoie les Stances de Raphaël au Vatican. Des artistes comme Michel-Ange et Léonard de Vinci peuvent y confronter leur génie.
L’UMA a un accord avec plus de 70 musées français et il est notamment en partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Lille ou encore le musée d’Orsay. Le musée numérique se veut un rôle complémentaire au sein de ces lieux culturels avec pour cela deux objectifs : l’amélioration de leur visibilité internationale et digitale ainsi que la promesse d’une visibilité de toutes les œuvres sans limite.
En effet, le numérique n’a pas de limite en termes d’espace de stockage et d’exposition des œuvres. Ainsi, même les œuvres gardées habituellement en réserve peuvent être dévoilées au public. Celles tombées dans le domaine public sont également mises à disposition de tous au sein de ces expositions numériques.
La nouvelle technologie serait alors une solution aux lieux disparus, inaccessibles, endommagés ou encore un moyen actuel de pallier la crise culturelle engendrée par le contexte sanitaire
Emma Madani