Se soigner autrement avec la médecine intégrative
La logique voudrait que l’on oppose systématiquement les médecines conventionnelles reconnues par l’État et les médecines alternatives qui regroupent, entre autres, hypnotiseurs, magnétiseurs et sophrologues. Seulement, dans un milieu où les soignants se doivent d’être le plus efficace possible, surtout en temps de crise, est-il vraiment nécessaire d’exclure des options prometteuses ?
La médecine intégrative qui associe les pratiques non-conventionnelles et la médecine traditionnelle, n’a rien de nouveau. Associer les traitements médicamenteux à des manipulations physiques a toujours été mis en place à Tokyo, selon le fondateur de l’Institut français de Shiatsu, Michel Odoul. Le praticien, dont la spécialité vise à rétablir la circulation harmonieuse des énergies dans le corps, s’inspire de la médecine asiatique et sa formation est fréquentée par des médecins japonais. Michel Odoul connaît bien le Beijing Hospital où sont séparées les médecines en deux catégories, l’occidentale et l’orientale. Cette scission n’est pas synonyme d’opposition puisque les médecins travaillent pour le bien-être des patients et donc ne privilégient pas une méthode à un autre, la guérison étant la clé.
Les médecines alternatives pas si éloignées de la science
Lorsque l’on pense à la pratique de médecines alternatives, il est fréquent de s’imaginer des cabinets sombres dégageant une forte odeur d’huiles essentielles où l’on est accueilli par un gourou en toge. Il suffit de faire l’expérience une seule fois pour se rendre compte que ces endroits n’ont rien de mystiques puisque quand je me suis rendue dans le cabinet de François Chéron, étiopathe, j’ai pu retrouver mes repères habituels, il y avait une salle d’attente avec des magazines sur la psychologie et un cabinet avec une table d’auscultation similaire à celle qu’on peut voir chez les kinésithérapeutes. Pour compléter le tableau, il y avait même un Mac sur le bureau du praticien. Mais les similitudes entre médecines conventionnelles et alternatives ne s’arrêtent pas là puisque les étiopathes, dont la pratique est très similaire à celle des ostéopathes, posent un diagnostic sur leurs patients après avoir procédé à des interrogations et des palpations.
La mise en place d'un nouveau système
Il n’est pas rare d’être envoyé chez un médecin non-conventionnel par des spécialistes très cartésiens. Seulement, rien de tout cela n’est officiel bien que la coopération entre les deux branches soit actée, comme le prouve Michel Odoul qui est régulièrement convié à des colloques de cardiologue. Ainsi, la médiatisation de ces pratiques pourrait-elle permettre d’accélérer la procédure et donc de permettre plus de solutions pour les patients ? Si François Chéron semblait très peu enthousiaste sur le sujet c’est qu’il estimait impossible de choisir un porte-parole pour l’Institut français d’étiopathie puisqu’il serait compliqué de représenter tous les courants de la profession. Néanmoins, Michel Odoul semble, lui, avoir pris le train en marche et assure qu’une communication dans sa profession est déjà très active mais qu’il faut prendre la peine de l’écouter.
Alors, ne voyons plus la médecine comme une entité conventionnelle stable mais comme une profession en constante évolution pour le bien-être des gens qu’elle traite.
Guillemette Franque
Zoom sur l'homéopathie : pourquoi séduit-elle ?
En 2018, Le Figaro publiait une tribune de 124 professionnels de santé contre les médecines alternatives. L’homéopathie était particulièrement visée car son efficacité n’est pas prouvée mis à part son effet placebo. Un médicament placebo n’a pas d’efficacité thérapeutique mais peut agir sur le malade par des procédés psychologiques. Le principe est simple : si le malade ingère le médicament en pensant qu’il est efficace alors ce dernier se révélera utile.
Le Lancet, revue scientifique, publie en 2005 une étude montrant que l’homéopathie est un placebo. Cela peut s’expliquer par la forte dilution de son principe actif. Une dilution 12CH équivaut à une goutte de produit dans tous les océans de la planète. Certains produits homéopathiques vont jusqu’à 30CH de dilution. Son remboursement à hauteur de 15 % par la Sécurité Sociale s’est alors arrêté le 1er janvier 2021.
Seulement, en 2012, l’Ipsos publie une étude expliquant que 56 % des interrogés utilisent de l’homéopathie, dont 36 % régulièrement. Cette étude observe également que l’allopathie, médecine traditionnelle, est parfois perçue comme quasiment aussi efficace que l’homéopathie. En 2018, les Laboratoires Boiron réalisent environ 60 % de leur chiffre d’affaires total de 604 millions d’euros en France. Ils proposent principalement des remèdes homéopathiques et mettent en avant l’innocuité de leurs produits, facette qui séduit les consommateurs selon Ipsos.
L’homéopathie représente un marché colossal comparé à son efficacité thérapeutique. Cependant, elle reste probablement appréciée pour son effet placebo.
Clémence Fourel
Hugo Crabos