A La Rochelle, valoriser les déchets pour favoriser l’économie locale
La communauté d'agglomération de la Rochelle a ouvert, à la mi-janvier, son premier centre de valorisation des déchets en périphérie proche. Cette inauguration devrait permettre de rendre le tri et le recyclage local plus précis et complet.
Dès le passage de la barrière de sécurité, un premier détail saute aux yeux : des lignes tricolores serpentent sur le sol et guident les usagers vers les trois zones de tri majeures. Ces fils d’Ariane traduisent déjà l’une des motivations qui a mené à la construction de ce centre : un simple besoin de clarté et de renouveau. Les treize déchèteries de l’agglomération, vieilles de quelques décennies, doivent laisser place à l’horizon 2025 à cinq “centres de valorisations des déchets”. Poussé par la législation, ce plan à moyen terme a été imaginé pour répondre à de nouvelles contraintes : “Les 13 déchèteries ne correspondent plus aux normes européennes, elles ne valorisent pas assez les déchets”, explique Patrick Bouffet, conseiller communautaire délégué aux déchèteries de la communauté d’agglomération.
Au delà d’un simple changement de nom, le terme “valorisation” provient d’une réelle prise de conscience : “Les déchets ne sont pas des ordures, ils ont une valeur, on peut les recycler s’ils sont bien triés.” Ce premier centre va donc permettre d’élargir le spectre des matériaux recyclés, et ainsi d’éviter un certain gaspillage: “Le tout-venant part à l’enfouissement, quand j’ai appris cela, je me suis dis qu’on est encore au Moyen-Âge !” Certains types de polystyrène et de placo, par exemple, qui sont recyclés ailleurs en France mais qui ne l’étaient pas à La Rochelle à cause d’un tri trop peu précis, ne finiront désormais plus leur vie sous les pieds des habitants de la région. Ces nouveautés, qui ont pour but d’augmenter la part des déchets recyclés, seront suivies d’un accompagnement accru des agents, pour renseigner au mieux les résidents.
S'ancrer dans le territoire
Dans la première zone du centre, de couleur bleue, deux petits garages dénotent à côté des nombreux conteners : c’est ici que se trouve “la zone de réemploi”. Sorte de bric-à-brac rempli d’objets du quotidien, cette zone récupère les objets en bon état. Il seront ensuite envoyés à “la recyclerie” qui ouvrira en mai prochain pour donner une seconde vie à ces vélos, meubles ou textiles, et les revendre. Cette initiative, similaire à ce que peuvent proposer certaines associations plaît aux résidents à en croire le conseiller : “On est surpris. Malgré Emmaüs, on est victimes de notre succès, il y a un stock énorme d’avance.”
La fermeture de treize complexes pour en ouvrir simplement cinq pourrait, malgré des capacités d’accueil désormais bien supérieures, soulever quelques questions. Bien que cette première ouverture ne génère jusqu’à présent pas de bouchons, la question de la répartition géographique reste en suspens. Patrick Bouffet l’assure il y aura « un centre de valorisation dans un rayon de 10 kilomètres et à moins de 10 minutes de chaque habitation », le but étant d’inciter chaque habitant à se déplacer dans son centre, plutôt que d’avoir recours à des dépôts sauvages. Cette initiative n’est pas unique à La Rochelle mais « dans une agglomération de cette taille, c’est d’avenir ». Rester ainsi à proximité des habitants de la région permettra dans le futur de stimuler l’économie circulaire.
Clément Beneteau.
Zoom: Le zéro déchet
Le zéro déchet est un mode de vie qui, comme son nom l’indique, tend vers une production de déchets nulle. Adopté par des centaines de milliers de personnes à travers le monde, les communes ou encore l’Union européenne tendent aussi vers ce modèle qui semble être irréprochable d’un point de vue écologique. Selon l’agence de la transition écologique ADEME, en 2017, la production de déchets en France représentait 326 millions de tonnes, dont 224 millions de tonnes pour le secteur de la construction, 70 millions de tonnes pour les activités économiques (y compris les collectivités) en dehors de la construction, 32 millions de tonnes pour les ménages. Si 66% de ces déchets étaient recyclés et 6% valorisés énergétiquement, 28% restaient éliminés.
Pour essayer de réduire la production mondiale de déchets, la France, l’Union européenne ou encore un grand nombre de sociétés tentent de se prêter au jeu du zéro déchet, avec la mise en place de lois anti-gaspillage, l’interdiction du plastique à usage unique en 2021, le développement des magasins en vrac… Le nombre d’initiatives ne manque pas pour éviter les déchets alimentaires ou plastiques.
Aujourd’hui, de plus en plus de produits trouvent leur version réutilisable, made in home, ou sont tout simplement remplaçables. C’est le cas des protections hygiéniques, des cotons démaquillants et même du papier toilette. Dites adieu à votre brosse à dents en plastique et bonjour à celle en bambou. Pour vos récipients, privilégiez le verre au plastique et n’hésitez pas à réutiliser de vieux tissus pour fabriquer vos propres éponges tawashi. Grâce à ce mode de vie, il serait alors possible de ne produire que le contenant d’un pot en verre de déchet par famille, tel que prétend le faire l’influenceuse zéro déchet américaine @Zérowastehome sur Instagram. Prêt à relever le défi ?
Laura Bouvier