Des rugbymen prévenus plutôt qu’à guérir
Posted On 4 novembre 2021
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“J’aurais pu passer pro mais je me suis fait les croisés.” Tous les jeunes footballeurs ont déjà entendu cette phrase. Pourtant, derrière cette phrase qui fait sourire sur le rectangle vert, se cache une réalité plus sombre. En effet, les blessures peuvent régulièrement fragiliser les sportifs. Certaines pouvant parfois engager leur pronostic vital. Enchaînement des matchs, excès d’engagement… Les causes sont multiples pour expliquer ces défaillances. Alors, quelles solutions pour les éviter ?
Le club agit à travers des initiatives proposées par la Fédération Française de Rugby (FFR). En effet, Martin Lebègue, vice-président du Lille Iris Rugby, était le référent du club pour le programme #Bienjoué l’an passé. Lancé en 2019 par la Fédé, il vise à apporter une approche médicale de l’analyse des blessures par le recensement de celles-ci. Il s’additionne à des entraînements qui pourraient prévenir les blessures. Des exercices complémentaires avec les étirements préconisés par Léa Stouls, l’ostéopathe du club. Le projet est encore dans sa phase de test. Pas un problème pour le coordinateur du programme : « Si on peut participer à ce type d’études afin de faire du rugby un sport de plus en plus sûr, ça peut être bien. » En plus de #BienJoué, la FFR impose des règles… Parfois restrictives ou difficiles à mettre en place. Selon Christophe Landry, l’entraîneur des moins de 16 ans, les sanctions sont « bien méritées » contre les plaquages dangereux. Alors, la Fédé cherche des solutions pour ne plus voir des actions dangereuses à l’instar du plaquage de Courtney Lawes sur Jules Plisson, lors d’un Angleterre/France.
Les règles évoluent alors régulièrement. La FFR a décidé d’interdire les plaquages au-dessus du nombril au niveau amateur. Une décision plutôt précipitée pour le jeune coach : « Il n’y a pas eu d’études réelles au préalable, déplore-t-il avant de poursuivre, il nous a fallu environ un an pour réussir à appliquer la règle correctement. » De même, des examens, comme une radio des cervicales, sont désormais requis pour jouer à un poste donné. Cette aseptisation du rugby peut avoir de quoi faire tiquer les puristes de ce sport de combat.
Pour autant, certaines mesures préventives semblent être des solutions nécessaires, et mieux, des solutions qui fonctionnent. C’est le cas du désormais célèbre protocole commotion. Selon World Rugby, il y a eu une baisse de 35% des commotions cérébrales entre la saison 2014/15 et la saison 2018/19 dans les 22 championnats professionnels de rugby.
Ce protocole s’applique après la suspicion d’une commotion cérébrale à la suite d’un choc violent sur le terrain. Il s’agit de potentielles lésions cérébrales après un choc qui aurait fait bouger le cerveau dans la boîte crânienne. Cela consiste à répondre à des questions simples. Stéphane Fortes, entraîneur des U18, citait une liste de cinq mots que le joueur devait pouvoir restituer dans l’ordre trente minutes après. Des mots simples, des mots qui résonnent comme Rugby ou Maillot.
Le club, qui possède une école de rugby, veut aussi apporter des idées à son échelle. La prévention et la rémission des blessures passent par Léa Stouls mais aussi par Étienne Delforge, le préparateur physique du club. Que ce soit par des mécanismes de prévention, de sanction, ou d’action immédiate, les solutions autour du ballon ovale peuvent servir d’exemple pour d’autres sports.
Ludovic Thorel
En quoi consiste le rôle de préparateur physique ?
Il est chargé de développer et d’optimiser les qualités physiques (force, vitesse, endurance) des sportifs. Il doit aussi mettre en place une démarche visant à prévenir et limiter le risque de blessures.
Que faites-vous concrètement pour limiter les blessures, et minimiser leur gravité des blessures ?
Il existe deux types de prévention des pathologies sportives. On évite que la blessure ne se produise ou qu’elle ne récidive. Concrètement, nous commençons par détecter les zones à risque de blessure via des tests. Par la suite nous mettons en place une démarche de remédiation personnalisée. Cette prévention des blessures passe aussi par une augmentation progressive de la charge de travail, la mise en place de temps de récupération, la pratique d’un échauffement de qualité et par la sensibilisation à une hygiène de vie correcte. Il faut responsabiliser les jeunes joueurs, les éduquer, notamment en leur expliquant l’intérêt des démarches que nous mettons en place. La compréhension des procédures et la prise de conscience de leur intérêt sont des éléments indispensables à développer chez le jeune afin qu’il ne les subisse pas, qu’il en soit acteur.
Comment réagir immédiatement à une blessure ?
Il est nécessaire de bien définir la nature de la blessure grâce à une discussion avec le joueur. Ensuite, nous établissons un diagnostic pour prendre une décision : une mise à l’arrêt ou alors le développement d’une démarche adaptée, dans les cas les moins graves. Si la blessure entraîne un arrêt de l’activité, nous travaillons avec le sportif pour limiter au maximum la diminution de ses capacités de performance et préparer correctement son retour sur le terrain, afin qu’il puisse pratiquer à nouveau à son niveau d’avant blessure.
Côme Porteu
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