Créer ou recréer une activité pérenne dans les villages français est aujourd’hui un enjeu de survie local face à la métropolisation de l’Hexagone. L’implantation d’un café ou d’un restaurant prouve que la perte de dynamisme n’est pas une fatalité pour les communes rurales.
Au cœur des Vosges, l’établissement « Chez les Fonfons » a redonné vie au village de Denipaire. L’arrivée du bistrot a relancé l’activité commerçante et sociale de cette commune de moins de 300 habitants, sans commerce depuis plusieurs années. La patronne, Adeline Fonderflick, explique ainsi qu’elle accueille des habitués, des « petits papys qui viennent boire un verre et lire le journal au bar au lieu de rester seuls chez eux ». Mais l’établissement est aussi un lieu de dépaysement pour les clients de passage. Un arrêt dans l’unique commerce de Denipaire qui permet de découvrir un bout de campagne que l’on pourrait aisément contourner par la voie-rapide. Par ailleurs, la restauratrice reste consciente de son intérêt à tenir un bar-restaurant dans une petite commune : « Dans un village, tout le monde se connaît, il y a beaucoup d’entraide. On essaye de travailler avec les artisans locaux, la viande vient par exemple de la ferme voisine, c’est recherché par les clients. »
Retrouver un lieu de services
De nombreux villages français ont été confrontés à la fermeture du dernier commerce implanté sur leur territoire. Presque synonyme de mort pour ces localités, le phénomène n’est pas irrémédiable, comme le prouve l’exemple
Un défi pour les communes
Attirer de nouveaux commerçants pour fonder un nouveau lieu de consommation au sein de son village n’est pourtant pas si simple. S’installer en milieu rural représente
toujours un frein pour les personnes porteuses d’un projet de bistrot ou de café. Alors, des initiatives existent pour aider les localités dans leur accueil de néo-commerçants sur leur territoire. C’est le cas du concept 1000 cafés initié en 2019 par le collectif SOS, quatre associations investies dans l’économie sociale et solidaire. Le projet vise les « élus qui souhaitent porter un projet d’ouverture de café multiservice dans leur commune », comme l’explique la page internet destinée aux villages candidats. Avec ce programme les cafés créés sont mis à l’abri des risques financiers que suppose la création de ces établissements. De nombreuses mesures, comme celle-là, contribuent à créer un climat idéal pour encourager la venue de ces nouveaux lieux de consommations (voir le zoom sur une autre initiative, le label Bistrot de Pays). Assurant la pérennité des établissements, ces actions font vivre les bistrots et, avec eux, les villages.
Arthur Louis
Les cafés, une histoire française...
Zoom...
« Bistrot de Pays », la solution au maintien du tissu économique et social… sous conditions.
Créé en 1993, le label « Bistrot de Pays » tend à soutenir les bistrots ruraux qui, bien souvent, restent les seuls endroits à assurer un service de proximité dans un village. Toutefois, diverses conditions sont requises pour obtenir le précieux sésame. L’établissement doit se situer dans un village de moins de 2000 habitants, être ouvert toute l’année, organiser au moins 3 fois par an des animations festives et culturelles, ou encore promouvoir les produits du terroir. Il doit également proposer, autant que possible, les services de base non-assurés dans le village tels que le dépôt de pain, la petite épicerie et les journaux. Il semblerait donc que c’est en devenant polyvalent que de simples bistrots de village attirent.
Dès lors, ces établissements permettent non seulement de créer des liens sociaux par la diversité des prestations qui s’y concentrent, mais aussi de renforcer l’attractivité du territoire. Une étude de 2019 réalisée par cette initiative témoigne d’ailleurs des avantages que « Bistrot de Pays » procure : plus de 3/4 des bistrots considèrent que le label est un levier pour leur fréquentation et pour leur notoriété, sans compter qu’ils constatent une diversification de leur clientèle. En attestent les chiffres qui démontrent que ces bistrots sont une source d’emploi stable en milieu rural, puisque 76% d’entre eux maintiennent leurs effectifs et 20% embauchent. En outre, leur chiffre d’affaires est même comparable à la moyenne nationale. Ce label se présente donc comme une aubaine, dans un contexte où se compte une perte annuelle de 1000 cafés-restaurants par an sur ces territoires.
Les bistrots, source de services variés...
Pourcentage des bistrots qui proposent…
Emma-Lou Eliot