Manque de temps et d’argent, les obstacles à une alimentation saine
Alors que les alternatives pour mieux gérer son alimentation se multiplient, un enjeu subsiste sur le contenu et la qualité de nos aliments. Les petites bourses sont ainsi tiraillées entre alimentation saine, santé financière et manque de temps. Entreprise lyonnaise, Potager City prend d’assaut les stations de métro avec ses paniers de fruits et légumes locaux à prix modulable.
Mieux manger est souvent dans la liste des résolutions de la nouvelle année. Pour accompagner au mieux les consommateurs.trices dans leur quête d’une assiette verte, Potager City est créé en 2007 dans les métropoles françaises, dont la capitale des Flandres.
Un poivron plus vert qu’ailleurs ?
Grâce à Damien et Yoann Alarçon, les deux frères créateurs de l’entreprise, les fruits et légumes s’invitent dans les assiettes citadines. Il vous suffit de vous rendre chez le pionnier de l’hypermarché ou dans la supérette 24/24 du coin pour trouver un poivron à croquer, alors pourquoi parler des fruits de cette entreprise familiale ? Les deux Lyonnais misent sur les bonnes saveurs corrélées aux bonnes valeurs comme l’atteste Alicia. Cliente depuis quelques mois, elle vient chercher tous les jeudis son panier dans le métro de Lille Flandres : “Il n’y a vraiment pas photo entre [les fruits et légumes] de potager city et ceux des grandes surfaces !“
Écolo mais pas trop ?
Bien que les deux frères ne soient plus à la tête de Potager City depuis quelque temps, l’initiative prend ses aises sur le marché avec pas moins de 12 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Rachetée par Carrefour en 2020, l’entreprise garde ses aspects green et écolo en étant pourtant aux mains d’une multinationale. Entre volonté de croissance de l’initiative familiale et greenwashing du pionnier de l’hypermarché : on peut vite s’y perdre devant une communication verte financée par le capitalisme.
Comment considérer qu’acheter ses fruits et légumes chez Potager City est une bonne nouvelle pour la planète alors que l’entreprise qui l’a dans les mains est adepte des emballages plastiques et autres techniques commerciales polluantes ?
Alerte ilévia : vente de fruits et légumes
Le métro lillois provoque des cauchemars chez bien des usagers : entre insalubrité, agressions, pannes en tous genres et heures de pointes insupportables, le trajet sur le réseau souterrain n’est pas le meilleur moment de la journée. Potager City s’invite au milieu de ce capharnaüm et propose de mêler l’utile au désagréable : récupérer vos produits frais entre deux correspondances. C’est ainsi que tous les jeudis entre 16h30 et 19h30, Louise, et Yoann viennent récupérer un assemblage de fruits et/ou légumes de saison.
A 31 ans, Louise enchaîne les CDD, un quotidien instable tant du point de vue organisationnel que financier : “Mon alimentation ce n’est pas clairement pas ma priorité donc ces paniers me permettent de bien manger sans que ce soit trop contraignant pour moi.“
Un budget (trop) conséquent
Alors que le prix des fruits et légumes a bondi de 9% en France entre 2019 & 2021 selon Familles Rurales, Potager City revendique 1 million de paniers distribués en 2021, pour un coût moyen de 17,90€. Alors qu’on connaît le prix du ticket de caisse d’un tel service, quel est le prix dans le quotidien des consommateurs.trices ?
Yoann, l’étudiant en médecine, compte les centimes : “L’achat d’un panier seul ça me revient à une dizaine d’euros, ça représente clairement la moitié de mon budget bouffe pour une semaine mais ça me tient à cœur.“
L’initiative lyonnaise est louable mais le prix de ce genre de produits ne permet pas pour autant d’en faire profiter tout le monde. L’encadrement des prix des fruits e légumes permettrait-il d’améliorer l’alimentation des Français.e.s et de lutter contre la malbouffe ? Entre produits sains et budget du mois, la balance est aussi difficile à vivre que lors de la pesée.
Le manque d’argent serait-il vraiment la seule raison qui altère la relation des Français.e.s avec les fruits et légumes ? Il ne suffit pas d’avoir l’argent pour s’en procurer mais aussi d’avoir le temps. Le temps de les commander, de les acheter, de les éplucher, de les préparer. Derrière la simplicité des repas préparés, le travail que nécessitent les fruits et légumes refroidit certain.e.s consommateur.trice.s à changer leurs habitudes.
Loïs Hamard
Potager City : l'allié de la vie étudiante ?
Par Clémentine Gaultier
Lorsque l’on est étudiant, on dit souvent que l’on n’a pas le temps. Pas le temps de faire la vaisselle, pas le temps de faire les courses et encore moins de cuisiner. Récupérer ses fruits et légumes dans l’endroit clé de toute vie citadine, c’est-à-dire dans le métro, serait-il une solution pour mieux s’alimenter ?
Zoom sur les aliments ultra-transformés ou la bête de noire de notre alimentation :
Une vie à 100 à l’heure rime souvent avec manque de temps pour cuisiner. Peu à peu, les produits frais ont déserté nos assiettes au profit d’aliments industriels. Nés dans les années 80, on retrouve ces produits ultra-transformés dans plus de 40 % des rayons de supermarchés.
Est caractérisé d’ultra-transformé un produit ayant subi bon nombre de modifications, le détournant grandement de son état brut. Leur principale caractéristique : une liste d’ingrédients à rallonge et peu compréhensible. Si vous avez déjà regardé la composition d’un paquet de chips, d’une boîte de céréales ou d’une crème dessert, l’appellation « E101 », « sirop de glucose » ou encore « amidon de maïs » doivent vous être familiers. Ce sont les principaux ingrédients présents dans les aliments ultra-transformés, plus connus sous le nom d’additifs, d’arômes artificiels, de sel, de sucre caché ou d’acides gras saturés. Leur but, redonner du goût aux produits qui ont perdu de leur saveur lors du processus de transformation, modifier l’apparence, la couleur ou la texture, ou encore allonger la durée de conservation des aliments.
Les produits ultra-transformés sont peu chers à produire, peu chers à la vente, faciles à préparer et se concilient bien à la fast-life du XXIe siècle, mais à quel prix ? En effet, les aliments ultra-transformés et ultra-éloignés de leur état initial ont perdu quasiment toutes leurs qualités nutritionnelles. Ils ne devraient pas dépasser plus de 15 % de notre alimentation. Pourtant dans les pays occidentaux, ils se sont imposés dans nos régimes alimentaires. Ce n’est pas sans conséquences, les aliments ultra-transformés peuvent causer de nombreuses maladies comme l’obésité, le diabète, de l’hypertension, des cancers, ou encore des accidents cardio-vasculaires.
Zoé Dejaegere