Conçu par des jeunes Lillois en 2013 puis diffusé grâce au réseau Erasmus Student Network France, le “Buddy system” permet à des étudiants locaux et internationaux de se rencontrer, d’échanger. Avant tout, cette initiative vise à intégrer plus efficacement les étudiants internationaux dans leur pays d’accueil, d’autant plus capital avec la crise sanitaire. Depuis sa création, plus de 65 000 personnes se sont inscrites sur la plateforme de parrainage.
Émilien a 19 ans. Il a décidé de participer à cette initiative dès son entrée à l’université en 2019. Pour lui, le Buddy system est « l’opportunité de rencontrer un étudiant étranger pour découvrir sa culture, partager la mienne, comparer nos modes de vie, les fonctionnements universitaires etc. », mais aussi de pratiquer l’anglais à l’extérieur des enseignements universitaires. S’il n’a pas tout de suite reçu de réponse à cause de la crise sanitaire, il est finalement devenu le Buddy (« pote » en anglais, celui qui accueille l’élève international) de Grigoris, un étudiant grec de 20 ans, qui a décidé de faire un semestre à Lille en Informatique.
Rassembler des étudiants qui se ressemblent
La plateforme joue un rôle décisif dans le choix du parrainage. Avec les informations que les étudiants indiquent sur leur profil, ESN France s’occupe de mettre en relation deux jeunes, un local et un international, qui se ressemblent, que ce soit au niveau de leurs études, centres d’intérêts ou encore des langues qu’ils parlent. parrainage. Un avantage selon Emilien : « Avec Grigoris, on avait en commun la passion du sport, et celle d’apprendre de nouvelles langues, et la volonté tous les deux de vivre un échange interculturel », a-t-il expliqué, satisfait de ce parrainage.
Les étudiants doivent également expliquer la raison pour laquelle ils veulent participer à cette initiative : apprendre une nouvelle langue, échanger interculturellement, rencontrer de nouvelles personnes, partager des événements. Tout ceci permet de trouver le meilleur parrainage afin de remplir les attentes des deux étudiants. La plupart du temps, ces jeunes cherchent à se rapprocher culturellement.
Favoriser les échanges interculturels
L’un des piliers majeurs de ce projet est de permettre aux étudiants de parler de leurs cultures, de l’histoire de leur pays respectif, de relater des expériences vécues, de découvrir les coutumes de l’autre. Ceci permet à des cultures différentes de se rencontrer et de cohabiter, d’autant plus dans une société de plus en plus individualiste. Le vivre-ensemble paraît primordial pour le bon fonctionnement du collectif.
Afin de rendre riche cet échange, le buddy (étudiant local) fait, par exemple, souvent visiter la ville d’accueil, ses lieux incontournables, permettant ainsi à l’étudiant international de découvrir la culture du pays. Grigoris et Emilien, qui ont tous deux décidé de faire confiance à cette initiative pour vivre une expérience interculturelle, ont partagé des moments ensemble, en allant par exemple « voir deux matchs de foot à Lille, manger au restaurant, aller au cinéma. »
Et même s’il est plus facile pour l’élève en mobilité d’apprendre la culture du pays puisqu’il est au cœur de celle-ci, ce projet est également mis en place pour permettre à l’élève local d’en apprendre plus sur la culture de son filleul. Ce partage passe beaucoup par des témoignages, mais aussi, au quotidien, par les actions de l’étudiant international. Emilien a notamment été marqué par une des visites culturelles avec Grigoris qui lui a permis d’en apprendre davantage sur la culture grecque.
« Ses parents (à Grigoris) sont venus un week-end à Lille et m’ont proposé de les accompagner pour visiter un musée à Dunkerque et à Ypres. C’était formidable parce que j’ai pu échanger avec [eux] sur nos différentes cultures. J’ai appris beaucoup de choses sur la Grèce, sans y mettre les pieds !”
Cette initiative n’a pas seulement lieu en France et existe dans d’autres pays européens tels que l’Italie ou encore la Roumanie. Et après l’avoir expérimentée, il est difficile d’arrêter pour les étudiants. C’est notamment le cas d’Emilien qui pense d’y participer à nouveau s’il « a la chance de pouvoir partir étudier en Erasmus l’année prochaine pour s’immerger dans la culture locale. Cela me permettrait aussi de m’adapter au pays, de connaître les bons plans, et de me faire des amis ! »
Amandine Berraz
Petite chronique d’une mobilité d’un an à l’étranger
J’ai vécu un séjour au Japon durant ma Seconde. C’est une expérience qui apporte beaucoup. On en ressort grandi, nouveau, après un court mais très long détour dans un pays totalement autre, qu’on pensait connaître, mais en fait pas du tout. Cette mobilité ne se fait pas sans encombre. Le plus dur c’est surtout quand on y est, quand on se jette enfin dans le bain.
Alors la langue peut nous paraître totalement étrangère, même si on a pu la travailler jusqu’à la maîtriser. Les cours constitués de programmes tout à fait différents de ce dont on a l’habitude peuvent nous démotiver. Être invisible aux yeux de ses camarades, de ses professeurs, qui ne sont que très rarement présents pour nous accompagner, laisse présager un séjour semé d’embûches. Il faut sans doute avoir les épaules larges au départ, il ne faut pas craquer, il faut savoir prendre sur soi afin de faire changer sa situation. Entrer dans des clubs associatifs, qu’ils soient culturels ou sportifs semble une bonne initiative, cela permet de rencontrer de nouvelles personnes.
Malgré tout, il arrive qu’avec cette barrière de la langue, de la culture, on se sente perdu et débordé, alors un peu d’aide extérieure ne serait assurément pas de refus.
A l’université où le brassage des étudiants est la norme, il est primordial, pour le bien-être d’étudiants tout juste arrivés dans un pays dans lequel ils n’ont aucun repère, de leur tendre la main et de les aider à subvenir à leurs besoins. Ils sont confrontés à divers problèmes qu’eux seuls ne peuvent pas toujours résoudre. Aujourd’hui, leur intégration représente un enjeu majeur avec les innombrables programmes d’échange proposés dans le supérieur où de plus en plus d’étudiants attendent des solutions.
Emile Berlinguez