Guérir toutes sortes de maux grâce à l’accompagnement d’un cheval, c’est ce qu’on appelle l’équithérapie. Une méthode que l’on a pu tester et comprendre au domaine équestre de la Haute-Maison (Seine-et-Marne).
Aller voir le cheval, créer un lien avec lui et lui demander avec confiance de nous suivre, c’est le premier exercice que nous ont proposé six étudiantes formées à l’équithérapie au domaine équestre de la Haute-Maison (Seine-et-Marne, à 50 minutes de Paris). Un exercice plus difficile qu’on pourrait le croire, car il nécessite une parfaite confiance en soi pour que Richelieu nous suive. Un regard, un doute et le cheval s’arrête net. Cela prouve en partie que ces méthodes de soin peuvent apporter une aide à des personnes ressentant un mal-être physique, mais aussi psychologique ou émotionnel. “On a tous à un moment de nos vies une situation qui peut avoir bénéfice à travailler avec les chevaux”, affirme Sandra Lecomte, formatrice en équithérapie.
Le cheval, miroir des émotions et des comportements
L’équithérapie peut en effet aider en tout point grâce à une relation d’aide menée par le cheval et interprétée par le médiateur. D’un handicap moteur à l’envie de dépasser un deuil ou d’améliorer sa confiance en soi, le cheval est en effet capable d’apporter une aide. Il a dans son nez un capteur d’hormones lui permettant de détecter l’émotion dans laquelle se situe la personne à l’instant présent. Il va donc réagir en fonction et transmettre une information à l’intervenant qui, lui-même, l’interprètera pour travailler dessus. La personne cherchant de l’aide peut donc être complètement elle-même, le cheval captant de toute manière ses émotions. “Le cheval ne voit pas le personnage qui est devant, il voit l’être réel qui est derrière. C’est donc un espace de sécurité où la personne va pouvoir être elle-même, sans jugement de la part du cheval. C’est un espace qui est un cadeau,” confie-t-elle.
Le cheval est donc un miroir de nos émotions, mais aussi un miroir de nos comportements. En effet, même triste, si vous arrivez vers le cheval en faisant de grands gestes avec une cravache, il partira car ce comportement ne lui convient pas. Il le montre alors en s’en allant, et cela peut aspirer à une véritable prise de conscience, nécessaire pour beaucoup de personnes. “On travaille par exemple avec des enfants autistes qui n’ont pas toujours conscience de ce que leur comportement peut générer chez l’autre. Quand c’est le cheval qui lui fait comprendre, il le voit puissance dix et il se rend compte qu’il pourrait gérer les choses autrement”, explique Sandra.
Ainsi, le cheval a de véritables effets thérapeutiques sur des mal-êtres physiques, mais aussi psychologiques ou en termes de développement personnel. Pour une personne qui aurait du mal à s’affirmer ou à dire non par exemple, ces six étudiantes proposent un exercice où la personne devrait aller dans le pré des chevaux avec un seau de granulés qu’ils adorent, et les empêcher d’en manger. Un exercice qui semble assez difficile mais pas d’inquiétude, si elle n’y arrive pas, le débriefing permet de réfléchir avec la personne et d’y travailler afin qu’elle réussisse la prochaine fois.
Un besoin de reconnexion à la nature
L’équithérapie peut également s’avérer un moyen de reconnexion à la nature et au vivant pour des personnes qui s’en éloignent. Une reconnexion qui est nécessaire pour tous ceux qui sont déconnectés du monde extérieur en se renfermant complètement sur eux-mêmes.
Pour certains, c’est aussi simplement une manière de vivre une connexion qu’ils savent vivre mais qu’ils n’ont pas l’occasion de mettre en œuvre dans leur mode de vie, parce qu’ils jouent beaucoup aux jeux vidéos par exemple. Déconnexion des écrans mais reconnexion à la nature, c’est donc aussi ce que permet l’équithérapie.
Marine Pattyn
Soigner par les animaux : miracle ou mirage ?
On parle beaucoup aujourd’hui de médiation animale et les pratiques qui s’en réclament ne cessent de se développer depuis les années 1970. Pourtant, que sait-on de son efficacité ? Un grand nombre d’études ont tenté de la démontrer sans grand succès…
Un obstacle méthodologique
Quand on a tenté d’évaluer scientifiquement ces pratiques, une contrainte est apparue : il est difficile d’isoler les résultats de la zoothérapie sur la pathologie. Même si on s’aperçoit de résultats encourageants chez les patients pratiquant la médiation animale, ils sont accompagnés par d’autres professionnels utilisant des méthodes plus conventionnelles. Alors, comment séparer les bienfaits d’une séance d’équithérapie à ceux d’une séance chez le psychologue, si le patient suit ces deux procédés en parallèle ?
Un besoin de reconnexion avec la nature
Malgré cet obstacle pour évaluer son efficacité, la zoothérapie est de plus en plus reconnue dans le milieu médical. Aujourd’hui, nombreux sont les psychologues ou les pédiatres qui reconnaissent ce procédé et qui prescrivent des séances. Si elles ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale (entre 50 et 60 euros la séance), certains organismes et associations peuvent les financer. C’est le cas de la Maison départementale des personnes handicapées (MDHP) ou l’aide de l’Allocation d’éducation spéciale (AES) proposée par la CAF. Quoi qu’il en soit, ces pratiques, certes isolées et peu légitimes du point de vue médical, signalent peut-être le début d’une évolution au cours de laquelle les animaux aideront des êtres-humains en souffrance pour finalement recréer du lien avec leur environnement : la nature.
Manoa Debande
Zoothérapie : entretien avec une coordinatrice d'Agatéa
Vidéo de Félix Didier