Les étudiants relais santé ou le lien entre jeunes et pros
Depuis 2018, l’université de Lille recrute des Étudiants relais santé (ERS) pour promouvoir les aides proposées par le Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS) auprès de leurs pairs : santé, orientation, vie sexuelle et affective… Tout y passe ! Mais, problème : peu d’étudiants consultent le centre de santé. Comment les ERS peuvent-ils aider à y remédier ?
ERS et professionnels de santé, s’accordent pour dire qu’il faut agir. Beaucoup d’étudiants oublient qu’ils ne sont pas seuls et que les universités veulent les aider. Selon une étude de l’Association des directeurs des services de santé universitaire, seuls 27% des étudiants auront fréquenté au moins une fois un centre de santé dans leur cursus universitaire. C’est pour remédier à cela que les ERS existent. “Ils viennent aider les étudiants à faire un premier pas vers les aides universitaires”, explique Lucie Berthelet, infirmière au SUMPPS.
“Un professionnel de la santé, ça fait peur”, voilà ce qu’énonce Léo Rigolle, ERS depuis trois ans. Beaucoup d’étudiants ne consultent pas les aides professionnels concernant leur santé. Lucie, appelle ce phénomène “l’effet blouse blanche”. Elle précise que les praticiens souffrent “d’une image qui les déshumanise”, ce qui peut repousser les jeunes. De ce fait, ils n’osent pas faire appel à eux, par honte ou manque de moyens financiers.
Les ERS représentent alors un “énorme atout” comme l’explique l’infirmière. Étant eux-mêmes étudiants, le contact est facilité et plus humain. Les jeunes se sentent compris, ce qui permet de créer un premier lien avec les services de santé gratuits de l’université.
“Prévention de pair à pair”
Lucie Berthelet qualifie le groupe des 25 jeunes ERS comme une “prévention de pair à pair”. Selon leur coordinatrice, Eloisa Alkmin, il est possible de retrouver ces derniers lors d’événements universitaires, environ quatre fois par mois. Les interventions des ERS portent sur des thématiques diverses : le mois de novembre sera par exemple consacré au “Mois sans tabac”. Les ERS se montreront disponibles également pendant les pauses méridiennes sur les différents campus de l’université.
“On n’est pas des professionnels”
Léo Rigolle, ERS
Léo précise bien que ce ne sont “pas des professionnels” malgré leur formation. C’est pourquoi ils travaillent en collaboration avec des professionnels. Ces derniers permettent aux jeunes de mettre en place des projets comme des distributions de serviettes hygiéniques ou encore le ch’ti panier. Les ERS, de leur côté, leur remontent les problèmes des étudiants.
Le travail des ERS prend de l’ampleur. A tel point qu’un de leur projet consisterait à permettre aux étudiants de prendre rendez-vous avec eux s’ils souhaitent se confier à quelqu’un de leur âge. Surtout quelqu’un avec qui ils seraient plus à l’aise. Ainsi, ils pourraient discuter à tout moment dans un cadre plus calme que les événements.
Un succès ?
Pour Lucie, infirmière et par conséquent première spectatrice, “la parole semble se libérer”. De plus en plus d’étudiants font appel aux services du SUMPPS de Lille. Bien que les ERS ne soient pas les seuls à se battre pour cela, leur impact n’est pas négligeable : à la suite de chaque événements, “une vague de prises de rendez-vous semble envahir le centre de santé”, affirme-t-elle. Un gain d’intérêt qui n’est pas anodin, car il confirme la demande importante de la part des étudiants. En effet, une étude menée à Rennes par l’école des Hautes études en santé publique démontre que le taux de détresse étudiante se lève à 60%.
Léo, présent quant à lui sur le terrain, admet qu’il demeure un manque de communication avec les services universitaires, ce qui les empêche d’avoir une portée maximale. La route reste donc encore longue.
Justine LE GAL
Zoom sur...
Le recrutement des étudiants relais santé (ERS)
Les étudiants relais santé disposent d’un contrat de travail de dix à vingt heures mensuelles. Ce job étudiant est financé par la région Hauts-de-France. Mais c’est à l’université de Lille que revient la tâche de recruter les ERS à partir de la deuxième année de Licence.
L’administration universitaire a ainsi décidé d’ouvrir le recrutement à tous les étudiants, sans distinction de filière et en ne requérant aucune connaissance de base obligatoire. La capacité d’adaptation, le sens de l’organisation ou encore l’intérêt pour la prévention et la promotion de la santé sont donc des critères essentiels dans la sélection des 25 ERS que compte l’université.
Leur formation
Les ERS sont formés tout au long de l’année sur différents thèmes comme l’addictologie, le dépistage, les risques festifs ou la vaccination par des professionnels des centres de santé des étudiants. Des organismes extérieurs à l’université de Lille peuvent également intervenir auprès des ERS tels que l’Assurance Maladie, la Complémentaire santé solidaire ou le collectif #NousToutes.
Ces formations, d’une durée moyenne de quatre heures, sont essentiellement théoriques mais permettent également aux ERS d’échanger avec les formateurs. Par la suite, ces étudiants pourront réutiliser les connaissances de culture générale, acquises lors des formations, en tant qu’ERS mais également dans leur vie personnelle et future vie professionnelle.
Hugo SCALABRE
Vidéo : Valentin VALETTE / Photo : Pierre LUCOTTE