Réhabilitation et associations : l’antidote du mal-logement étudiant à Lille
Entre réhabilitation et associations, des initiatives émergent face à la précarité des logements étudiants à Lille. Consciente du problème, la Métropole européenne de Lille promet la création de 60 000 logements, une réponse jugée “insuffisante” par l’opposition.
Trouver des logements étudiants à Lille, ce n’est plus aussi simple. Et de plus en plus cher. Clément Barbier, maître de conférences en science politique et chercheur en urbanisme à l’Université de Lille dresse un constat assez alarmant sur la situation immobilière dans la métropole. Trop de logements vacants, des prix qui s’emballent au m2, une insalubrité qui frappe les résidences : la mairie a pris du retard depuis des décennies. Le chercheur appuie sur un autre point fondamental : les logements sociaux. Ceux-ci ne sont plus réservés aux plus précaires : « La marchandisation du logement, c’est une machine à produire des inégalités, qui exclut une grande partie des gens d’un logement décent et les obligent à prendre ce qu’il y a », explique-t-il. Un avis que partage l’opposition écologiste.
L’opposition écologiste vent debout contre la Mairie
“Le problème des logements à Lille est un choix politique de Martine Aubry”, dénonce Jérémie Crepel, élu écologiste à la *Mairie. Il va même plus loin, en accusant “la majorité aubryste” de ne pas considérer les étudiants comme une richesse, mais davantage “comme une charge”.
Pour Jérémie Crepel, la solution est la transformation d’immeubles de bureaux en ville pour en faire des logements étudiants. Il prend l’exemple de la cité administrative à Porte des Postes pour créer des centaines d’appartements, mais les écologistes se heurtent au refus de la Mairie. Malgré ces tensions, des organismes indépendants, comme Partenord, réhabilitent des logements entiers.
La réhabilitation, la solution miracle ?
À la Porte de Valenciennes, au sud-est de Lille, de nombreux bâtiments sont en travaux. Pourquoi ? La réhabilitation. C’est le cas notamment de l’immeuble Partenord situé rue Denis Cordonnier. Tatsianna Obled est étudiante en master, arrivée depuis 2019 dans ce logement. Après l’avoir découvert sur Leboncoin, elle n’a pas hésité à sauter sur l’occasion avec des prix très attractifs. “Dans mon 22 m2, avec toutes les charges comprises, dont le Wi-Fi, je paye 330 euros”, explique-t-elle.
En 2020, Partenord a décidé de réhabiliter l’ensemble de ce parc immobilier, avec à la clé un parking, un espace de plein-air et 59 logements supplémentaires, en plus des 129 déjà réhabilités. Pour Guillaume Christiaens, architecte à la tête du projet, “l’objectif était de rénover thermiquement ces logements pour éviter les déperditions d’énergie”. Il y a quelques semaines, cet architecte vient de réhabiliter 470 logements au Crous de Cité-Scientifique, à Villeneuve d’Ascq.
Campus Vert : la ruralité au service du logement
Les projets de réhabilitations demeurent malheureusement insuffisants. En revanche, d’autres initiatives émergent, comme “Campus Vert”.
Dans une ville de plus en plus bétonnée, cette association permet aux étudiants de vivre dans des anciens corps de fermes réhabilités. Situé à vingt minutes du lieu d’étude, “Campus vert” offre une alternative tangible pour des profils plus ruraux. Cette initiative séduit : en dix ans le nombre de logements est passé de 50 à 130 dans la MEL. Selon Odile Colin, directrice de l’association, l’objectif est “d’offrir aux étudiants des logements à loyer modéré et avec des conditions agréables et propices”, malgré une demande toujours plus intense avec près de “dix demandes par jour”.
Ces initiatives demeurent toutefois limitées, en ne résolvant que partiellement la priorité initiale : loger les plus de 100000 étudiants chaque année.
*(Toutes nos demandes d’interview ont été refusées par la Mairie)
Paul Telion
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L'encadrement des loyers au cœur de la MEL
Près de quatre ans en arrière, le gouvernement promulgue une loi permettant l’encadrement des loyers. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cette loi vise l’Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique. Appelée donc loi ÉLAN, elle doit élargir l’offre de construction de logements, simplifier les normes, protéger les plus fragiles et rendre les transitions énergétique et numérique accessibles aux habitants.
A notre échelle, la métropole de Lille connaît depuis de nombreuses années des frictions au sein même du domaine privé des locations. C’est pourquoi, la ville désire mettre en œuvre le projet ELAN au cœur de son territoire.
Comment ça marche ? Pour être clair, il faut distinguer les acteurs. Ils sont principalement trois : le préfet, l’observatoire local des loyers et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le préfet fixe un loyer de référence chaque année en fondant ses décisions sur les loyers précédents étudiés et constatés par l’observatoire local des loyers. Le ministère se doit d’accepter les chiffres donnés avant que toute référence soit officielle. Cette dernière dépend de plusieurs facteurs : adresse postale, date de construction, nombre de pièces et du caractère meublé ou non de l’habitat.
Faites attention cependant car le dispositif d’encadrement des loyers ne concerne que les loyers de base. C’est-à-dire qu’il ne prend pas en compte les charges et les compléments de loyer pour les baux signés depuis le 1er mars 2020.
A noter : depuis le 1er mars 2020, les loyers sont de nouveau encadrés à Lille, Hellemmes et Lomme.