À Santes, Chistophe Cousin a exposé l’Octobre rose
Christophe Cousin, ancien agent de sécurité et fraîchement reconverti dans la photographie professionnelle, a dédié sa première exposition à la thématique du cancer du sein durant tout le mois d’octobre. Le but est de montrer que l’Octobre rose c’est la prévention mais pourquoi pas aussi des initiatives de soutien aux femmes atteintes de cette maladie.
Une femme touchée par un cancer du sein voit son corps transformé. Se faire photographier, pour elle, signifie bien plus que pour n’importe qui d’autre. Christophe Cousin l’a vu, il l’a lu sur le visage de nombre de ses modèles. Le photographe, d’abord amateur pendant des années, décide de quitter son emploi d’origine et se lance en février 2022 en tant que professionnel. En amateur déjà, il s’est toujours spécialisé dans la photographie du handicap auquel il est sensible dû à sa propre expérience. L’idée d’un projet autour du cancer du sein lui est venue d’une amie elle-même devenue l’un de ses modèles.
La photographie comme thérapie...
Si le mois d’octobre est criblé par les initiatives de prévention du cancer du sein, c’est aussi l’occasion de parler de ce qui est fait pour ces femmes qui ont vu leur corps abîmé par les traitements. Les personnes qui subissent ces effets indésirables développent souvent une faible estime d’elles-mêmes, leurs relations intimes et sociales se voient bouleversées, car le changement du corps est reçu inégalement par la famille ou par les gens, il arrive que cela gêne. L’ablation ou la réduction de leur(s) sein(s), l’alopécie, la perte ou la prise de poids peuvent avoir pour effet une remise en question de la féminité. Comme l’ont déjà montré des études, les femmes en question se sentent dans l’ensemble moins femmes, moins mères et
moins conjointes parce que moins désirables.
Les modèles exposées n’ont pour la plupart jamais eu d’expérience en photo, c’est souvent par le bouche à oreille qu’elles ont eu vent du travail de Monsieur Cousin et ont décidé de le contacter. Exposer son corps sans armure au regard des autres, c’est un pas vers l’assomption, c’est continuer de l’aimer malgré tout. Accepter l’objectif sur soi c’est revendiquer que l’on mérite aussi la contemplation peu importe ce par quoi l’on est passé. Le photographe a confié toute l’émotion que cela suscitait à chaque fois chez ses modèles.
« Tout le monde peut être pris en photo »
Christophe Cousin a expliqué vouloir représenter un maximum la diversité, sortir du cadre : « On peut faire Octobre rose sans forcément partir dans des clichés avec les deux mains sur la poitrine comme sur les publicités, ici ce sont des tableaux, des créations », affirme le photographe. Des femmes de tout âge sont exposées à Santes, leurs situations aussi sont toutes bien différentes, là où elles en sont dans leur vie : « On a même une femme enceinte exposée ici. » L’artiste souhaite représenter tout le monde, c’est comme une devise. Et il s’efforce de mettre en valeur les spécificités de chaque personne qu’il photographie, elles ont toutes une esthétique, une allure, une poésie, une force. Et c’est cette mise en perspective qui aide les femmes à renouer avec leur physique.
Ce sont des projets comme celui-ci qui, durant le mois d’Octobre rose, participent à améliorer la qualité de vie de ces femmes car nous savons que l’image de soi est un facteur de bien-être peut-être trop souvent négligé.
Anna Damay
Octobre Rose, qu'est ce que c'est ? ZOOM
Née au début des années 1990 aux États-Unis, le Breast Cancer Awareness month ou Octobre Rose est une campagne de sensibilisation à portée mondiale au cancer du sein. Ce dernier touche en moyenne 55 000 français.e.s chaque année, et cause la mort de 12 000 personnes sur le territoire. Il représente par ailleurs un cancer sur trois chez les femmes. Le mouvement arrive en France en 1994, lorsque la marque de cosmétique Estée Lauder et le journal Marie Claire décident de fonder l’association “Le cancer du sein, parlons-en” dont le but est d’informer, sensibiliser et mobiliser les femmes autour du dépistage. De nombreux évènements sportifs et culturels, campagnes de dépistage gratuites et même ventes aux enchères sont organisés afin de récolter des fonds pour la recherche et faire de la prévention auprès du grand public. Le célèbre symbole d’Octobre Rose est le ruban de la couleur éponyme, inspiré de celui du sida (ruban rouge). Un Prix Ruban Rose a également vu le jour en 2003 pour encourager et financer la lutte et la recherche contre le cancer du sein.
Problématiques d’Octobre Rose
La campagne d’Octobre Rose, qui se déroule entre le 1er et 31 octobre est cependant victime de critiques. En effet, certains trouvent que le message divulgué est peu nuancé et même culpabilisant. Un groupe de médecins s’est d’ailleurs formé en 2015 pour critiquer cette campagne qu’ils pensent fondée sur des injonctions trop culpabilisantes à défaut d’une réelle information objective.
D’autres utilisent le mois à des fins commerciales en l’utilisant comme dérive marketing. On parle d’ailleurs de pinkwashing. Un autre problème de cette campagne est qu’elle est perçue par certains comme sexiste. Les hommes, qui représentent 1 % des cancers du sein chaque année semblent être mis à l’écart des initiatives. De plus, le choix de la couleur à connotation trop féminine et pas neutre est critiqué.
Octobre Rose est tout de même l’occasion de nombreux dépistages précoces, et permet ainsi de sauver plusieurs milliers de patient.e.s chaque année.