Les associations de jeunesses redonnent vie aux villages
Posted On 28 novembre 2022
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« La jeunesse c’est une association très importante », s’exclame Benoît Willemet, maire de Sorbon, lorsque le sujet commence à être abordé. Cette association loi 1901, composée de jeunes âgés de 15 à 25 ans, occupe une place majeure. L’intérêt c’est de faire se rencontrer des jeunes qui, tous ensemble, vont se souder et s’organiser pour mettre en place différentes actions et réunions. Tout se joue à échelle locale et apporte un dynamisme pour éviter d’en faire un village dortoir, dans lequel les habitants vivent pour se rapprocher de la ville de leur travail, sans s’investir dans la vie communale.
Chaque année et depuis plus de 40 ans, la fête patronale est attendue avec impatience par tous les villageois. C’est un des moments les plus importants pour la jeunesse qui prend en charge toute l’organisation, de la gestion des locaux, à la sécurité en passant par le budget. La fête patronale est une des traditions que la jeunesse se plaît à perpétuer mais elle n’est pas la seule. C’est aussi l’association qui s’occupe de la fête des voisins ou encore de l’organisation du Téléthon.
Bérénice Ciret, présidente de la jeunesse de Sorbon depuis bientôt un an, revendique la coopération et la fraternité qui se noue au sein de la jeunesse. La multiplicité des profils est un atout pour l’organisation des événements. Pour Bérénice « on oublie nos différences pour se soutenir, faire les choses main dans la main », mais c’est aussi utile pour les relations internes au village qui sont souvent compliquées dans des zones rurales particulièrement isolées. La présidente indique que « la jeunesse permet une sociabilité unique en son genre qui se fait rare ». D’autant plus que dans les Ardennes, de moins en moins de villages ont un groupe de jeunesse, ce qui pousse certains jeunes à s’investir auprès de celle de Sorbon alors même qu’ils ne font pas parti de la commune.
Deux conseillers municipaux ont le rôle d’assurer les liens avec La Jeunesse et de veiller sur son bon déroulement. Côté budget, la mairie donne 1 500 euros par an aux associations composant le village, Sorbon en compte quatre mais seulement deux en bénéficient. Un financement en plus, de 500 euros est donné spécialement à La Jeunesse afin qu’ils aient les moyens d’employer des agents de sécurité lors des événements.
Le maire de Sorbon, Benoît Willemet, ancien président de la jeunesse, tient à cette organisation, en reconnaît l’intérêt et explique que « la richesse d’une commune ce sont ses associations, le tout ça n’est pas d’avoir une jolie église » et ajoute même que « les associations sont plus utiles à la vie de la commune que le conseil municipal lui-même ». Benoît Willemet a vu l’évolution de la jeunesse à travers les années et se réjouit de l’augmentation du nombre d’événements et de l’implication des jeunes de Sorbon. Même s’il est de plus en plus fréquent qu’ils partent faire leurs études en ville, l’attachement aux traditions de l’association et à leurs liens tissés fait revenir les étudiants pour la jeunesse. En d’autres termes, la jeunesse représente un esprit d’union et de dynamisme des villages.
Candice Percheron
Le territoire français est composé d’espaces urbains et ruraux plus ou moins dynamiques. La diagonale du vide, zone géographique qui s’étend de la Meuse aux Landes, en est la preuve avec l’augmentation de son nombre de “villages-dortoirs”.
Un “village-dortoir” est un village avec un marché du travail réduit, très peu voire aucun commerce, ainsi qu’un dynamisme d’activités citoyennes très limité. La particularité de ces villages est qu’ils regroupent un grand nombre de logements. Au lieu d’aller habiter dans les centres des villes voisines importantes, les individus préfèrent habiter en périphérie pour payer leur loyer moins cher et avoir un mode de vie plus “sain”. Par plus sain on entend loin de la pollution, avec plus d’intimité et de ce fait moins stressant.
Une telle situation entraîne généralement des migrations pendulaires. Les migrations pendulaires sont les déplacements quotidiens qui se font entre le domicile et le lieu de travail. Ils sont symptomatiques de ces “villages-dortoirs” et accentuent leurs traits ségrégatifs vis-à-vis des grandes villes. Par exemple, Thionville en Moselle est la plus grande “ville-dortoir” de France. Elle fait partie de l’aire d’attraction de Metz et du Luxembourg. Ses habitants font donc des aller-retours entre ces deux aires attractives et leur domicile pour travailler, et par la même occasion faire leur courses, sortir, aller au cinéma… Tout cela a mené à la disparition d’une partie des commerces de la ville, à la détérioration du lien social entre ses habitants et à une diminution des activités culturelles proposées.
Les villages, censés être des zones créatrices de liens sociaux, de partage et de dynamisme citoyen, se retrouvent en concurrence déloyale avec les grandes métropoles qui concentrent travail et services.
Clémence Nison
Nayra Palacios
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